Dans une lettre ouverte, des journaux critiquent l’ordonnance ePrivacy

Andrus Ansip © REUTERS

Dans une lettre ouverte adressée à la Commission européenne, un groupe de 33 journaux et éditeurs dénoncent la prochaine ordonnance ePrivacy. Une mesure par laquelle les utilisateurs peuvent désactiver le traçage (‘tracking’), transférerait surtout des données vers les principaux géants technologiques.

L’ordonnance ePrivacy entrerait en vigueur en 2018 et mettrait entre autres fin à la prolifération des mouchards (cookies). Les éditeurs à l’initiative de la lettre ouverte se font cependant davantage de souci à propos des changements apportés aux paramètres de confidentialité dans les navigateurs. La mesure planifiée permettra en effet aux internautes d’indiquer via leur navigateur qu’ils ne veulent plus être suivis.

Dans la lettre, les auteurs signalent qu’ils approuvent certes le but de l’ordonnance, à savoir le ‘nettoyage’ de l’économie numérique et la restauration de la confiance des consommateurs quant à la façon dont leurs données sont traitées. Ils craignent toutefois que la mesure signifie avant tout que les utilisateurs donnent uniquement aux principaux géants internet accès à leurs données, et pas aux organisations d’actualité individuelles plus petites.

“Les organisations d’actualité utilisent aussi des données générées par les utilisateurs et ce, en vue d’améliorer leurs produits et de proposer des articles intéressants”, peut-on lire dans la lettre ouverte, qui a été publiée par le journal Frankfurter Allgemeine entre autres.

S’il devient possible de désactiver tout le traçage effectué par les mouchards de tiers au moyen d’un simple paramètre de navigateur global, les auteurs de la lettre estiment qu’il y aura plus de risques que cette possibilité ne soit pas offerte à des organisations d’actualité individuelles. Et comme toujours plus de gens s’informent essentiellement par le biais d’agrégateurs tels Google et Facebook, les rédacteurs de la lettre s’attendent à ce que beaucoup de personnes leur confient encore leurs données. C’est ainsi que les données des citoyens de l’UE se retrouveraient entre les mains de quelques grands acteurs, surtout américains, ce qui serait grosso modo l’inverse de ce que la Commission européenne prétend vouloir. Or le commissaire en charge des affaires numériques Ansip avait précédemment déjà affirmé qu’il préférait juguler leur puissance.

La lettre a été cosignée par 33 sociétés de médias et journaux, dont des acteurs belges tels le Persgroep et Mediahuis (Data News et Knack appartiennent au Roularta Media Group, ndlr).

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