Comment l’Euro 2016 va mettre la pression sur ‘notre’ internet

© Belga
Pieterjan Van Leemputten

L’Euro de football est en quelque sorte la grand-messe des fans du ballon rond. Mais pour les gestionnaires de réseaux, c’est un véritable challenge car quiconque ne regarde pas les matchs chez lui ou au café, recourt à la diffusion (streaming). Et cela se fait massivement.

Inutile de vous expliquer que nous consommons toujours plus les médias en ligne de façon mobile. Les grands événements sportifs y prennent souvent une place prépondérante. Quiconque est à son travail ou en déplacement durant ces événements, n’a pas accès à la TV et recourt donc à son smartphone, sa tablette ou son ordinateur portable pour se tenir informé.

Cela se traduit par un solide trafic de données. Lors de la Coupe du Monde de football en Afrique du Sud (2010), il était déjà question d’1 térabit par seconde pour un match important. Lors de la Coupe du Monde au Brésil, le match le plus important avait généré 6,9 Tbps de données. Pour l’Euro actuel, l’on atteindra les 10-13 Tbps et lorsque la flamme olympique sera allumée, l’on en arrivera probablement à 15-18 Tbps.

“L’on constate que toujours plus de personnes utilisent des appareils mobiles, mais deviennent de plus en plus exigeants aussi. Aujourd’hui, l’on veut une bonne qualité tant sur son smartphone que sur des appareils plus grands. Il en résulte que la vitesse en bits augmente et que la consommation de données totale s’envole littéralement”, explique Tim Vereecke, senior solutions engineer chez Akamai. Son entreprise veille à ce que les grandes quantités de données soient distribuées de manière fluide dans le monde entier.

L’Euro 2016 n’est évidemment qu’un exemple de pic internet. Mais le volume de données global ne va faire que s’amplifier. C’est ainsi que le pic chez Akamai est aujourd’hui de 33 Tbps. “Actuellement, 2,5 milliards de personnes regardent encore la TV. Si demain, elles suivent tout en ligne, l’on atteindra les 25.000 Tbps. Ce sera un énorme changement, et je n’exclus pas que nous en arrivions là.

Aussi à la VRT flamande

En Belgique, le canal Sporza de la VRT par exemple diffuse régulièrement des matchs sur son site. Pour une diffusion normale, il est question de 0,264 à 1,296 Mbps (en fonction de la qualité de l’image). Pour les événements de cet été, l’on va mettre en oeuvre une plate-forme séparée permettant d’atteindre de 0,265 à 2.628 Mbps. “Pour les événements de top niveau comme cet été avec l’Euro et les Jeux Olympiques, l’on prévoit donc une plate-forme offrant une qualité supérieure avec des ‘testing & backup-streamers’ étendus”, explique Koen Quintelier de DPC, operations & services à la VRT.

La finale de Roland Garros a été suivie par cinq mille personnes. Les rencontres des Belges lors des éliminatoires de l’Euro avaient attiré 43.000 utilisateurs. Mais pour les matchs des Diables Rouges à l’Euro, la chaîne publique s’attend à soixante mille personnes.

Nouveaux modèle de distribution

Les importantes diffusions internationales exigent une autre approche, selon Vereecke. C’est ainsi que son entreprise réfléchit à un modèle de TCP et d’UDP, deux protocoles internet. TCP convient parfaitement pour la fiabilité et la fourniture de paquets de données, alors qu’UDP est capable de diffuser d’importants volumes. Une autre méthode consiste à ‘pusher’ à l’avance du contenu vers l’appareil. “Si l’on peut estimer que des milliers d’appareils mobiles solliciteront certaines vidéos lors de pics, il est possible de les envoyer à des moments plus calmes.” Il nous faut cependant apporter ici la nuance, selon laquelle que ce n’est évidemment pas possible pour les événements diffusés en direct.

Une troisième amélioration s’avère possible en misant davantage sur le ‘peer2peer’ (poste à poste). Cette technique autrefois populaire de diffusion illégale de films et de musique se prête parfaitement au transfert de vidéos en direct localement dans une ville par exemple. “Nous disposons aujourd’hui déjà de la technologie. L’on dispose de ‘streams’ de 100 Kbps chez un certain nombre d’utilisateurs, que nous combinons pour offrir une belle expérience de reproduction. Si l’on veut diffuser aujourd’hui en 4K, il faut procéder quasiment de la sorte.”

Vereecke fait aussi observer une différence dans ce genre d’événements. “Lors de la Coupe du Monde, beaucoup de matchs se déroulaient la journée. L’on constatait alors qu’un match était souvent diffusé au travail à 15 heures. Pour les rencontres du soir, les gens regardaient chez eux. Par analogie, il y a moins de ‘streaming’ le week-end que durant la semaine.”

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