HP-Autonomy: à qui la faute?

Stefan Grommen Stefan Grommen est rédacteur de Data News.

Puisque Saint-Nicolas est annoncé, quelqu’un peut s’attendre à avoir à faire avec le père fouettard chez HP, Autonomy ou chez les auditeurs Deloitte et KPMG. Mais qui?

Puisque Saint-Nicolas est annoncé, quelqu’un peut s’attendre à avoir à faire avec le père fouettard chez HP, Autonomy ou chez les auditeurs Deloitte et KPMG. Mais qui?

Après l’annonce selon laquelle HP doit amortir en tout 8,8 milliards de dollars sur le rachat d’Autonomy, il faut voir qui, après le petit jeu actuel du père fouettard, sera le ‘seul vrai coupable’ de la débâcle. Même le FBI aurait déjà mené son enquête sur cette affaire, selon des médias américains.

A la direction de HP, l’on pointe en premier lieu du doigt le management d’Autonomy. A entendre le récit fait par HP, Autonomy aurait vendu des produits hardware à perte jusqu’à deux ans avant le rachat, mais les aurait enregistrés comme des ventes de software à marge élevée. Tout au moins une partie des coûts de ces produits ont été enregistrés dans les livres sous la rubrique dépenses marketing. Autonomy aurait aussi vendu à des revendeurs du software qui ne serait jamais arrivé chez les utilisateurs finaux, ce qui fait que le chiffre d’affaires de l’entreprise est apparu plus intéressant qu’il ne l’était en réalité. En outre, des accords à long terme portant sur du software hébergé auraient également été convertis en licences software. Autrement dit: des revenus qui ne devaient rentrer qu’à assez long terme, ont été enregistrés d’un seul coup.

Mike Lynch, CEO et fondateur d’Autonomy, qui précédemment déjà avait quitté HP, n’admet qu’une partie de ces affirmations, entre autres celles concernant la vente de hardware. Mais il prétend qu’elles ne représentaient que 2 pour cent du chiffre d’affaires total, alors que HP parle de 10 à 15 pour cent. Selon Lynch, HP cherche surtout un bouc émissaire pour sa propre mauvaise gestion.

Les analystes ne sont pas non plus d’accord sur la façon dont HP tente de rejeter toutes les fautes sur Autonomy. Car lorsqu’on effectue un rachat de plus de 10 milliard de dollars – et donc que l’on fait un gigantesque pari -, ne met-on pas d’abord tout sens dessus dessous chez la cible du rachat même? ‘Due diligence’, voilà comment s’appelle ce processus. Avant même le rachat par HP, quelques analystes s’étaient déjà posé des questions à propos de la croissance et des résultats d’Autonomy. Selon une source bien placée du Financial Times, HP était bien au courant. “Chez HP, on était conscient des rumeurs entourant l’entreprise: était-ce vrai ou pas? Mike [Lynch] et son équipe ont été directement interrogés à propos de ces rumeurs, mais ils ont répondu qu’elles n’étaient pas fondées.”

HP n’avait pas non plus reçu le moindre rapport négatif de la part des 4 grands auditeurs. Deloitte semblait être l’auditeur fixe d’Autonomy et selon ses rapports, rien ne semblait clocher. HP aurait alors fait appel à PriceWaterhouseCoopers pour vérifier le travail effectué par Deloitte. KPMG devait aider HP dans le processus de ‘due diligence’. Le journal d’affaires Forbes cita pour sa part Ernst&Young comme auditeur de HP: lui non plus ne mentionna pas le moindre problème.

Malgré les errements des auditeurs, de sérieux doutes planent à présent aussi sur la qualité du conseil d’administration de HP, qui a à peine changé depuis le rachat. La CEO Meg Whitman a défendu son équipe contre les analystes en recourant à un petit truc pratique: évoquer les absents. Les deux personnes qui doivent être tenues pour responsables de la débâcle, ne travaillent plus chez HP, selon elle, en se référant à l’ex-CEO Leo Apothekera, ainsi qu’à Shane Robinson, l’ex-chief strategy & technology officer.

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