Feu vert pour un quatrième acteur sur le marché télécom
L’année prochaine, une partie des fréquences mobiles sera réservée à un nouvel opérateur télécom dans notre pays. Voilà ce que vient d’annoncer le gouvernement fédéral lors d’une conférence de presse.
Les partis au gouvernement se sont mis d’accord la nuit dernière sur la possibilité de permettre l’arrivée d’un quatrième acteur sur le marché télécom belge et ce, à côté de Proximus, Orange et Telenet. Le ministre compétent, Alexander De Croo (Open Vld), a ainsi réussi son coup. Il avait lancé le mois dernier la proposition de réserver à un nouvel opérateur une partie des fréquences mobiles lors des enchères.
Fin de l’année prochaine, les fréquences seront en effet mises aux enchères pour une durée de vingt ans. Outre les fréquences mobiles existantes (900 MHz, 1.800 MHz, 2.100 MHz), dont les licences viendront à échéance en mars 2021, trois nouvelles fréquences seront mises aux enchères (700 MHz, 1.400 MHz, 3.600 MHz), principalement pour l’utilisation de la 5G à partir de 2020. Le gouvernement réservera donc une portion de ce spectre à un nouveau venu.
Les conditions seront-elles favorables pour le nouvel acteur?
Installer un réseau mobile nécessite d’importants investissements en infrastructure, parce que les clients doivent disposer partout d’une couverture. Pour aider à lancer le nouvel opérateur, ce dernier pourra temporairement utiliser l’infrastructure existante de ses concurrents. Dès que le nouveau venu offrira une couverture de 20 pour cent – par exemple dans les grandes villes -, c’est l’itinérance (roaming) nationale qui s’appliquera. Cela signifie que l’opérateur pourra utiliser les réseaux existants de Telenet, Proximus et Orange, pour atteindre la clientèle dans toute la Belgique. Ce n’est qu’au bout de huit ans que l’acteur télécom devra proposer une couverture de 99,8 pour cent. Proximus qualifie ces conditions de ‘discriminatoires’ dans une réaction. “Il en va ainsi aussi dans d’autres pays”, répond le gouvernement.
Pour les autres acteurs télécoms, les obligations en matière de couverture seront par contre raffermies. Aujourd’hui, les opérateurs doivent couvrir 98 pour cent de la population. A partir de 2021, cette couverture devra atteindre 99,5 pour cent, voire 99,8 pour cent six ans plus tard. De plus, une obligation de couverture s’appliquera désormais aussi le long des principales voies ferrées. “Cela devrait permettre de proposer à terme le wifi à bord des trains”, a affirmé De Croo.
Quelles seront les conséquences d’un quatrième opérateur?
Le nouvel acteur devrait générer une concurrence plus forte, une utilisation de données supérieure et une réduction des prix. De Croo a récemment encore commandité auprès du régulateur télécom IBPT une étude quant à l’impact de l’arrivée d’un quatrième acteur sur le marché télécom belge. Il en est ressorti que les prix de la téléphonie mobile et de l’utilisation des données devraient nettement diminuer. “Sur base de quelques expériences à l’étranger, on peut croire que les prix, surtout dans une première phase, régresseront fortement”, selon De Croo. Les nouveaux acteurs arrivent en outre souvent avec de nouvelles formules tarifaires et de nouveaux services, “ce qui oblige les opérateurs en place à s’adapter”.
Lors de la conférence de presse, De Croo a fait référence aux Pays-Bas et à l’Italie, où un acteur supplémentaire est apparu aussi sur ces marchés télécoms respectifs. “Si nous enregistrions une diminution de prix similaire à celle de ces pays, cela représenterait une économie annuelle de 200 euros par ménage. Nous organiserions donc de ce fait un tax-shift complémentaire”, a déclaré le ministre.
“Cela fera en effet diminuer à court terme les prix pour le consommateur, mais cela aura aussi des conséquences immédiates sur la qualité du réseau et sur la rentabilité du secteur”, a réagi Proximus à la décision. “Cela mettra inévitablement sous pression les investissements dans les réseaux et l’emploi dans le secteur télécom belge”. Précédemment déjà, la fédération technologique Agoria, qui défend les intérêts de Proximus, d’Orange et de Telenet, avait lancé une mise en garde contre un ralentissement des réseaux, des licenciements massifs et une réduction des rentrées pour l’Etat.
Ce quatrième opérateur arrivera-t-il vraiment?
Le gouvernement n’impose pas l’arrivée d’un quatrième opérateur, mais en évoque simplement la possibilité. Il va de soi que dans un premier temps, il s’agit de trouver un opérateur qui soit prêt à concurrencer les acteurs télécoms existants en Belgique.
Selon l’IBPT, il y a de l’intérêt, mais le régulateur télécom belge ne souhaite pas citer de noms. La française Iliad, qui a récemment encore lancé avec succès une offre ‘low cost’ en Italie, pourrait en être un. Interrogée quant à savoir si l’entreprise serait intéressée par une activité chez nous, une porte-parole d’Iliad n’a souhaité faire “aucun commentaire”.
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