Ceysens: “L’achat de trophées IT n’est pas tenable”

“La région wallonne a déboursé de gigantesques montants pour attirer Microsoft et Google en Wallonie. Mais l’achat de trophées n’est pas tenable à terme.” Voilà ce qu’a notamment déclaré aujourd’hui la ministre flamande de l’innovation, Patricia Ceysens, lors de la conférence Think Tomorrow à Bruxelles. “On ne peut quand même pas à chaque fois injecter des millions dans la création d’une poignée de postes de travail. L’argent du contribuable doit être utilisé d’une meilleure manière.”

“La région wallonne a déboursé de gigantesques montants pour attirer Microsoft et Google en Wallonie. Mais l’achat de trophées n’est pas tenable à terme.” Voilà ce qu’a notamment déclaré aujourd’hui la ministre flamande de l’innovation, Patricia Ceysens, lors de la conférence Think Tomorrow à Bruxelles. “On ne peut quand même pas à chaque fois injecter des millions dans la création d’une poignée de postes de travail. L’argent du contribuable doit être utilisé d’une meilleure manière.”

Tout le monde sait aujourd’hui que Google est en train de construire un centre de données dans le Hainaut et que Microsoft a récemment annoncé qu’elle allait ouvrir un département de recherche à Mons. “Le petit miracle de Mons”, titrait la presse francophone de façon quasi-euphorique. La ministre flamande de l’innovation, Patricia Ceysens (Open VLD), est cependant nettement moins enthousiaste. Noblesse oblige, naturellement.

“Du point de vue politique, c’est merveilleux de pouvoir présenter ce genre de projets symboliques, mais pour une croissance durable de la région, cela ne signifie pas grand-chose, sinon rien”, a expliqué la ministre à Data News. “La région wallonne a déboursé énormément d’argent pour attirer Microsoft et Google en Hainaut, ce que l’Europe accepte dans cette région, mais je pense que c’est là une erreur stratégique que d’investir autant d’argent dans si peu d’emplois. Ce n’est pas tenable à terme.”

Ceysens croit néanmoins dans la franchise économique du gouvernement wallon. “La Wallonie a assurément besoin de ces symboles, et toute sa démarche a pour but de stimuler la dynamique de la région, mais en Flandre, ce ne serait pas possible.”

La ministre préfère le modèle irlandais au modèle wallon: “En Irlande, on a réduit l’impôt des sociétés à 12 pour cent. C’est nettement plus efficace pour la prospérité économique d’une région que d”acheter’ des entreprises avec des subsides. En Flandre, nous tentons de créer un climat favorable pour toutes les entreprises, peu importe leur notoriété. Le terroir économique doit être bon, si l’on veut créer une croissance durable.”

Quelques minutes plus tôt, Ceysens avait plaidé dans son discours pour un plus grand esprit d’entreprise en Flandre. Et de pointer un doigt accusateur vers les universités. “De la R&D en veux-tu, en voilà, c’est bien, mais il faut de temps à autre que le tiroir-caisse fonctionne. En tant que source d’informations, les universités flamandes ne représentent que 4 pour cent de l’ensemble des innovations. C’est nettement trop peu. Le débat sur le transfert technologique doit être relancé. Toute notre compétence et notre connaissance doivent être mises sur le marché et très vite.”

Ceysens s’est référée ici au lecteur MP3: “Cette technologie a été développée en Allemagne, mais c’est Apple qui en a recueilli les fruits financiers. Dans les objectifs de Lisbonne de l’UE, on n’évoque par ailleurs que la recherche et le développement (R&D). Alors qu’il faut aussi parler de l’esprit d’entreprise. Nous préparons déjà une nouvelle recommandation pour la Commission européenne et lors des toutes prochaines renégociations sur les contrats de gestion avec les universités flamandes, le transfert technologique et l’attention accordée à l’utilisateur seront l’un des points importants à l’agenda.”

Le ministre wallon de l’Economie et de l’Emploi, Jean-Claude Marcourt (PS), a qualifié de “très déplaisants” les propos de la ministre flamande de l’Innovation, Patricia Ceysens (OpenVld). “Dans la vie, il y a des personnes qui se félicitent des succès des autres, puis il y a les mauvais perdants”, a déclaré le ministre Marcourt dans une réaction à l’agence Belga. “Je n’ai jamais critiqué les succès économiques de la Flandre”, a-t-il ajouté en soulignant que Madame Ceysens sait que ces aides ont été octroyées dans le cadre des règles européennes.

Pour Patricia Ceysens, c’est une “erreur stratégique que d’investir autant d’argent dans si peu d’emplois”. A cela, Marcourt répond que Microsoft et Google ne sont que deux exemples parmi d’autres.

Et le ministre de citer le cas du nouveau studio d’animation wallon, les investissements chez Johnson & Johnson (plus de 300 emplois) et chez Fedex (plusieurs centaines d’emplois) ainsi que le nouvel établissement de Baxter. “Et cela, sans aide de la Région wallonne, car hors zone de développement”, a-t-il précisé.

De plus, la Wallonie figure au cinquième rang en terme d’attractivité pour les entreprises étrangères, selon un classement établi par le Financial Times, a encore rappelé le ministre Marcourt. Bref, pour ce dernier “la Région wallonne bouge”.

“Je suis heureux quand la Flandre résout ses problèmes”, a-t-il conclu en invitant Mme Ceysens à se réjouir de l’amélioration de la situation dans le sud du pays.

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