Des géants technologiques savent quel contenu porno vous visionnez, même en mode incognito

Els Bellens

Diverses entreprises, dont Google, Facebook, voire Oracle, suivent vos intérêts personnels en matière de visionnement pornographique, même en mode incognito. Voilà ce qui ressort d’une nouvelle étude.

Même si le mode incognito repousse les cookies (mouchards) et l’historique de navigation de votre ordinateur et qu’il est donc particulièrement facile de garder vos intérêts sexuels bien cachés chez vous, ce n’est finalement jamais vraiment une affaire ‘privée’. On le savait déjà suite à une précédente étude, mais cela apparaît de nouveau au grand jour grâce à une nouvelle enquête sur les habitudes de traçage des sites pornos.

Une équipe de chercheurs de Microsoft, de l’université Carnegie Mellon et de l’université de Pennsylvanie ont analysé dans ce but 22.484 sites web pornographiques. Qu’en est-il ressorti? Que 93 pour cent d’entre eux partagent des données d’utilisateurs avec des acteurs tiers. Parmi ces acteurs principaux, on retrouve non seulement les attendues Google, Facebook et les distributeurs de vidéos de sexe, mais étonnamment aussi Oracle et Cloudflare. Les sites tracent les URL que vous visitez, votre adresse IP et votre durée de visionnement. Voilà ce que les chercheurs révèlent dans leur étude.

Il n’est pas étonnant que Google et Facebook veuillent tout savoir sur vous. Ces deux entreprises gagnent en effet de l’argent au moyen de publicités personnalisées et de la création de profils. Les intérêts sexuels n’en sont qu’une énième composante. Par contre, Cloudflare est un hébergeur web, qui tient opérationnels nombre de sites pornos existant de par le monde et donc, le risque est assez grand qu’il accorde de l’importance aux intérêts des utilisateurs en la matière. Quant à l’impact d’Oracle, il est peut-être plus troublant dans la mesure où l’entreprise s’occupe de logiciels et de solutions de bases de données, surtout pour les entreprises. Via des rachats, Oracle a, semble-t-il, ces dernières années aussi accompli le pas vers un large suivi web des consommateurs.

Le traçage sur les sites pornos est monnaie courante, révèle l’étude. Quelque 79 pour cent des pages web examinées envoient en moyenne neuf cookies différents vers des acteurs tiers, alors qu’à peine 17 pour cent des sites semblent sécurisés. C’est navrant dans la mesure où les données relatives aux intérêts sexuels sont (généralement) particulièrement sensibles. Le visionnement de contenus pornos en mode incognito fait en sorte que votre partenaire ne connaît peut-être pas vos ‘penchants’ secrets, mais bien quelques géants technologiques.

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