Décès de McCarthy, pionnier en intelligence artificielle et nuage

Guy Kindermans Rédacteur de Data News

John McCarthy a initié des domaines comme l’intelligence artificielle, il a prévu le nuage (‘cloud’) et il a réalisé un travail de pionnier en informatique. Il avait 84 ans.

John McCarthy a initié des domaines comme l’intelligence artificielle, il a prévu le nuage (‘cloud’) et il a réalisé un travail de pionnier en informatique. Il avait 84 ans. Le monde ICT vit des heures pénibles. Après la mort de Steve Jobs et de Dennis Ritchie, voici maintenant que nous quitte John McCarthy à l’âge de 84 ans (1927 – 2011). Depuis la fin des années cinquante, il fut l’un des fondateurs de l’intelligence artificielle (AI).

Mathématicien de formation, il formula en 1955 le projet d’une étude portant sur la façon dont les machines peuvent simuler des processus tels que l’apprentissage ou d’autres aspects de l’intelligence, ce qu’il symbolisa par l’expression ‘intelligence artificielle’. Plus tard, il fonda l”AI Lab’ conjointement avec Marvin Minsky au MIT, qu’il transféra ensuite à l’université de Stanford (SAIL).

Dans le cadre de ses recherches, il créa Lisp (LISt Processing), le plus ancien langage de programmation supérieur après Fortran. Il développa aussi entre autres le concept de ‘garbage collection’, aujourd’hui pierre angulaire d’environnements tels Java. Au fil du temps, Lisp influença une large gamme de langages avec, après un recul dans les années nonante, une renaissance depuis 2000. C’est ainsi que Lisp a laissé des traces dans des langages comme Smalltalk, Forth, Haskell et Logo, mais aussi Dylan (un langage créé chez Apple), JavaScript et Ruby. De Lisp même, deux dialectes principaux sont encore utilisés aujourd’hui, à savoir Common Lisp et Scheme. Un langage comme Clojure est aussi considéré comme un dialecte de Lisp.

McCarthy fut aussi à la base de l’ordinateur en tant qu’infrastructure partagée. En 1961, il affirma lors du centenaire du MIT que l’ordinateur serait un jour proposé comme un instrument d’utilité publique, à l’image du téléphone. Les utilisateurs ne paieraient que les services dont ils bénéficieraient et une industrie se constituerait, où les abonnés se proposeraient mutuellement des services. Il s’agit là d’une description particulièrement réaliste de l’actuel concept du nuage, de sorte que McCarthy peut être considéré également comme un pionnier du ‘cloud’.

Au MIT, il collabora au ‘project MAC’ pour la réalisation d’un exemple précoce d’un système de partage du temps (time-sharing) d’utilisation générale. Ce qui est intéressant, c’est qu’il a aussi prévu des développements comme l’achat et la vente via l’ordinateur, ce qui est connu aujourd’hui sous l’appellation e-commerce. Cela a inspiré notamment Whitfield Diffie (à l’époque à l’université de Stanford) pour son travail sur la cryptographie publique.

Comme tous les esprits visionnaires, McCarthy s’est aussi parfois lourdement trompé. On lui a ainsi reproché de surestimer trop souvent les possibilités de l’AI, mais aussi son optimisme surdimensionné quant à savoir quand tout ce qu’il prédisait en la matière allait être disponible. Cela se traduit aujourd’hui souvent encore par une solide dose de scepticisme vis-à-vis de tout le phénomène de l’AI. Il était aussi tellement convaincu des avantages d’un dispositif informatisé central d’utilité publique que dès la percée du PC, il conseilla aux membres du ‘Homebrew Computer Club’ (dont Jobs et Wozniak) de plutôt créer un ‘home terminal club’.

Au cours de sa vie, McCarthy fut mis à l’honneur et récompensé par des distinctions comme le Turing Award, la National Medal of Science, la Franklin Medal et le prix Kyoto (le troisième à en bénéficier).

John McCarthy est décédé à Stanford, Californie, suite à des complications résultant d’une maladie cardiaque.

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