Double test: S9 et P20
Ce printemps, tant Huawei que Samsung sortent chacune un nouveau produit-phare. L’Huawei P20 se distingue par sa grande batterie et son appareil photo intelligent, alors que le Samsung S9 compte sur son look et… son appareil photo intelligent. Nous avons comparé les deux appareils pour vous.
La rédaction de Data News a pu utiliser quelques semaines durant les nouveaux chevaux de bataille d’Huawei et de Samsung. Pour les spécifications complètes, nous vous renvoyons aux articles étoffés relatifs au P20 Pro et au S9+.
La comparaison pratique, vous la trouverez ci-après.
Sécurité
Els: D’origine, le S9+ se déverrouille via Intelligent Scan. Il s’agit de la combinaison d’un scanner de l’iris et de la reconnaissance faciale. Voilà qui devrait être plus sûr et plus utile que chacun de ces éléments séparés. Ce que nous avons observé, c’est que le déverrouillage s’effectue un peu plus lentement qu’avec la reconnaissance faciale du P20 Pro. Dans l’obscurité, le scanner de l’iris éprouve parfois des difficultés. Il est souvent conseillé d’utiliser l’éclairage de l’écran (particulièrement vif). Pour une sécurité supplémentaire, cela en vaut la peine. Quoi qu’il en soit, le système fonctionne nettement mieux que l’empreinte digitale.
Kristof: La reconnaissance faciale du P20 Pro fonctionne parfaitement et extrêmement vite. Nous n’avons pas réussi à la tromper au moyen d’une photo. Le scanner d’empreinte digitale se tire très bien d’affaire et excessivement vite lui aussi, mais il se trouve très, très près du bord de l’écran, ce qui nécessite une certaine habitude.
Durée de la batterie dans la pratique
Kristof: Plus d’une journée en usage assez intensif et deux jours en utilisation normale à légère, voilà ce que j’ai obtenu dans la pratique de la batterie de 4.000 mAh de l’Huawei P20 Pro. Ce n’est certes pas mal, bien au contraire. En outre, le quick charge est une bénédiction pour recharger rapidement l’accu en un quart ou une demi-heure. En une demi-heure, la batterie est rechargée à moitié environ. Il n’y a malheureusement pas de support pour une recharge sans fil: cela aurait dû être possible pour un appareil de cette catégorie de prix.
Els: Le S9+ possède un accu de 3.500 mAh soi-disant à longue autonomie. Les spécifications officielles annoncent en effet 54 heures en reproduction musicale et 15 heures maximum en utilisation internet via la 4G. Dans la pratique, le S9+ doit cependant ‘être rechargé une fois par jour’. En utilisation (particulièrement) légère, il a tenu deux jours environ dans le cadre de notre test, ce qui est encore acceptable pour un appareil équipé d’un écran à éclairage extra-vif. En usage intensif (comprenez plusieurs heures de jeu en mobile), il a dû être rechargé au bout de dix heures. La recharge s’est avérée particulièrement rapide. Et sans fil avec l’équipement ad hoc.
En usage intensif, l’appareil ne s’échauffe guère. Samsung a manifestement tiré les leçons de ses problèmes ces dernières années, et le S9+ peut à présent fonctionner une à deux heures sans problème, avant qu’il se mette à s’échauffer.
Kristof: Le P20 Pro génère surtout de la chaleur, lorsqu’il se recharge et qu’on maintient l’écran allumé, qu’on utilise l’internet mobile et qu’on se connecte via Bluetooth. Un scénario d’échauffement typique: un déplacement en voiture d’une heure par exemple avec l’appli Waze et le P20 Pro dans l’auto-chargeur.
Un petit point négatif quand même à propos de la gestion de l’énergie. Manifestement, Huawei tient les rênes trop serrées, lorsqu’il est question d’applis et de services en arrière-plan. Même lorsque toutes les fonctions d’économie d’énergie sont désactivées, une appli comme BubbleUPNP (de diffusion musicale, ndlr.) est littéralement réduite au silence, dès que l’écran s’éteint. La musique s’interrompt après un seul morceau. En laissant le P20 Pro connecté au chargeur, le problème disparait subitement. Un peu de recherche dans des forums spécialisés nous apprend que le problème se situerait au niveau de la gestion de l’énergie d’Huawei, qui se montrerait quelque peu trop fanatique dans sa lutte contre les ‘ogres énergétiques’, surtout en matière d’audio et de streaming. Espérons que cela puisse se résoudre par firmware ou mises à jour logicielles.
Qualité du son
Els: Le S9+ dispose du Dolby Surround Sound qui fait merveille avec les films et la musique, mais qui n’opère vraiment que si on le bloque de manière très spécifique. Pas de quoi fouetter un chat, si ce n’est qu’un téléphone mobile s’utilise généralement de manière… mobile et donc en public. Et à moins que vous ne soyez un mufle, vous devrez utiliser un casque dans le train par exemple. Heureusement, vous disposez d’une prise audio et de Bluetooth. Aucune réaction négative sur la qualité du son.
Kristof: Plus de prise casque sur le P20 Pro, mais il est fourni avec un adaptateur permettant de brancher quand même votre ancien casque sur le port USB. Le chargement simultané n’est alors plus possible. Il est donc conseillé d’investir dans un casque Bluetooth. Un petit plus toutefois: lorsque vous placez le P20 Pro en mode ‘landscape’, le son sortira en stéréo du haut-parleur incorporé, parce l’oreillette est alors aussi utilisée.
Qualité des photos
Place à l’appareil photo. Les deux appareils proposent des fonctions similaires: une AI et le ralenti pour des prises de vue parfaites même par très faible luminosité.
Faible luminosité
Els: Par faible luminosité, l’appareil photo s’avère impressionnant. Le S9+ exploite parfaitement la lumière ambiante, même s’il ne faut pas non plus en attendre des miracles. Nous avons utilisé son appareil photo dans un local obscur et en avons surtout conclu qu’une source lumineuse s’avère nécessaire quelque part. Dans ce cas, vous obtiendrez de très, très belles photos. Nous ne tarissons pas d’éloges à ce sujet, jusqu’à en devenir quasiment poétiques. Comme les contrastes sont si intenses, la photo que vous découvrez, prise uniquement à la lumière d’un écran d’ordinateur portable, fait par exemple penser aux tableaux d’anciens maîtres de la peinture néerlandaise, comme Vermeer.
Kristof: Avec trois appareils photo Leica à l’arrière du P20 Pro, nous avions de grandes attentes. Et celles-ci ont été en grande partie rencontrées. Nous sommes par exemple parvenus à photographier sans problème un ciel étoilé ou un jardin à peine illuminé. Certes, le résultat de ce genre de prises de vue n’est pas en tous points parfait, mais on ne manque pas d’être impressionné quand même par le nombre de détails que ces appareils photo captent sans grandes sources lumineuses à proximité.
Zoom avant
Kristof: Zoom hybride 5x, dont optique 3x: merci à l’un des trois appareils photo fonctionnant comme un téléobjectif, peut-on lire dans les spécifications de l’Huawei P20 Pro. Avouons-le derechef: c’est la fonction qui a été la plus utilisée au cours des trois semaines de test. C’est un réel plaisir que de pouvoir effectuer enfin des prises de vue nettes d’objets éloignés sur un smartphone. Je pense par exemple au zoom avant sur des bébés éléphants dans le zoo de Planckendael, ou sur des oeuvres de ‘street-art’ rendues parfaitement lisibles de l’autre côté de la rue. Mais au travail, nous en avons également tiré avantage: pour effectuer rapidement à l’arrière d’une salle de conférence une photo lisible d’une dia présentée tout à l’avant. La puce AI reconnaît du reste la dia comme un document et ajuste parfaitement la perspective.
Els: Le S9+ dispose d’un zoom optique 2x et d’un zoom numérique 10x. Cela peut paraître spectaculaire, mais la déception est au rendez-vous dans la pratique. Dans le cas de photos avec fort zoom avant, des choses étranges se manifestent au niveau du contraste. C’est comme si un ancien filtre Photoshop était appliqué, ce qui donne à l’ensemble un effet de dessin animé. Comme les détails sont déjà très présents sur les photos normales, il est généralement plus facile de prendre la photo à distance, puis de la réajuster après coup.
Super-ralenti
Kristof: La fonction super-ralenti déçoit quelque peu sur le P20 Pro (960 fps). Elle est limitée à une seconde de temps de prise de vue, ce qui fait qu’on ne peut plus après coup ajuster la partie de ladite seconde qui doit être effectivement montrée en super-ralenti. Il en résulte qu’il s’avère particulièrement malaisé de stocker précisément ce moment-là en super-ralenti. Un enfant qui saute par-dessus une barre, une bouteille de champagne que l’on débouche, un verre de vin que l’on sert, une bouge que l’on éteint: tous des scénarios où l’on passe souvent à côté du moment recherché. Cela dépend également en grande partie de la luminosité ambiante, car les détails se perdent vite. La fonction n’est du reste pas utilisable avec la lumière TL, parce que tous les scintillements se voient, et la fonction de ralenti bat complètement la campagne.
Els: Contrairement au P20 Pro, le super-ralenti du S9 s’avère pratique à l’usage. Il offre quasiment une qualité ‘point-and-shoot’. Samsung a incorporé une fonction qui délimite un carré sur l’écran. Si du mouvement est détecté dans ce carré, l’enregistrement au ralenti démarre. Cela fonctionne bien. Dans quelque 80 pour cent des cas, le ralenti a démarré au bon moment. Avec un peu de préparation, vous pourrez en faire de très belles choses, et si vous êtes doué, des photos d’action me paraissent même tout à fait possibles.
Le seul problème avec ce système, c’est la mise au point, qui est en fait plus lente que l’enregistrement au ralenti, de sorte que le sujet n’apparaît souvent vraiment de façon nette qu’après la partie ‘slow-motion’ de votre vidéo.
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Appareil photo et autres fonctions AI
Kristof: Le P20 Pro se distingue par une intelligence artificielle poussée. La puce AI identifie différentes scènes et objets et adapte automatiquement les réglages. Cela se passe généralement bien dans la pratique, mais le hic, c’est précisément ce ‘généralement’. C’est ainsi que nous avons quand même effectué quelques photos, où l’équilibre des couleurs était tout à fait faussé, parce que la puce AI avait par exemple opté pour le paramètre ‘Vert’ (à cause de la pelouse à l’avant et à l’arrière-plan), ce qui conféra un effet de sursaturation aux visages sur la photo. Malgré la présence de l’AI, il est encore et toujours préférable que l’utilisateur intervienne aussi. Ce qui étonne également lors de la compulsion de la collection de photos, c’est que de nombreuses prises de vue réalisées en rafale sont à chaque fois un rien différentes (autre équilibre des couleurs, saturation, netteté/profondeur, etc.) en fonction du mode choisi par la puce AI. Heureusement, il est possible de désactiver l’AI dans les paramètres, mais ce qui serait bien, c’est que l’AI choisisse les réglages corrects non pas généralement, mais toujours.
Els: Le S9 possède nettement moins de préréglages que le P20 Pro. Disons qu’il a quand même reconnu automatiquement mon… chat. Outre une fonction panoramique correcte, on y trouve aussi un mode ‘food’ (alimentation) spécial, qui applique une sorte de filtre Instagram sur la photo et qui estompe quelque peu les bords extérieurs. Nous n’avons pas été… totalement convaincus, même si les mets photographiés semblent réellement appétissants.
