De lourdes peines de prison pour les pirates du port d’Anvers

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Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Les trois informaticiens belges, qui ont pénétré par effraction dans les systèmes informatiques d’entreprises portuaires pour en sortir de la drogue, écopent de 3 à 8 ans de prison. Le juge n’a pas cru à leur histoire, selon laquelle ils étaient menacés et malmenés par un gang de trafiquants de drogue.

Le tribunal d’Anvers a prononcé lundi les peines à l’encontre de dix-huit membres d’un gang de trafiquants de drogue, qui avait introduit en fraude deux tonnes de cocaïne et une tonne d’héroïne via le port d’Anvers. Les deux chefs de la bande se sont vu infliger des peines de prison de 15 et 13 ans, mais n’ont pas encore pu être arrêtés. Ils ont probablement fui en Turquie. Les trois hackers belges qui avaient été utilisés par le gang, écopent eux de peines allant de 3 à 8 ans de prison.

Piratage des systèmes informatiques d’entreprises portuaires

L’enquête judiciaire complexe, baptisée ‘Ocean’s Thirteen’ du nom de l’organisation criminelle, avait démarré en 2011, après une série de vols de containers contenant des métaux précieux. Lorsqu’en 2012, d’autres chargements moins coûteux comme des brocolis, furent aussi détournés, les enquêteurs se mirent à soupçonner que de la drogue était cachée dans ces containers. Ce qui était étonnant, c’est que les containers étaient à chaque fois réceptionnés au moyen du code pin exact, ce qui ne pouvait signifier que les systèmes informatiques des entreprises portuaires avaient été piratés. Pour les entreprises, qui possédaient une meilleure sécurité informatique, la bande procéda par intrusion. C’est fin 2012 que la bande fut arrêtée.

En 2010, le spécialiste IT Filip Maertens entra en contact avec le chef du gang turc Orhan Adibelli, au départ pour lui donner une formation en cyber-sécurité. Maertens qui, précédemment déjà (en 2008) avait lancé Zalloo, une startup VoIP, déclara ne rien soupçonner, parce qu’il espérait qu’Adibelli allait investir dans sa nouvelle startup Argus Labs. En 2013, Filip Maertens parvint du reste à attirer Samsung à son bord, et en 2014 s’ensuivit une nouvelle phase de capitalisation. Finalement, Maertens fut écarté dans l’attente du procès, et Argus Labs adopta alors une piste davantage B2B. L’entreprise s’appelle à présent Sentiance.

‘Bernés, menacés et brutalisés’

Filip Maertens et les 2 autres spécialistes IT qu’il utilisa – dont Davy Van de Moere, un collègue de chez Zalloo, puis de chez Mondial Telecom -, ont toujours soutenu qu’ils avaient été bernés par la bande. Au moment, où il était clair qu’ils devaient maîtriser les codes pin des containers, il était trop tard pour faire marche arrière, selon eux. Filip Maertens a toujours maintenu qu’ils avaient été mis lourdement sous pression par le gang, avant d’être menacés, voire brutalisés: cette histoire avait même été relayée par la presse internationale en 2015 et de manière étoffée par l’agence Bloomberg Business sous le titre très évocateur ‘The Mob’s IT Department’.

Le juge a déclaré lundi ne pas croire à cette histoire. Son verdict est dès lors sévère. Filip Maertens, qui avait été le premier à être approché par la bande, se voit infliger 8 ans de prison ferme et une amende de 42.000 euros. Les deux informaticiens auxquels il fit appel, ont reçu chacun trois ans de peine de prison et une amende de 18.000 euros. Les chefs de la bande, Orhan Adibelli et Ahmet Okul, eux, se sont vu infliger des peines d’emprisonnement de 15 et 13 ans et des amendes respectives de 90.000 et 78.000 euros. Les deux hommes ont fui en Turquie.

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