Des puces des années 60 dans les étoiles

Guy Kindermans Rédacteur de Data News

A présent que, selon la NASA, Voyager 1 a officiellement quitté notre système solaire, des puces des années soixante intégrées à des ordinateurs précoces foncent vers les étoiles.

Le vol de Voyager 1 – et de la sonde spatiale apparentée Voyager 2 – fait partie des plus grands succès de la conquête spatiale à ce jour. Les sondes avaient été lancées, il y a quelque 36 ans. Elles avaient une durée de vie espérée de quatre années environ, ce qui devait leur permettre d’atteindre les planètes lointaines de notre système solaire: les géants gazeux Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Mais elles s’avèrent tellement robustes qu’elles nous font aujourd’hui encore parvenir des informations scientifiques. Il est ainsi encore possible de mesurer la quantité de particules hautement énergétiques et c’est sur cette base que la NASA vient de conclure que Voyager 1 est sortie de l’héliopause, à savoir la zone où l’activité du soleil commence à contrecarrer le fonctionnement des particules de l’espace interstellaire et qui constitue donc la limite extérieure du système solaire. Voyager 1 continue normalement son vol et sera d’ici quelque 40.000 ans à une distance d’1,6 année lumière environ (la distance que parcourt la lumière en 1,6 année à une vitesse de quelque 300.000 km/s). Elle sera donc au voisinage de l’étoile Gliese 445 (AC +79 3888), une mini-étoile rouge. Dans le meilleur des cas, la sonde enverra encore des informations jusqu’en 2025 environ via un appareil scientifique embarqué.

Des puces des ‘sixties’

A bord de Voyager, l’on trouve aussi trois ‘ordinateurs’ – le Flight Data Subsystem (FDS), le Computer Command Subsystem et l’Attitude & Articulation Control Subsystem (AACS, qui maintient l’antenne orientée vers la Terre) – sur base de puces dont le concept date des années 60. Il s’agit de concepts de la série RCA CD4000, qui a vu le jour en 1968 et qui a formé une gamme étendue de puces offrant des combinaisons variées de fonctions. Dans le cas de Voyager, il s’agissait de puces faites sur mesure et réalisées en une couche de silicium sur un substrat en saphir. Ce dernier évite que les flux électriques se propagent aux circuits suite au rayonnement. Ce sont donc des puces résistant au rayonnement (‘radiation hardened’) utilisées dans des applications militaires et dans les sondes spatiales exposées à un puissant rayonnement dans l’espace. L’ordinateur FDS en utilise pour sa part une version caractérisée par une RAM 16 bits à 128 registres et 8096 mots. La ‘vitesse’ atteint un demi-mégahertz environ et quelque 80.000 instructions par seconde. Lors du vol, les systèmes de Voyager 1 ont été régulièrement reprogrammés, comme en 2002. A cette occasion, l’AACS a été réactualisé pour empêcher que l’antenne ne soit plus dirigée vers la Terre. La sonde se trouvait alors déjà une distance double de celle séparant la Terre de Pluton, et un signal radio mettait déjà plus de 24 heures pour atteindre la sonde.

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