Facebook va aussi procéder à du ‘factchecking’ en Belgique

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Pieterjan Van Leemputten

Facebook va bientôt aussi identifier et démasquer les fausses nouvelles en Belgique. Dans ce but, elle va collaborer avec Knack et DPA.

Facebook a lancé fin 2016 une initiative en vue de contrer la désinformation sur son réseau social et ce, avec l’aide de partenaires extérieurs. Elle collabore pour cela avec des organisations de nouvelles, qui examinent les messages douteux sur la plate-forme. Ensuite, l’entreprise les marque et les rend moins visibles et ce, tant sur Facebook que sur Instagram.

Cette initiative s’étend à présent à notre pays. Dans ce but, l’entreprise collaborera avec Knack pour les messages en néerlandais et avec DPA (Deutsche Press Agentur) qui vérifiera tant les messages en néerlandais qu’en français. DPA débutera la semaine prochaine, et Knack à partir du 1er mai.

“Nous prenons très au sérieux la problématique de la désinformation. Celle-ci peut engendrer une polarisation, ce que nous voulons à tout prix éviter”, déclare Jessica Zucker, product policy manager chez Facebook. “Mais il n’appartient pas à une équipe interne à Facebook de le faire. C’est pourquoi nous collaborons étroitement avec des experts extérieurs.”

Le choix de Knack et DPA ne s’est pas fait au hasard. Toutes deux sont membres de l’International Fact-Checking Network (IFCN). Knack effectue depuis huit ans déjà du ‘factchecking’ dans son magazine et depuis quelques années aussi en ligne.

“Ce ne sera qu’une continuation de ce que nous faisons déjà”, affirme le rédacteur en chef de Knack, Bert Bultinck. “Pour nous, cela représente un renforcement de notre branche de ‘factchecking’, qui opérera indépendamment de Facebook.” C’est ainsi que Knack engagera deux journalistes supplémentaires qui se focaliseront spécifiquement sur le ‘factchecking’, en plus de la rubrique du genre que le journaliste Jan Jagers écrit depuis quelques années déjà. Chez DPA, il est question de deux journalistes francophones et d’un journaliste néerlandophone.

“C’est là un renforcement tant pour notre magazine que pour notre site web, car nos ‘factcheckers’ effectueront aussi des contrôles indépendamment de Facebook. Tous les articles qu’ils écriront, seront purement des articles journalistiques qui paraîtront aussi sur notre site. Les lecteurs pourront donc les retrouver également chez nous, indépendamment de Facebook”, indique Bultinck.

Mode de fonctionnement

Facebook détecte d’une part elle-même quels liens ou textes partagés doivent être contrôlés sur le plan de la désinformation. C’est possible dans la mesure où ils sont rapportés, où il y a certains commentaires en-dessous et où ils sont détectés par l’algorithme d’apprentissage machine de Facebook. Ces messages peuvent alors être rapatriés par les ‘factcheckers’.

Par ailleurs, les ‘factcheckers’ de DPA et Knack pourront eux-mêmes contrôler aussi des messages qu’ils trouvent sur Facebook, Instagram ou ailleurs. Facebook ne décide donc pas ce qui est contrôlé, mais signale ce qui est en circulation.

Si une nouvelle d’une certaine page ou d’un site donné est qualifiée de fausse, deux choses se passent: le message partagé est rendu moins visible dans le flux de nouvelles, le partageur est informé qu’il s’agit de désinformation et ce, même si cela n’est constaté que par-après, et reçoit un lien vers le ‘factcheck’.

Quiconque souhaite par la suite partager cette même page ou lien, voit avant le partage apparaître l’avertissement indiquant qu’il s’agit d’une fausse information. “Vous pouvez alors encore et toujours choisir de la partager, mais nous vous aurons averti”, explique Guido Buelow, strategic partner development manager EMEA chez Facebook et, en cette qualité, responsable du programme de contrôle des faits dans l’entreprise. Les publicités non politiques peuvent également être contrôlées.

Liens, pages et textes libres

Il est facile d’identifier un lien vers une information factice. Il en va de même pour une page qui partage régulièrement des canulars (‘hoaxes’) après quelques faux pas. Mais qu’en est-il de textes libres? Il ne s’agit pas toujours de textes entièrement copiés, ce qui rend leur détection d’autant plus difficile.

Ici, Facebook compte sur l’apprentissage machine. “En raison des divergences linguistiques, cela générera des défis à relever, mais nous souhaitons ici détecter si un texte fait l’objet d’une même réclamation. Nous voulons ainsi amplifier l’impact d’un seul et même ‘factcheck'”, ajoute Buelow.

Les ‘factcheckers’ seront-ils payés par Facebook?

Oui et non. Facebook rétribuera Knack et DPA par ‘factcheck’ fourni. “C’est à eux de déterminer s’ils en font un par jour, un par semaine ou plus/moins”, poursuit Buelow.

La durée de la collaboration n’est pas fixée. “Nous procédons ainsi depuis fin 2016 et nous fixons une date-butoir, mais celle-ci est généralement toujours prolongée.”

Pas de déclarations politiques

Il y a quelque temps, Facebook a fait savoir qu’elle ne se mêlait pas des déclarations politiques, même si elles sont manifestement fausses, de même que si elles sont diffusées dans une annonce à caractère politique. Voilà pourquoi Nu.nl a en son temps renoncé au ‘factchecking’ aux Pays-Bas.

Knack et DPA ont sur ce point adopté une position formelle: elles contrôleront aussi les déclarations politiques, mais pas pour Facebook.

“Facebook applique ici une ligne stratégique particulière. C’est à elle qu’il appartient de choisir de laisser les déclarations politiques de côté. Mais en ce qui nous concerne, nous contrôlerons toutes les déclarations, qu’elles émanent de politiciens ou non, et continuerons de le faire.” Jens Petersen de DPA adopte aussi cette approche: “Nous effectuons aujourd’hui déjà du factchecking pour d’autres clients de notre agence de presse et nous poursuivrons dans cette voie.” Mais ces résultats ne paraîtront alors pas sur Facebook.

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