Des chercheurs de l’université de Cambridge trouvent l’intelligence artificielle ‘trop blanche’

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Michel van der Ven
Michel van der Ven Rédacteur chez Data News.

Des chercheurs de la Cambridge University sont arrivés à la conclusion que les robots au cinéma et les dialectes des assistants virtuels sont essentiellement blancs. C’est comme si, selon eux, les gens d’une autre couleur de peau étaient peu impliqués dans un futur à haute valeur technologique. Les chercheurs plaident donc pour ‘décoloniser’ l’intelligence artificielle.

Les actuelles manifestations et intégrations de l’intelligence artificielle (AI) sont souvent d’un stéréotype blanc, selon les experts du Leverhulme Center for the Future of Intelligence (CFI) de l’université de Cambridge. Ils trouvent que cette image blanche de l’AI doit être contestée. ‘L’image actuelle n’augure pas d’un avenir post-racial, mais d’un futur dans lequel les gens de couleur n’ont tout simplement pas leur place’, déclarent ces chercheurs.

Supérieur et puissant

Selon les chercheurs, l’intelligence artificielle se colore principalement de blanc, parce qu’elle repose sur des caractéristiques du passé ‘légitimées par le colonialisme et la ségrégation’: intelligence supérieure, professionnalisme et puissance. ‘Comme la société a associé des siècles durant l’intelligence et les Européens blancs, il fallait s’attendre à ce que si cette culture était invitée à concevoir une machine intelligente, elle en fasse une machine blanche’, explique Kanta Dihal, qui dirige au CFI le programme Decolonising AI.

‘Les gens font confiance à l’AI pour prendre des décisions. Il y a en effet l’idée, selon laquelle l’AI est moins faillible que l’humain. Dans les cas, où des systèmes sont présentés comme blancs, cela peut avoir des effets dangereux pour les gens qui ne le sont pas’, ajoute Dihal.

Une scène du film I, Robot.
Une scène du film I, Robot.© 20th Century Fox

Assistants virtuels

L’une des interactions les plus fréquentes avec la technologie AI s’effectue aujourd’hui via des assistants virtuels dans les smartphones, haut-parleurs connectés et voitures intelligentes notamment. ‘Tous ces produits parlent par défaut l’anglais de la classe moyenne blanche’, précise encore Dihal. Selon elle, l’idée d’ajouter des dialectes noirs a toujours été rejetée parce que trop controversée ou ‘en dehors du groupe-cible’.

Les chercheurs observent en outre que tous les résultats de recherche non-abstraits en matière d’AI avaient soit des caractéristiques caucasiennes, soit littéralement la couleur blanche. ‘De Terminator à Blade Runner, de Metropolis à Ex Machina, tous ces personnages sont interprétés par des acteurs blancs ou apparaissent comme blancs à l’écran. Les androïdes faits de métal ou de plastique ont eux aussi des caractéristiques blanches. Même l’AI non matérielle, de HAL-9000 jusqu’à Samantha dans le film Her, a la voix blanche’, conclut Dihal. Et de citer comme l’une des rares exceptions la série télévisée Westworld, dans laquelle les personnages AI ont différentes couleurs de peau.

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