Bruno Segers

‘Coteries numériques’

Bruno Segers Bruno Segers est CEO de la Start-up IrisPact SA; il a été à la tête de RealDolmen et Microsoft en Belgique: il a occupé différentes fonctions locales et internationales chez Lotus, IBM et Oracle et il est administrateur au sein de plusieurs sociétés belges innovantes.

Le CIO of the Year de Data News est enfin connu. L’occasion de révéler le dessous des cartes.

Le CIO of the Year de Data News est enfin connu. Ce qui était voici 20 ans une initiative timide baptisée ICT Manager of the Year est devenu un prestigieux CIO of the Year. Seuls l’Entreprise de l’Année et le Manager de l’Année font mieux que cette grand-messe du secteur informatique.

Découvrir la Couronne

L’occasion de révéler le dessous des cartes. Découvrir la Couronne est un crime de lèse-majesté dans notre pays, et un membre du jury de Data News devait à l’époque du rédacteur en chef Baudouin Elleboudt, colonel de réserve aux Guides, jurer sur la tête de sa femme et de ses enfants qu’il emporterait dans sa tombe les secrets de la délibération. Peu de choses semblent avoir changé puisque le CIO de l’Année est à nouveau un homme. En dépit des pétitions, manifestations et même menaces des #femmesdepouvoir, la rédaction de Data News a présenté au jury une liste de 5 hommes. Baudouin serait fier de ses troupes actuelles.

L’occasion de révéler le dessous des cartes

Baudouin nous a en effet quitté bien trop tôt et les langues se délient désormais. Pour beaucoup, les enfants ont quitté le foyer et certains en sont à la deuxième ou troisième femme. Et le lait battu et les petits pains de l’époque de la néerlandaise VNU ont été remplacés par une dégustation à la Michelin ou Gault et Millau lors de la délibération du jury. Tandis que la villa avec piscine de l’avenue du Houx, sans oublier sa fameuse cave à vins, font définitivement partie du passé. De même que cette légendaire réplique d’un fameux professeur qui proposait de jouer aux fléchettes pour départager deux candidats ayant obtenu exactement le même nombre de points.

Plus professionnel

Au final, les Néerlandais pragmatiques en ont eu assez de ces bacchanales et ont revendu cette perle de Data News à Roularta. Immédiatement, tout fut à nouveau plus professionnel. L’ICT Manager Contest a été rebaptisé CIO of the Year, un événement bien plus glamour et paillettes puisque les médias détenaient le pouvoir. Mais derrière les écrans, les choses avaient changé. La villa a fait place à un local sobre dans les bâtiments de Roularta, le Dom Pérignon a été remplacé par du cidre, le foie gras par du pain et le vin par de l’eau. Seuls le crayon et les fiches papier ont été conservés. Des concepts comme le coût total de propriété et l’alignement métier ont fait leur apparition, de même que par la suite elevator pitch, lean & mean et burn rate. Et comme l’informatique a perdu son aura, d’aucuns veulent déjà rebaptiser le CIO of the Year en CDO of the Year.

Le fossé numérique existe toujours

Pour moi néanmoins, pas question de chief digital officer, mais bien de chief disruption officer. Car numérique est devenu un substantif et non plus un adjectif. #WeAreDigital et numérique doivent devenir à la fois un substantif et un verbe. Un verbe pour tous. Car le fossé numérique existe toujours. Autrefois, il était question d’avoir. Avoir un ordinateur, avoir accès à l’internet, etc. Aujourd’hui, tout est question de connaissance et d’usage. Alors que nos enfants n’ont rien connu d’autre qu’une TV ou un téléphone numérique, beaucoup sont encore trop centrés sur le passé et n’ont pas assez pris conscience de l’impact de la technologie – ou ne voient pas suffisamment. Ce sont ces personnes pour lesquelles numérique est toujours un adjectif et qui voient le nouveau monde comme une copie numérique de l’ancien.

#MotICTdel’Annee

C’est pourquoi après obésité numérique, chinisation, numéripoliste, selfie, hinssianisme, twinking et crowdf**cking, je choisis ‘coterie numérique’ comme #MotICTdel’Annee pour ce mois de novembre. La coterie numérique apparaît lorsque l’on numérise des processus existants sans penser à l’innovation et au changement. Laissons la technologie faire son oeuvre. ‘Eliminate the middleman’ promet la chaîne de blocs. Alors qu’en Belgique, le milieu de terrain traditionnel s’active à construire une telle coterie numérique. Nous avons raté le train de l’eID et de l’e-commerce. Allons-nous également rater celui de la chaîne de blocs ?

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