L’indifférence au pays à deux vitesses

Stefan Grommen Stefan Grommen est rédacteur de Data News.

Faut-il encore s’étonner dans ce pays à deux vitesses que le licenciement annoncé de 160 personnes chez Scientific Atlanta à Courtrai est à peine évoqué dans la Belgique francophone? Pourquoi devrait-il d’ailleurs l’être? Et pourtant!

Faut-il encore s’étonner dans ce pays à deux vitesses que le licenciement annoncé de 160 personnes chez Scientific Atlanta à Courtrai est à peine évoqué dans la Belgique francophone? Pourquoi devrait-il d’ailleurs l’être? Et pourtant!

C’est précisément Scientific Atlanta qui équipera en Wallonie l’ensemble du réseau du câblo-opérateur Tecteo avec des solutions bout à bout d’accès, de serveurs et d’équipement de commutation. Il s’agit d’un contrat de plusieurs millions EUR. Sous la marque VOO, l’offre triple play (haut débit, téléphonie et télévision numérique) tournera sur Scientific Atlanta. Ou plutôt sur Cisco car en novembre 2005, l’entreprise courtraisienne, l’ex-Barconet, a été engloutie avec beaucoup de tralala pour un montant de 5,4 milliards EUR (après conversion). Le fait que la moitié du personnel se retrouve à présent à la rue et que la production soit délocalisée dans des pays à bas salaires en Asie ou au Mexique ne fait froncer aucun sourcil chez les hommes politiques, qu’ils soient flamands ou wallons. L’emploi? N’est-ce donc plus un argument pour les grandes commandes publiques? Le patron de Tecteo, Stephane Moreau, par ailleurs bourgmestre socialiste de Ans, peut taper du poing sur la table, il y a 180 km d’autoroute entre Ans, près de Liège, et Courtrai. Un monde de différence, quoi. Alors, est-ce de sa part un show du style ‘que puis-je donc y faire’? C’est possible car selon certaines mauvaises langues, Moreau ne lit même pas ses courriels. Et dire que Cisco a précisément crû grâce à son équipement réseau pour internet et applications de données.

Qui plus est, Scientific Atlanta, dont le siège central européen se trouve à Courtrai, appartient au top 20 des principales entreprises ICT en Belgique. En 2007, elle a enregistré un chiffre d’affaires supérieur à 400 millions EUR et un bénéfice de plus de 60 millions EUR. Une entreprise saine donc? Mais pour l’américaine Cisco, qui est habituée à des marges bénéficiaires de 65 pour cent, une marge de 15 pour cent est nettement insuffisante. La recherche et le développement demeureront provisoirement à Courtrai. Pour combien de temps encore? La Flandre, la Wallonie et donc la Belgique sont de nouveau mises sur la touche et pour longtemps…

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