John Goossens: 10 ans déjà

© Belga
Luc Blyaert était rédacteur en chef de Data News

Cela fait précisément dix ans que John Goossens est décédé lors d’un meeting avec la haute direction de Belgacom à Francorchamps.

Cela fait précisément dix ans que John Goossens est décédé lors d’un meeting avec la haute direction de Belgacom à Francorchamps.

‘I did it my way’, pouvait-on lire sur le faire-part de décès par une journée glaciale de novembre 2002. John Goossens a eu droit quasiment à des funérailles d’homme d’Etat dans la cathédrale Sainte-Gudule de Bruxelles.

Dans notre pays, John Goossens était surtout connu le directeur de Belgacom, un poste où il avait été nommé début 1995 comme administrateur délégué après une période agitée entre le CEO Bessel Kok et le président Benoît Remiche. Il a dû alors préparer Belgacom pour la libre concurrence en 1998 et a mené à bien ce qu’on a appelé la ‘consolidation stratégique’. Finalement, il s’agissait du rachat d’un peu moins de 50 pour cent des actions de Belgacom par un groupe constitué d’Américains, de Danois et de Singapore Telecom. Goossens a dirigé Belgacom d’une main de fer, tout en suscitant un grand respect. Il fut à l’origine de la stratégie du haut débit chez l’opérateur dominant. Avant cela, il fut pendant 7 ans administrateur général d’Alcatel Bell, l’actuelle Alcatel Lucent.

John Goossens était un fervent adepte de la Formule 1 et fut président du RACB (Royal Automobile Club de Belgique). Il était aussi administrateur chez TotalFina, KBC et le VEV notamment. En 2000, il fut élevé au rang de baron. Son décès brutal provoqua une grande émotion. Il fallut attendre le mois de mars 2003 pour lui trouver un successeur, en l’occurrence l’actuel CEO de Belgacom, Didier Bellens.

Ci-après, vous trouverez l’article que j’avais écrit il y a dix ans dans Data News:

John n’est plus John Goossens n’aimait pas les photographes. Par un matin froid d’automne de 1994, il me fit une remarque, lorsque je l’interviewais en sa qualité de directeur d’Alcatel Bell, et que j’avais emmené avec moi un photographe dans sa résidence privée bruxelloise. Lorsque le ministre télécom Elio di Rupo le nomma à peine un an plus tard CEO de Belgacom, il fut pourtant assailli par une horde de photographes. Goossens aimait par contre tout contrôler, ce qui se traduisait souvent lors des rencontres avec la presse par des yeux plissés et un sourire narquois. Il dirigea Belgacom d’une poigne de fer et réussit à merveille à guider l’opérateur sans trop de casse à travers la phase animée de la libéralisation des télécommunications à la fin des années ’90. Une prestation que peu de CEO d’autres opérateurs télécoms ont pu imiter.

Lorsque John Goossens qualifia au début de 1996 de menteur son homologue John Cordier durant une conférence de presse (le réseau Mobistar n’aurait en effet jamais pu être mis en oeuvre durant les neuf mois à suivre) et que cela fit la une le lendemain d’un grand journal flamand, le marché télécom belge subit une onde de choc. Mais Goossens invita ce même soir personnellement John Cordier dans les tours Belgacom pour en discuter. Plus tard, Cordier riait encore et toujours volontiers, lorsqu’il repensait à la tête effarée faite par la réceptionniste qui lui demanda s’il savait bien où il était. Goossens se révéla être ainsi un véritable chef d’entreprise qui, tout comme Cordier du reste, pouvait être très dur, tout en témoignant un grand respect pour les entrepreneurs et tous ceux qui s’engageaient à fond dans ce qu’ils faisaient. Les deux directeurs sont décédés en à peine dix mois d’intervalle. Tous deux ont exercé un énorme impact sur le marché ICT et sur l’économie de la dernière décennie. 2002 sera l’année au cours de laquelle John et John nous ont quittés avec un avenir qui plus que jamais sera basé sur leur vécu. C’est plus, bien plus qu’un simple instantané.

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