Elon Musk fait s’effondrer son cours boursier par des tweets insensés

Pieterjan Van Leemputten

L’excentrique directeur de Tesla a fait s’écrouler le cours boursier de son entreprise au moyen de plusieurs tweets pour le moins bizarres. Ce n’est pas le premier incident de ce genre qu’il provoque.

Le 1er mai, Musk a envoyé coup sur coup une série de tweets qui laissent supposer qu’il a probablement connu un moment émotionnel difficile. Il a ainsi commencé à révéler qu’il allait revendre quasiment tous ses biens physiques, puis que son amie (actuellement enceinte) Grimes était fâchée sur lui, et enfin que le cours de l’action Tesla était momentanément trop élevé.

C’est surtout cette dernière révélation qui est importante, car à cause de ce tweet, le cours de l’action Tesla s’effondra très vite. Pour l’instant, Tesla vaut quelque dix pour cent de moins qu’avant les tweets de Musk. Indépendamment de ces tweets, l’entreprise a mis en congé sans salaire une grande partie de son personnel en raison de la crise du corona.

Plus tard encore, il émit un tweet reprenant des parties de l’hymne national américain, alors que quelques jours auparavant seulement, il avait appelé à arrêter le confinement imposé aux Etats-Unis par le coronavirus. Avant cela encore, il avait rédigé un rapport douteux sur l’utilisation de la chloroquine contre le corona, dont le contenu était erroné. Il y affirmait aussi que la panique engendrée par le virus était stupide et s’avérait même plus grave que le covid-19 lui-même. Bref: Elon Musk a encore et toujours des avis sur tout et aime les partager sur Twitter, qu’ils soient scientifiquement étayés ou non.

Mais c’est surtout le tweet sur le cours boursier de Tesla qui s’est révélé sensible. Un CEO peut-il mettre quelque chose de ce genre sur Twitter? The Verge en a parlé avec quelques avocats. En soi, ce message n’est pas punissable. C’est ainsi qu’il n’est pas question ici d’une fraude qui lui aurait rapporté un avantage à lui ou à Tesla. Tel aurait pu être le cas, si Musk avait revendu des actions juste avant ce tweet par exemple. Ce n’est pas non plus la première fois qu’un CEO ou une entreprise prévient que son cours boursier est trop élevé. Même s’il ou si elle le fait généralement pour évoquer des risques et des circonstances spéciales et pas au moyen d’une série de tweets dramatiques.

Le hic, c’est que Musk avait convenu un accord avec le SEC américain, à savoir le contrôleur boursier, qui pourrait à présent se retourner contre lui. En août 2018, Musk avait prétendu dans un tweet qu’il allait retirer Tesla de la bourse, dès que son cours atteindrait 420 dollars, et que les investisseurs étaient d’accord. Mais les deux affirmations étaient fausses. C’est ce qui amena Tesla, sous la pression de sanctions de la part du SEC, à décider de remplacer Musk à la présidence. En outre,

tous ses tweets à propos de Tesla devaient être approuvés à l’avance par un avocat.

Tel ne fut pas le cas cette fois, à en croire Musk qui s’est confié au Wall Street Journal. Et d’apporter la nuance, selon laquelle il avait cette année déjà fait grimper le cours de l’action Tesla de 68 pour cent.

En résumé, Musk a surtout tweeté des choses très bizarres, mais rien d’illégal sur le plan technique. Le risque existe cependant que le contrôleur boursier américain entreprenne encore des actions contre lui ou à tout le moins se souvienne des déclarations de Musk, si dans un proche avenir, il envoie d’autres messages aussi étranges.

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