Jawbone “mort par surinvestissement”

© Jawbone
Els Bellens

Jawbone, fabricant de fitness trackers, n’est plus. La société a déposé le bilan début juillet. Les analystes parlent déjà de ” mort par surinvestissement ” pour la société, évaluée autrefois à 3,2 milliards de dollars.

Après 18 ans, Jawbone tire sa révérence, indique le site sur les technologies The Information. La nouvelle a été confirmée par Reuters. Le fabricant de wearables était actif sur le même marché que Fitbit, quelque peu plus populaire, et d’autres “‘health trackers”, dont celui de Nokia (l’ancien Withings). L’entreprise figurait néanmoins parmi les premières du marché et a longtemps été considérée comme pionnière.

Elle a ainsi pu attirer des capitaux de grandes entreprises telles que Sequoia, Andreessen Horowitz et Kleiner Perkins Caufield & Buyers. En 2014, sa valeur était encore estimée à 3,2 milliards de dollars. Selon le bureau de recherche CB Insights, il s’agit de la deuxième plus importante faillite d’une société financée par du capital-risque. La première faillite a été celle de la société d’énergie solaire Solyndra en 2011.

Que s’est-il donc passé ? Pour faire simple : le produit de la petite société de San Francisco n’a pas remporté suffisamment de succès. Il n’est pas parvenu à conquérir le marché qui a, en outre, passé son apogée depuis un certain temps. Les différents bracelets de Jawbone, dont les UP fitness trackers, ont rencontré des problèmes suite à des erreurs de fabrication, ce qui a même poussé la société à rembourser des clients. Cela semble être dû à une mauvaise gestion, qui n’a pas été adaptée, car il y avait suffisamment d’argent.

Par ailleurs, l’entreprise se trouvait sur un marché particulièrement restreint. Jawbone s’est livrée durant plusieurs années à une bataille acharnée avec son concurrent Fitbit et a intenté plusieurs procès à son encontre au sujet de potentiels secrets d’entreprise volés. La fin approchait donc depuis un certain temps.

Même des millions de dollars d’investissements ne suffisent pas si personne n’achète le produit. D’après les analystes avec lesquels s’est concertée l’agence de presse Reuters, la société aurait même pu mieux s’en sortir si elle avait levé moins de fonds et avait maintenu sa valorisation à un niveau bas. “Ils injectent sans cesse des capitaux dans ces sociétés”, explique Sramana Mitra, entrepreneur dans la technologie et consultant de l’agence de presse. “Je m’attends à ce qu’un nombre encore plus important d’entreprises succombent à ces surinvestissements.” Bien que les levées de capitaux constituent une composante importante de l’industrie technologique, cela semble ne pas fournir d’aussi bons résultats pour toutes les sociétés. Il est néanmoins rare qu’une entreprise ayant attiré autant d’argent que Jawbone finisse par faire faillite.

La fin des wearables ?

Jawbone existait depuis 1999 et fabriquait initialement des casques et baffles Bluetooth, jusqu’à effectuer un virage en 2011 pour concevoir des fitness trackers. Au cours de son histoire, la société a dépensé plus de 500 millions de dollars en capital et est descendue dans le rouge à concurrence de 400 millions. Elle n’est finalement parvenue qu’à s’approprier cinq pour cent du marché des wearables. L’entreprise a tenté de se vendre en 2016, mais n’a pas trouvé de repreneur.

Il s’agit du deuxième grand nom des wearables qui tire sa révérence. Le pionnier Pebble a été repris par Fitbit à la fin de l’année dernière, qui a ensuite tourné le dos aux produits de manière professionnelle. Mais même s’il reste seul, Fitbit devra affronter des temps difficiles. Le marché des wearables se réduit depuis quelque temps et les producteurs de niche comme Fitbit souffrent énormément de la concurrence. Ceux qui veulent un simple tracker peuvent se procurer un tel bracelet pour 25 euros auprès de géants chinois de la technologie tels que Xiaomi. Et dans la tranche supérieure du marché, il existe les smart watches d’entreprises telles que LG et Apple, qui offrent bien plus que Fitbit pour quelques dizaines d’euros supplémentaires.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire