Antoine Labuche

Digitalisation : les 5 pistes pour une industrie plus “verte”

Antoine Labuche Expert Industrie 4.0 chez 9altitudes (anciennement Ad Ultima Group).

C’est un fait : pour que la Belgique atteigne ses objectifs climatiques fixés à horizon 2030 par l’Europe, il faut décarboner l’industrie. Près de 47% des émissions de gaz à effet de serre du pays sont issues des activités industrielles (énergie, processus et combustion). L’électrification et la décarbonation de la production de chaleur font partie des solutions souvent citées. Mais les technologies numériques aussi peuvent permettre de verdir les usines, et ce tout améliorant la performance du tissu industriel.

Bien ciblés et “orchestrés” dans l’usine, les outils digitaux sont non seulement capables de réduire les consommations d’énergie, mais aussi facilitateurs d’une baisse des besoins en matières, une diminution des déchets. Egalement, ils peuvent avoir un impact positif en termes de rejets de polluants.

Au moins, cinq pistes méritent ainsi d’être étudiées pour en tirer tous les avantages.

A commencer par la simulation numérique. Réalisée en amont, elle va permettre d’évaluer les besoins énergétiques des différents processus de l’usine ainsi que les émissions de CO2 ou polluants, et surtout d’identifier les possibles déperditions et moyens d’optimiser les consommations. Ce levier s’avère aujourd’hui très bénéfique sur les nouvelles installations, et notamment dans l’industrie lourde. En effet, il va non seulement permettre aux opérateurs d’investir dans des équipements performants, d’automatiser des phases industrielles sensibles mais aussi de mieux maîtriser le cycle des matériaux.

l’Industrie 4.0 deviendra plus efficace mais aussi plus sobre et donc plus responsable.

Sur les sites industriels existants, l’installation de capteurs de mesure est sans doute l’une des premières pistes à prendre pour réduire leurs impacts environnementaux. Les données qu’ils vont collectées offrent en effet la possibilité de visualiser précisément et dans le temps les consommations et émissions associées à un atelier, des bureaux, un équipement… Le suivi hebdomadaire ou mensuel est finalement synonyme d’une meilleure maîtrise énergétique, et pourra déboucher sur des actions simples et peu coûteuses (changements d’habitudes et bonnes pratiques) et/ou sur l’identification d’investissements à réaliser.

Parmi les investissements à fort potentiel, le choix du pilotage numérique à distance des procédés industriels s’avère souvent être un pari gagnant. Plus performants et toujours plus sûrs, les logiciels de pilotage sont sources d’agilité pour l’entreprise, mais aussi de gains énergétiques non négligeables.

D’autres outils numériques envisagés sous l’angle “écologique” peuvent contribuer à verdir l’industrie. Les logiciels de Business Intelligence notamment. S’ils permettent d’optimiser les coûts liés aux matières premières et à la logistique, ils peuvent également permettre de mieux utiliser, réutiliser et recycler les matériaux, et réduire le gaspillage. Ils représentent un support tangible pour analyser les flux entrants et sortants de l’usine et réduire, par exemple, l’empreinte carbone liée au transport de marchandises.

Enfin, les outils de maintenance prédictive sont au coeur des leviers de verdissement de l’Industrie. Mieux entretenus, mieux pilotés, les équipements durent plus longtemps. Encore une fois, outre le bénéfice économique, les entreprises y gagnent en responsabilité. Elles remplacent moins souvent des machines dont la fabrication est souvent assez gourmande en ressources (métaux, plastique, énergie, eau…).

Évidemment, le numérique a lui-même des impacts qui doivent être pris en compte. En phase de fabrication et en fin de vie, la consommation d’énergie et de ressources des équipements est plus importante. En phase d’usage, appareils et capteurs digitaux consomment également de l’énergie. Cependant, bien utilisés, leurs gains en termes environnementaux et énergétiques s’avèrent plus importants que leurs impacts. Quoiqu’il en soit, il faudra veiller à bien entretenir aussi ces équipements, afin d’éviter d’avoir à les renouveler trop souvent par exemple.

Pour réussir le pari d’une Industrie moins dangereuse pour l’environnement, il est nécessaire de construire une culture commune entre l’ingénierie numérique et l’ingénierie environnementale. Comme l’a rappelé la Fondation d’un Internet Nouvelle Génération (Fing) dans son agenda pour un futur numérique et écologique, c’est une “ condition” pour que l’usine du futur puisse “tirer parti de la modularité et de l’agilité de l’innovation numérique tout en se pensant comme un maillon essentiel de la transition écologique“. Alors vraiment 4.0, l’Industrie deviendra plus efficace mais aussi plus sobre et donc plus responsable.

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