Analyse | Actualité

Clubhouse: des millions d’utilisateurs, mais guère d’options de confidentialité

.
Els Bellens

Clubhouse, la nouvelle appli sociale en vogue pour les entretiens audio, semble réitérer toutes les erreurs de celles qui l’ont précédée et est actuellement un véritable cauchemar pour la confidentialité de ses utilisateurs.

L’appli se trouve encore en phase bêta, tout en ayant déjà des millions d’utilisateurs et une valeur d’un milliard de dollars environ dans les cercles d’investisseurs. Clubhouse, une plate-forme sociale consacrée principalement aux conférences audio, est occupée à croître très rapidement. L’appli en vogue ne fonctionne actuellement que sur invitation, mais quiconque souhaite amplifier son statut social en y ayant recours, renoncera à une bonne part du respect de sa vie privée.

Au café ou en conférence

Au lieu de partager des idées à l’aide de texte, de photos ou de clips vidéo, Clubhouse permet à ses utilisateurs de prendre part à des conversations en direct sur différents canaux. D’assez petites ‘rooms’ (pièces) souvent privées peuvent ainsi s’assimiler presqu’à des entretiens sympas entre amis. Et des canaux plus amples offrent une sorte de combinaison de podcasts et de conférences avec quelques orateurs qui prononcent leur discours, alors que les participants lèvent la main pour poser des questions.

L’appli ne fonctionne pour l’instant que sur iOS, et la jeune pousse, qui est à son initiative, occupe neuf personnes et y a investi cent millions. Clubhouse aurait quelque deux millions d’utilisateurs actifs par semaine et progresserait rapidement. Elle y parviendrait en rapatriant des listes de contacts et en les transformant en invitations. L’appli permet à l’utilisateur de suivre des gens, alors qu’il est lui-même suivi: le genre de réseau auquel nous sommes habitués aujourd’hui, du fait qu’il est utilisé par beaucoup d’autres médias sociaux. Ce qu’on voit cependant s’améliorer chez les autres, c’est le contrôle offert à l’utilisateur.

Guère de paramètres de confidentialité

Quoi qu’il en soit, Clubhouse demande un accès complet à votre liste de contacts, avant que vous puissiez inviter quelqu’un. L’appli fonctionne via votre numéro de téléphone et affiche chaque membre de votre liste de contacts qui se trouve déjà sur Clubhouse. Elle vous demande d’envoyer des invitations aux personnes qui ne s’y trouvent pas encore et vous fait aussi parvenir un message si quelqu’un y répond favorablement, afin que puissiez le saluer. C’est là plus ou moins comment la plupart des médias sociaux fonctionnent.

Des rapports vous permettent aussi de trouver des gens, même si vous n’avez pas d’accès à votre liste de contacts. Comme vous recevez des messages à propos de tous les membres de votre liste de contacts, avec la proposition de les suivre, il suffit alors que vous vous trouviez dans la liste de quelqu’un d’autre pour le voir directement se manifester en tant que suiveur. Tout membre en possession de votre numéro de téléphone peut donc vous voir dans Clubhouse, même si vous ne voulez pas forcément lui parler ou si vous préférez qu’il ne sache pas ce que vous êtes en train de faire. Un paramètre pour bloquer ce genre de chose n’existe cependant pas encore.

A partir de zéro

La confidentialité personnelle n’est pas précisément un élément auquel Clubhouse a pensé dès le début, semble-t-il. Et ce, malgré dix années d’exemples d’autres applis qui ont véritablement commis déjà toutes les erreurs possibles. Facebook, qui fut longtemps très agressive dans sa volonté de faire croître son réseau, mais par exemple aussi d’autres… patients consultant le même psychiatre que ‘des gens que vous connaissez peut-être’, en ont entre-temps tiré des leçons. Le géant technologique vous permet en outre de créer un compte, sans y relier votre numéro de téléphone.

Clubhouse semble en tout cas mettre les priorités ailleurs. Mais l’appli se trouve donc encore en phase bêta et en plein développement. L’entreprise a déjà fait l’objet de critiques pour ses outils de modération – ou le manque de ceux-ci -, ce qui fait que la désinformation et les messages haineux ont pu rapidement se propager sur le réseau. Elle y travaille à présent. Espérons donc que l’appli apprendra vite des erreurs de celles qui l’ont précédée, et se mette sérieusement à prendre la confidentialité au sérieux. En attendant, veuillez en tenir compte, avant de donner suite à une invitation.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire