Des capteurs belges capables de prévoir l’écroulement de ponts

Le pont autoroutier écroulé à Gènes © .

‘Pourquoi reconstruire quelque chose quand on peut éviter son effondrement?’ Voilà en résumé plus ou moins la philosophie de la jeune entreprise bruxelloise Zensor. Avec – bien entendu – des capteurs et une analyse de leurs données, l’entreprise est capable de détecter exactement quand un pont, un tunnel ou une courroie transporteuse menace de rendre l’âme, ce qui permet d’intervenir à temps.

‘Des éléments – bâtiments et infrastructures – s’usent trop rapidement’, estime Yves Van Ingelgem. ‘On construit quelque chose, qui s’effondre et qu’il faut donc rebâtir. Ce n’est pas possible. Il serait nettement préférable de détecter en temps voulu les problèmes posés par les structures et installations, afin qu’on puisse intervenir pour les rendre plus efficientes et sûres. C’est précisément ce que nous voulons faire avec Zensor: prolonger la vie de choses construites par l’homme. Afin que des accidents comme l’effondrement du pont de Gènes n’arrivent plus.’

Comment? Une combinaison de capteurs, de collecte de données et de leur analyse génère des prévisions en matière d’usure et permet d’imaginer des solutions en temps voulu. ‘Chaque installation intègre plusieurs types de capteurs mesurant les vibrations, les déformations, la température et d’autres paramètres. Les données ainsi obtenues sont alors soumises à un algorithme qui évalue s’il y a un risque de dégât ou non’, explique le fondateur. ‘La plus-value que nous offrons en comparaison avec d’autres startups qui tentent de détecter des problèmes, c’est que nous nous basons non seulement sur des données massives (‘big data’) qui génèrent de la connaissance au moyen de l’apprentissage machine, mais aussi sur la simple physique. Cela nous donne une longueur d’avance dès le départ. De plus, nous précédons aussi la concurrence en étant une entreprise multi-aspect prenant en compte non seulement les vibrations ou les déformations, mais les deux et bien d’autres paramètres encore.’

Nous nous basons non seulement sur les données massives, mais aussi sur la simple physique. Pour beaucoup d’éléments, nous savons en effet ce qu’ils peuvent supporter, avant de casser, ce qui évite à l’ordinateur d’encore intervenir sur ce point.

Zensor est actuellement active dans deux segments verticaux. ‘D’une part, nous travaillons sur les infrastructures de production telles les ponts roulants, courroies transporteuses, automates, dégauchisseuses, mais nous contrôlons aussi de près des infrastructures critiques comme des ponts, des tunnels, des aéroports,…’, apprend-on. ‘C’est ainsi que l’aéroport de Schiphol est l’un de nos plus grands projets. Nous ciblons aussi la spécificité du bien, car il n’y a pas de solutions passe-partout.’

‘Nous utilisons un modèle en deux phases’, explique Van Ingelgem. ‘Le client paie d’abord un coût d’agencement pour installer tous les capteurs et tout autre matériel sur le site. Ensuite, il souscrit un abonnement pour suivre la structure concernée mois après mois. Nous sommes entre-temps actifs au niveau commercial depuis cinq ans et avons des commandes en Belgique, mais aussi des projets aux Pays-Bas, en France, en Espagne, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Parmi nos clients, il y a de grands noms tels Besix, Arcelor-Mittal, Umicore, Infrabel,… Nous devenons donc progressivement une firme mature, c’est évident.’

Quoi de plus logique donc que Zensor pense progressivement aux prochaines étapes. ‘A présent, nous voulons miser résolument sur la croissance, surtout en France et en Allemagne. Pas parce que ces pays sont proches, mais parce qu’on y trouve la plus forte concentration de clients potentiels. Dans un premier temps, cela exige pas mal de ventes directes, même si nos canaux d’inbound marketing commencent ces derniers mois à rapporter de plus en plus. A terme, nous voulons aussi vendre en concluant des partenariats, mais pour l’instant, nous ne savons pas encore très clairement quelles entreprises seraient de logiques partenaires pour nous.’

Van Ingelgem et son associé Maarten Durie ont fondé Zensor avec leurs propres moyens et ont accueilli assez rapidement un business angel à bord. ‘Celui-ci préfère rester discret’, nous dit-on. ‘Mais conjointement avec un fonds allemand, cela nous a valu plus d’un million d’euros de capital. Nous avons aussi obtenu un joli subside de 500.000 euros d’Innoviris, mais maintenant, il est temps de passer à une prochaine phase qui, nous l’espérons, devrait nous rapporter trois millions d’euros, idéalement du capital-risque ou de l’argent intelligent (‘smart money’). Il est toujours intéressant que ce soit quelqu’un qui sache ce que nous faisons aujourd’hui ou qui connaisse le marché sur lequel nous opérons.’

Zensor

Siège social: Bruxelles

Nombre d’associés: 2

A la recherche de capital supplémentaire?: Oui, 3 millions d’euros recherchés

Site web: www.zensor.be

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