Wendy Van den Broeck

Facebook peut-elle sauver le commerçant local?

Wendy Van den Broeck Professeur en sciences de la communication (VUB) et membre du groupe de recherche imec-smit.

Maintenant qu’ils doivent garder leurs portes closes, nombre d’entrepreneurs font preuve de créativité pour continuer quand même d’avancer. Ce faisant, ils reçoivent l’aide d’un interlocuteur tout à fait inattendu: Facebook.

En cette période de l’année, on devrait normalement voir fleurir des étalages présentant les collections printanières colorées, se payer un verre en terrasse ou inviter des amis au premier barbecue de la saison. Mais ce n’est évidemment pas possible. En raison des mesures de confinement, on passe plus de temps sur Facebook et d’autres médias sociaux que dans la rue. Assez singulièrement, il s’agit là d’une bonne nouvelle pour nos commerçants locaux.

Facebook est en effet le support par excellence pour insérer de la publicité très locale. Tandis que le média social annonce que ses rentrées publicitaires globales diminuent fortement, le nombre de messages parrainés localement augmente dans nos flux de nouvelles. Pour un prix réduit, les commerçants locaux peuvent en effet insérer des annonces dans leur propre commune ou dans un faible rayon tout autour. Ils peuvent ainsi aussi cibler des profils spécifiques, comme les femmes qui s’intéressent à la mode ou les jeunes qui aiment faire du sport, afin que seuls ces groupes-cibles voient leur publicité. Et s’ils ne veulent pas dépenser de l’argent dans des annonces, ils peuvent toujours en revenir à leur propre page. De plus, il y a encore les nombreuses pages locales, telles ‘Vous êtes Namurois, si’ ou ‘Aux habitants de Liège et des environs’, que les commerçants locaux aiment utiliser pour vanter leurs produits et services. Nos négociants locaux semblent donc avoir trouvé leur voie vers Facebook.

Nombre de commerçants locaux ne savent pas ce qu’ils devraient faire aujourd’hui sans les médias sociaux

Ce qui caractérise le média social en tant que canal publicitaire, c’est aussi l’interaction et la création d’un engagement avec message. Cette portée est encore amplifiée par d’innombrables ‘j’aime’, encouragements virtuels et utilisateurs qui partagent sur leur ligne du temps les messages sponsorisés. Les gens recherchent aussi eux-mêmes par la force des choses des artisans locaux et se demandent mutuellement des conseils dans des groupes Facebook locaux. Où puis-je faire réparer ma tondeuse dans les environs? Qui peut jeter un coup d’oeil à mon imprimante? Dans les villages virtuels, la solidarité semble être grande, et la publicité de type bouche-à-oreille fait bien vite son travail. Pour certains habitants, il s’agit souvent aussi d’une première prise de connaissance (virtuelle) avec des magasins de leur commune. C’est ainsi que j’ai commandé un petit-déjeuner pascal dans un ‘coffee shop’ où je n’avais jamais mis les pieds auparavant, que je me suis fait livrer à domicile par un maraicher local un cabas de légumes et que j’ai découvert une chocolaterie située à moins de cinq kilomètres de chez moi, dont je n’avais pas encore entendu parler.

Il va de soi que nous commandons tous encore nettement plus auprès de grandes chaînes en ligne souvent internationales. Pour pouvoir concurrencer ces dernières, nombre de commerçants locaux font preuve de beaucoup de créativité. De l’exploitante d’une boutique de mode, qui présente sa nouvelle collection au moyen de jolies vidéos, jusqu’au magasin de chaussures local qui livre à domicile des souliers d’enfant en différentes pointures, afin de les essayer. Certains étaient déjà actifs sur les médias sociaux avant la crise du corona, alors que d’autres se voient contraints d’adopter une approche numérique. Quoi qu’il en soit, beaucoup de commerçants locaux ne savent pas ce qu’ils devraient faire aujourd’hui sans les médias sociaux. Ils pourront aussi en tirer profit à l’avenir. Comme ils apprennent actuellement à faire de la publicité et à vendre en ligne, ils seront, une fois la crise passée, assurément aussi mieux armés contre la concurrence des acteurs confirmés en ligne.

Il va de soi que les ventes en ligne ne pourront pas entièrement compenser la perte de revenus des commerçants locaux. Grâce à la facilité d’utilisation et à la grande portée des médias sociaux, beaucoup d’entre eux s’en tireront probablement mieux que ce qu’ils avaient imaginé en première instance. Espérons que le succès de cette créativité donne aux commerçants locaux une incitation à continuer de miser sur le numérique après le confinement et que les annonces de notre flux Facebook aient encore une connotation plus locale dans le futur.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire