Des titres exclusifs sur le marché de la diffusion forcent-ils l’auditeur à des téléchargements illégaux?

Beyoncé © .
Wim Kopinga Redacteur DataNews.be

C’est précisément quand on pense que l’industrie musicale a vaincu le piratage que celui-ci refait soudainement surface. L’industrie le doit cette fois à des diffuseurs de musique qui concluent des accords exclusifs avec des artistes.

Tidal a pu la semaine dernière présenter en exclusivité le nouvel album de Beyoncé. Le diffuseur de musique de l’époux de Beyoncé, Jay-Z, possédait déjà les droits exclusifs sur les nouveaux albums de Rihanna, Kanye West et sur l’oeuvre de Prince. Apple Music dispose pour sa part des droits exclusifs sur l’album de Drake – qui tout comme Taylor Swift a choisi exclusivement le géant technologique.

Vous suivez toujours?

Depuis son démarrage en 2008, Spotify a réussi une percée auprès du grand public grâce à sa facilité d’emploi et à ses prix bas. Au lieu d’acheter un album pour vingt euros, des millions de chansons étaient subitement disponibles pour la moitié de ce prix et ce, de manière tout à fait légale. Voilà qui a incité surtout beaucoup de personnes à tourner le dos au piratage et à payer de nouveau pour acquérir de la musique.

Mais qu’en est-il quand votre artiste préféré brille par son absence sur la plate-forme à laquelle vous êtes abonné?

Guère pratique

Vous pouvez alors souscrire un deuxième, voire un troisième abonnement, mais ce n’est pas vraiment pratique car vous n’avez alors plus tout à portée de main dans un seul service et vous devez passer de l’un à l’autre. Une très grande partie du catalogue ne diverge pas d’un service de diffusion à l’autre. Vous n’utilisez dès lors l’appli que si vous voulez écouter un artiste exclusif spécifique.

Le deuxième abonnement ne sera donc guère utilisé sur le smartphone. Voilà pourquoi nombreux sont ceux qui ne souscrivent pas d’abonnement supplémentaire et préfèrent alors en revenir au téléchargement illégal. The Pirate Bay et Kickass Torrents se distinguent encore et toujours dans ce domaine avec des versions exclusives. En l’espace de deux heures, les albums sortis en exclusivité de Beyoncé et Kanye West pouvaient y être téléchargés et figuraient tout en haut des sites torrent. Selon une estimation, The Life Of Pablo de Kanye West a été téléchargé illégalement à 500.000 reprises au cours des premières 24 heures. Il n’en ira pas autrement pour les superstars Beyoncé et Drake.

Il n’y a qu’un seul gagnant dans ces accords exclusifs: le fournisseur du contenu exclusif. L’industrie musicale et le consommateur en sont les dupes. Car la première a effectué une volte face l’année dernière, puisque le numérique a pour la première fois généré plus de chiffre d’affaires que le marché physique.

La musique, plus économique que jamais

Reconnaissons-le: écouter de la musique légale est devenu plus économique que jamais. Mais l’on n’est plus à l’ère des vaches grasses pour les firmes de disques. Il existe d’autres façons de consommer, ce qui fait que la firme de disques ne trône plus sur son piédestal. Les artistes gagnent en outre aujourd’hui majoritairement (beaucoup) d’argent sur scène. La diffusion (streaming) et les ventes de CD représentent d’agréables rentrées pour… arrondir les fins de mois, et peuvent être considérées principalement comme une promotion.

Les services de diffusion tels Tidal et Apple Music ne s’occupent à présent que de leurs propres intérêts. Ils optent pour la croissance à court terme et ne pensent ni à l’artiste qui sera moins écouté, ni au confort de l’auditeur. Cela se traduit par de piètres résultats pour l’industrie musicale et finalement aussi pour eux-mêmes.

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