Design
Els: Le look du S9 ne diverge finalement pas très fort de celui du S8, voire du S7. Avec ses contours arrondis et son écran incurvé, l’appareil est même très reconnaissable. Il est élégant aussi. Le S9+ est un peu plus léger que le P20 Pro, tient, à mon avis, mieux dans la main et est, disons, quelque peu plus gracieux. C’est à coup sûr le plus beau des deux. Ce qui caractérise par contre le P20 Pro, c’est sa finition dégradée colorée, qui sort vraiment de l’ordinaire, mais qui, assez malheureusement, disparaît directement dans une housse. Pour moi, le gagnant ici, c’est assurément le S9.
Kristof: Une housse est évidemment indispensable pour le P20 Pro, ne serait-ce que parce que sa coque lisse agit comme un aimant pour les doigts sales. Le P20 Pro dispose du reste aussi d’une encoche (le fameux ‘notch’ supérieur, caractéristique de l’e iPhone X). Cette encoche pour l’appareil photo garantit une meilleure utilisation de l’écran, mais tout le monde ne trouve pas cela vraiment joli. Le point positif, c’est qu’on peut désactiver cette encoche par voie logicielle.
AR
Els: A aucun moment de ma vie, je n’ai eu besoin d’un émoticône AR.
Kristof: Le P20 Pro ne permet pas de créer des émoticônes AR. Cela ne me manque pas.
Suppléments
Els: Ma principale frustration à propos du S9+ réside dans le ’bouton Bixby’. Il se trouve juste en dessous du bouton de volume. Au début, on a à coup sûr tendance à appuyer dessus pour éteindre l’appareil par exemple. Bixby démarre alors, et il faut alors chipoter quelques secondes pour le désactiver. Je ne m’étais plus autant préoccupée d’un assistant depuis le Word Paperclip. Ajoutons cependant qu’il est possible de désactiver ce bouton, même si la procédure exige que vous créiez d’abord un compte pour Bixby, pour ensuite le désactiver. Samsung souhaite clairement qu’on utilise toutes et tous son Bixby, mais n’est-ce pas pousser le bouchon un peu loin? Ce n’est en tout cas pas la façon idéale de présenter un bon assistant.
Kristof: Chez Huawei, on a choisi une capacité de stockage de 128 Go et une mémoire RAM de 6 Go pour le P20 Pro. Ce qui est bon à savoir aussi, c’est que l’appareil supporte d’origine le ‘dual sim’.
Conclusion
Els: Le S9+ est l’un des appareils les plus coûteux en vente cette année, mais c’est aussi l’un des meilleurs. Mis à part l’appareil photo, le S9+ n’a pas été radicalement rénové par rapport au S8 de l’année dernière. L’autonomie de la batterie, l’écran, le design sont pareils. Parmi les nouveautés, c’est surtout l’appareil photo à faible luminosité qui se distingue. Il s’avère vraiment pratique pour réaliser par exemple de jolies photos un soir d’été ou lors d’une petite fête. D’autres extras comme le ralenti sont utiles et bons à prendre, même si cela me semble plutôt un gadget qu’une fonction qui sera souvent utilisée.
Kristof: Le P20 Pro est l’appareil avec lequel Huawei se positionne pour la première fois parmi les acteurs en vue dans le domaine. Il se classe dans le segment supérieur, puisqu’il s’agit d’un appareil premium proposé à un prix premium. A juste titre, à notre avis et ce, surtout grâce à la solide batterie et à l’impressionnante armada des appareils photo! Par contre la puce AI n’est pas parfaite et sur ce point, l’appareil perd quelques points, mais cela n’enlève rien au fait qu’Huawei peut revendiquer qu’avec le P20 Pro, elle peut pleinement concurrencer l’iPhone X d’Apple et le Galaxy S9+ de Samsung. Irions-nous jusqu’à le qualifier de meilleur smartphone disponible pour le moment? Absolument!
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