Dans l’attente palpitante d’un message de Jack

Jack © .

“We used to wait”, chantait Arcade Fire, il y a quelques années, dans une ode à la bonne vieille communication analogique par courrier. En ces temps de messagerie instantanée, la jeune entreprise wallonne Jack tente de faire revivre ce sentiment d’attente palpitante: l’expéditeur peut en effet, lors de son envoi, déterminer quand le destinataire sera réellement à même de lire son texte. “L’on m’appelle un précurseur, mais je crois vraiment qu’internet est prêt pour une telle démarche”, affirme le fondateur Jack Abrams.

“C’est devenu un terme passe-partout: ‘jack me’ ou ‘envoyez-moi un jack'”, déclare en souriant Abrams à propos du service. Non pas qu’il voulait absolument donner son nom à son invention. “Ce fut l’idée de Mountainview qui co-définit ma stratégie numérique, mais au début, je n’en avais absolument pas envie.”

Mais il changea d’avis au fil du temps. “J’ai perdu mes parents dans un accident d’avion, lorsque j’avais trois ans”, explique Abrams. “Depuis lors, j’ai continué d’espérer recevoir une fois encore un petit mot de leur part. C’est possible à présent avec Jack car vous pouvez postdater vos messages de dix années dans le futur.”

Cela vous semble fou? “Et pourtant, n’en était-il pas toujours ainsi avant?”, se défend Abrams. “Vous envoyiez une lettre et étiez forcé d’attendre, le stress au ventre, une réponse. C’est précisément ce sentiment que je veux recréer à présent aussi sur internet avec une appli de messagerie vous permettant de déterminer vous-même quand le destinataire recevra votre message. Aussitôt dit, aussitôt fait: “Je peux désormais envoyer par SMS ou whatsappen ‘j’ai envie de te voir’ à ma douce et tendre, mais je sais qu’elle est probablement en voiture ou encore au travail. Le risque est donc grand que mon message n’ait guère d’impact sur elle. Mais si elle ne le reçoit qu’en soirée, qu’elle peut le lire calmement chez elle, cela lui fera nettement plus plaisir.”

Ce faisant, Jack va carrément à l’encontre du caractère instantané d’internet, ce dont est bien conscient le CEO: “Mais je crois fermement qu’internet est prêt pour cette démarche. Il est bon d’attendre, aujourd’hui plus que jamais. L’on me qualifie d’avant-gardiste, de précurseur, mais en même temps, il y a aussi pas mal de personnes qui y croient. En même pas une demi-année, nous avons déjà attiré quelque 8.000 utilisateurs en Belgique, qui ont envoyé conjointement 27.000 messages environ. Nous savons également que nous avons des utilisateurs sur chaque continent, mais leur nombre n’est évidemment pas encore significatif. Notre tâche à l’avenir sera de l’amplifier.”

Voilà qui explique pourquoi Abrams a pris l’avion au début du mois pour se rendre à Dublin au Web Summit, en quête d’investisseurs supplémentaires: “Nous comptons en partie sur l’aspect viral en vue de développer une communauté d’utilisateurs – c’est pourquoi vous pouvez envoyer un message Jack à tous les contacts de votre liste, qui recevront à leur tour un simple SMS les invitant à installer l’appli -, mais pour accélérer la croissance, nous entendons aussi miser sur le marketing: Facebookleads, Googleads,… Mais tout cela a un coût évidemment.”

Jusqu’à présent, 1 million d’euros ont été investis dans Jack. Vingt personnes connues de Jack ont injecté de l’argent dans l’entreprise et en détiennent une action. Quel est le modèle commercial? C’est encore vague. Abrams: “A l’avenir, nous demanderons peut-être un montant très modique – de l’ordre de dix cents – pour les messages à long terme. Voyez cela plutôt comme une sorte de garantie que dans, disons, une dizaine d’année, nous veillerons encore et toujours à ce qu’ils arrivent à leurs destinataires. Mais en réalité, je ne me fais provisoirement guère de souci: nous pouvons encore tenir le coup avec ce million. Ce qui m’importe à présent, c’est surtout de voir croître le nombre d’utilisateurs. De la publicité? Non merci. Mais je vois quand même des possibilités pour les messages géo-localisés que l’on ne peut ouvrir que si l’on se trouve à l’endroit voulu. Nous avons déjà travaillé ainsi pour une présentation du tout nouveau modèle BMW.”

Passeport

Appellation: Jack

Siège social: Lasne

Effectifs: 20 associés, 8 collaborateurs

Capital: à la recherche d’investissements supplémentaires d’un montant indéterminé

Site web: www.youhaveajack.com

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