“D’ici trois ans, vous pourrez venir essayer le premier hyperloop”

Dirk Ahlborn, ceo Hyperloop Transportation Technologies © Pieterjan Van Leemputten
Pieterjan Van Leemputten

Où en est donc le projet hyperloop? Selon Dirk Ahlborn, CEO d’Hyperloop Transportation Technologies, tout sera prêt pour déployer le nouveau système de transport qui s’avérera plus économique que le train ou le métro. Nous avons quand même quelques doutes à ce propos.

“Il n’y a aucune liaison ferroviaire au monde qui soit rentable”, affirme Ahlborn au début de son discours thématique prononcé lors de Bosch Connected World. Le ton est ainsi donné: Hyperloop Transportation Technologies (HTT) a l’ambition de transformer les transports publics, ce qui est bien nécessaire, selon lui, si l’on considère les voies largement désuètes sur lesquelles nos trains et métros se déplacent.

“L’une des raisons pour lesquelles nous pourrons être non seulement plus économes, mais aussi rentables, c’est le fait que nous produirons nous-mêmes de l’énergie. Mais notre système sera aussi plus avantageux à l’usage. Que pensez-vous de trente dollars pour un déplacement entre San Francisco et LA (quelque 500 kilomètres, ce qui représente une petite heure de vol, ndlr).” Cette énergie proviendra entre autres du soleil, qui ne manque pas en Californie l’été. “Et cette évolution se poursuivra. L’énergie alternative sera chaque année de meilleure qualité et plus économique!”

Ahlborn, un Allemand qui habite actuellement à Los Angeles, nous parle alors des énormes embouteillages que connaît la ville: “L’endroit où vous habitez, conditionne aujourd’hui le choix de votre lieu de travail, voire de vos rendez-vous. Si la personne que vous voulez rencontrer, habite de l’autre côté de la ville, il n’est tout simplement pas possible que vous vous voyiez régulièrement.”

Plus large que l’arrière-train d’un cheval

Le CEO d’Hyperloop Transportation Technologies considère le transport dans un tube sous vide comme la version moderne du train qui, selon lui, est resté en grande partie identique depuis cent ans. Son entreprise ambitionne de faire fi des grandes distances. Mais elle réfléchit aussi à des liaisons urbaines privées plus lentes (inter-banlieues).

“Les voies font aujourd’hui 1,435 mètre de largeur. Il y a une raison à cela. L’infrastructure est littéralement basée sur la largeur de l’arrière-train d’un cheval! Il faut changer cela, l’élargir, et on pourra déplacer plus de gens de manière plus sûre. Nous disposons déjà de la technologie. Nous pouvons créer des pylônes, ainsi que des tubes sous vide sans problème. Avec le Large Hadron Collider (l’accélérateur de particules), on le fait constamment, et une partie de cette équipe travaille aussi pour nous.”

Il nous faut apporter ici la nuance, selon laquelle Ahlborn, lors de son discours à Bosch Connected World, a surtout promu son nouveau moyen de transport. Il n’avait pas le temps de répondre aux questions, alors que des éléments tels que les prix et les trajets concrets en sont encore à un stade particulièrement précoce. Mais il insiste sur le fait que l’hyperloop sera bien une réalité et qu’il sera rentable.

“Nous lançons d’ores et déjà l’invitation: d’ici trois ans, vous pourrez venir essayer le premier hyperloop.” Cela nous amènerait donc à 2020. Cette année magique au cours de laquelle, selon divers oracles technologiques, le monde accueillera la 5G, et les voitures autonomes entreront dans le domaine public. Nous sommes quelque peu sceptiques, ne serait-ce que parce qu’un hyperloop commercial ne serait pas prêt avant une décennie, pour reprendre les déclarations faites par l’entreprise elle-même, il y a deux ans. Mais le projet existe bel et bien.

Ahlborn: “Nous avons débuté en 2013. Fin 2014, nous avons mené à bien une étude sur la viabilité de l’hyperloop. Aujourd’hui, plus de quarante entreprises sont activement occupées dans ce domaine. Nous possédons nous-mêmes des filiales en Espagne, en France, en Tchéquie, aux Emirats Arabes Unis, en Slovaquie,… Nous effectuons à présent une étude de viabilité en Indonésie.

Des tickets? Pas forcément!

Alhborn ne veut à coup sûr pas être une entreprise de transport traditionnelle. Dans son discours, il prétend que nombre de concepts que son entreprise passe en revue, trouvent leur origine dans le financement participatif: “Nous recevons des suggestions idiotes, mais parfois aussi des pistes de réflexion géniales. Y aura-t-il encore besoin de tickets papier? Et la vente de tickets est-elle vraiment la meilleure façon de gagner de l’argent ou existe-t-il d’autres sources de rentrées? Nous surfons en moyenne 50 minutes par jour sur Facebook, et c’est gratuit. Mais nous nous trouvons souvent plus longtemps dans la voiture ou le train et là, personne ne tente de nous amuser contre paiement.”

Les pylônes sur lesquels l’hyperloop traversera le paysage, devront aussi être multifonctionnels. “Nous pourrons y intégrer des ruches ou des jardins verticaux.” Il est clair qu’Ahlborn n’a pas peur de rêver et continue de marteler combien l’hyperloop, qui était initialement une idée d’Elon Musk, sera un moyen de transport différent et meilleur. Vivement dès lors 2020 pour pouvoir nous rendre à bord d’une voiture autonome jusqu’à une gare hyperloop…

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