‘En b2b, nous avons une palette de solutions plus large que le simple petit bouton check-out’

© PayPal
Els Bellens

Dans un monde où foisonnent les applis de paiement, il ne suffit pas de n’être qu’une solution du genre. Paypal le sait parfaitement, selon Joachim Goyvaerts, Lead PayPal Benelux & Irland, comme il l’a confié à Data News.

PayPal fut l’une des premières plates-formes de paiement en ligne et l’une de celles qui subsistent le plus longtemps avec ses vingt années au compteur. Ces dernières années, le paysage des solutions de paiement s’est cependant amplement élargi. Outre des applis telles Payconiq, les géants technologiques pénètrent également le marché de l’e-commerce avec Apple ou Google Pay par exemple.

Dans notre pays, PayPal est, par achat, l’actuel numéro trois, écrivions-nous plus tôt cette année. Le service se charge de 13 pour cent des paiements en ligne, après Bancontact (37 pour cent) et la carte de crédit (31 pour cent). L’entreprise étend toutefois fortement ses fonctionnalités en direction du mobile, mais aussi de la gestion des paiements pour les grands sites d’e-commerce, explique Joachim Goyvaerts. Ce dernier est depuis quelques années déjà Lead de PayPal Benelux, mais est désormais aussi responsable de la zone Irlande. “Nombre de grandes firmes technologiques sont établies en Irlande, aux Pays-Bas et au Luxembourg. Il convient donc de les regrouper. On dispose d’un portefeuille très international de clients dans notre zone.”

Dans notre pays, PayPal possède un peu plus d’1,2 million d’utilisateurs actifs, qui ont effectué au moins une transaction l’année dernière. Dans le monde, il y en a quelque 256 millions. Sont-ce là des utilisateurs de l’appli?

JOACHIM GOYVAERTS: L’appli de Paypal n’est pas nécessaire pour effectuer des paiements. Mais dans beaucoup d’applis, nous sommes présents en tant que méthode de paiement. Nous nous occupons aussi parfois du traitement des paiements pour ces applis. Nous pouvons traiter les paiements par carte de crédit et par Bancontact. De plus, nous sommes aussi une méthode de paiement pour les consommateurs, un choix que ceux-ci peuvent faire au moment de régler. C’est ce qui nous différencie par exemple d’une firme de traitement pure telle Ogone.

PayPal fut l’une des premières solutions de paiement en ligne, mais ces dernières années, on a vu apparaître de nombreux concurrents. Comment tentez-vous de vous distinguer sur ce marché?

GOYVAERTS: De deux manières. Primo: continuer d’améliorer notre expérience du paiement, afin qu’elle s’intègre impeccablement et entièrement à l’appli. C’est la raison pour laquelle de plus en plus de gens nous choisissent sur le mobile. En outre, nous créons une plate-forme sous-jacente à ces applis. Nous ne devons donc pas toujours nous tenir à l’avant-plan. Nous collaborons par exemple avec Facebook sur Facebook Pay. PayPal en est l’un des partenaires. Dans le paysage des paiements, il est question de créer des réseaux en collaboration. Avec Uber, avec Airbnb, avec des partenaires de cette new economy, mais aussi dans le domaine des jeux par exemple. Là où l’on consacre beaucoup de temps, nous le faisons aussi, souvent pour traiter les paiements en arrière-plan.

Etes-vous dès lors en train de devenir une plate-forme de paiements sous-jacente?

GOYVAERTS: Nous restons une marque à la consommation, parce que les consommateurs, même s’ils sont très numérisés, ne sont encore et toujours pas bien informés de la manière dont ils peuvent acheter en toute sécurité tant en ligne que numériquement. Ils veulent un intermédiaire sûr. C’est là que notre marque prend toute sa valeur, afin d’offrir la confiance en la sécurité de notre solution. Par ailleurs, il n’y a pas que les paiements. Personne ne souhaite être trop longtemps occupé sur un paiement. On veut regarder Netflix, acheter une paire de chaussures, etc. C’est cela qui est important et pas ‘je veux voir le logo Paypal’.

Vingt millions de vos clients dans le monde sont des comptes professionnels, comme des magasins web. Y a-t-il dès lors une focalisation sur des partenariats avec des sites web?

GOYVAERTS: Les partenariats sont essentiels, parce qu’il est question d’un glissement de boutiques web vers des plates-formes. Et il convient de les supporter, ce qui ne se fait pas seulement avec un bouton check-out. Nous devons veiller à leur intégration. Si vous voyez un produit sur Instagram et que vous cliquez dessus, vous devrez pouvoir l’acheter d’un seul clic. C’est le support que nous apportons. Mais l’inverse est aussi vrai: ces plates-formes partagées disposent également de beaucoup de vendeurs différents: comment reçoivent-ils leur argent? Il faut s’assurer qu’en arrière-plan, les flux pécuniaires soient gérés. En b2b, nous avons donc une palette de solutions plus large que le simple petit bouton check-out qu’on voit apparaître à l’avant-plan.

Sont-ce là les grandes plates-formes du futur?

GOYVAERTS: On constate déjà que les acteurs en vue, les gros volumes se retrouvent sur ces plates-formes. Il y a du reste aussi une opportunité pour les petites plates-formes belges. Mais il convient de s’accrocher à cette tendance. Soit vous créez vous-même une plate-forme, mais vous devez alors avoir vraiment une niche très spécifique et vous connecter très solidement à vos clients. Soit il vous faut adhérer à une ou plusieurs grande(s) plate(s)-forme(s). Cela s’est déjà simplifié: avant, il était en effet nettement plus compliqué de vendre sur plusieurs plates-formes. On dispose aujourd’hui de bien plus de technologies pour être rapidement opérationnel sur diverses plates-formes, et nous mettons évidemment nous-mêmes la main à la pâte. Vous pouvez ainsi déposer vos produits sur plusieurs marketplaces, tout en conservant votre propre boutique web, voire en l’étendant éventuellement à une appli propre.

Nous collaborons avec ces grandes plates-formes, mais nous observons aussi que les magasins web classiques comprennent cette tendance et y adaptent leur modèle en plaçant des vendeurs externes sur leur plate-forme. Il est aussi important qu’ils l’envisagent rapidement. On constate que les grandes plates-formes tirent la couverture à elles. Tout le monde doit en être conscient et sauter dans ce train, afin de rester en phase avec la technologie. Si Facebook lance demain un marketplace, ou si Ali Express débarque en Europe, l’entrepreneur que vous êtes, doit pouvoir le savoir et y réagir parce que cela peut représenter une menace.

On voit par exemple aux Pays-Bas qu’Amazon va lancer un site local. Cela faisait longtemps qu’elle manquait là d’une ‘présence locale’. Désormais, les cartes vont donc peut-être être redistribuées. Pour les acteurs locaux, la proximité ne constituera plus un atout. En tant qu’acteur modeste, il faut adopter une position claire et veiller à trouver rapidement une niche sur de vastes marchés. Pensez par exemple à Newpharma, qui ne s’est sciemment pas limitée à la Belgique. La firme sort un produit complexe, parce qu’il s’agit quand même d’un médicament pour lequel s’applique une réglementation très détaillée et stricte. Mais c’est précisément parce que la firme gère parfaitement cette complexité qu’elle peut créer une valeur ajoutée et croître rapidement.

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