Huawei: “Le bannissement américain touchera tout le secteur technologique”

Guo Ping, président d'Huawei. © Huawei
Pieterjan Van Leemputten

Huawei réagit fermement au prolongement des sanctions prises à son encontre par les Etats-Unis. Cela va non seulement toucher l’entreprise, mais aussi l’ensemble du secteur technologique et même les Etats-Unis, y déclare-t-on.

Le gouvernement Trump a prolongé la semaine dernière les sanctions contre Huawei et ZTE, ce qui fait que ces entreprises ne peuvent plus obtenir de technologies en provenance de firmes américaines. Il s’agit entre autres de l’accès aux services de Google (Android), mais aussi de puces et d’autres éléments pour l’équipement de réseau.

Huawei déclare étudier encore l’impact complet de cette décision, mais réagit quand même fermement déjà et avertit que le bannissement dont elle fait l’objet, pourrait toucher aussi des firmes américaines, voire l’ensemble du secteur.

“Cela impactera les services de communication des plus de trois milliards de personnes utilisant les produits d’Huawei. Pour s’en prendre à une entreprise étrangère, le gouvernement américain met aussi dans l’embarras les clients d’Huawei et ses propres consommateurs. Voilà qui contredit son argument, selon lequel il est question de la sécurité réseautique nationale”, peut-on lire dans un communiqué que l’entreprise a émis lors du démarrage de son Global Analyst Summit.

L’année dernière, Huawei a investi 131,7 milliards de yuans (17,13 milliards d’euros) dans la recherche et le développement, ce qui représente une augmentation de quasiment trente pour cent. Une grande partie de cet argent a cependant été consacrée au colmatage des brèches résultant du bannissement américain.

Huawei parle de 15.000 années de travail humain en développement, réécriture de 60 millions de lignes de code et de révision de divers produits destinés à fonctionner sans la technologie américaine. “Mais notre service s’est poursuivi sans encombre”, affirme Guo Ping, président d’Huawei. Et de remercier les clients de son entreprise pour leur confiance.

Des milliards de rentrées pour les Etats-Unis

Dans son allocution, Guo Ping a aussi fait observer qu’Huawei participe activement aux normes ouvertes et inclusives et a déjà versé dans ce cadre six milliards de dollars aux Etats-Unis (ou à des entreprises américaines) pour pouvoir utiliser des brevets de ces dernières. En même temps, Huawei aime répéter qu’elle s’est aussi déjà vu attribuer plus de 85.000 brevets. En Europe, elle fut même l’année dernière la principale demanderesse de brevets.

L’entreprise insiste également sur le fait que le bannissement aura un impact nettement plus large que sur la Chine ou Huawei. “Cela impactera fortement un grand nombre de secteurs à l’échelle mondiale. A long terme, cela détériorera la confiance et la collaboration dans le secteur des semi-conducteurs.”

“Les Etats-Unis exploitent leur puissance technologique pour écraser les entreprises en dehors de leurs frontières. Une telle attitude ne pourra que saper la confiance des entreprises internationales dans la technologie et les chaînes de livraison américaines. En fin de compte, cela desservira les intérêts des Etats-Unis.”

Impact sensible

Le fabricant télécom chinois admet être dans les cordes et ce, non seulement en raison de l’exclusion décidée par les Etats-Unis, mais aussi parce que le gouvernement Trump met ses alliés sous pression, afin qu’ils rejettent eux aussi Huawei comme partenaire pour leurs réseaux et ce, par crainte d’espionnage. Pourtant, les Etats-Unis n’ont encore jamais pu présenter la moindre preuve publique qu’il en soit ainsi.

Huawei poursuit cependant le combat. C’est ainsi qu’on apprend que l’entreprise respecte ses obligations contractuelles, y compris la réglementation américaine. Mais elle enregistre un recul, surtout en dehors de la Chine, après des années de forte croissance. “Il y a un trou de douze milliards de dollars dans notre chiffre d’affaires”, ajoute le président Guo Ping. “Notre croissance s’est ralentie l’année dernière, où il était plus malaisé de décrocher des contrats. Le maître-mot actuel est la survie.”

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