Belgacom adresse des reproches à l’IBPT

Belgacom invite une fois encore l’IBPT à “réaliser une analyse correcte du marché belge du haut débit”. Selon Belgacom, le régulateur ne tient pas compte de la nouvelle recommandation européenne dès à présent en vigueur. Son exigence d’ouvrir le réseau VDSL2 est par conséquent “une décision absurde basée sur une analyse totalement erronée”, affirme très sèchement l’entreprise.

Belgacom invite une fois encore l’IBPT à “réaliser une analyse correcte du marché belge du haut débit”. Selon Belgacom, le régulateur ne tient pas compte de la nouvelle recommandation européenne dès à présent en vigueur. Son exigence d’ouvrir le réseau VDSL2 est par conséquent “une décision absurde basée sur une analyse totalement erronée”, affirme très sèchement l’entreprise.

Indigné, Patrice d’Oultremont, ‘vice-president regulatory’ chez Belgacom, n’y va pas par quatre chemins: “Belgacom n’est pas prête d’accepter un règlement qui ne correspond pas à la réalité du paysage actuel. L’analyse de l’IBPT repose sur des chiffres nationaux, alors qu’il existe des écarts géographiques importants entre les communautés. Si l’on envisage le marché de la vente au détail de l’internet à haut débit, la part de Belgacom y est effectivement de 45%, alors que l’internet par le câble représente quelque 40%. Les opérateurs (ADSL) alternatifs possèdent, eux, une part de 15%. Mais là où l’IBPT est complètement à côté de la plaque, c’est que la situation en Flandre est totalement différente. Là, c’est Telenet qui domine le marché avec 52%. Belgacom suit avec 36% de part de marché, et le reste est réparti entre les opérateurs alternatifs. C’est grâce à la part de marché de Wallonie/Bruxelles (58%) que Belgacom est le principal opérateur national.”

Le fait que le réseau VDSL2 doive pour cette raison être ouvert, est tout à fait injustifié, selon d’Oultremont: “VDSL2 représentait pour nous un investissement risqué (plus de 377 millions d’euros) que nous avons consenti avant tout pour pouvoir concurrencer pleinement la télévision par le câble. S’il n’y avait pas eu un monopole sur le câble, nous n’aurions tout simplement pas dû consentir cet investissement. Pourquoi donc les opérateurs alternatifs devraient-ils à présent pouvoir utiliser notre nouveau réseau pour proposer l’internet à haut débit plus rapide?”

Concrètement, Belgacom espère encore que l’IBPT va revoir sa copie, mais l’opérateur historique tient cependant déjà clairement compte qu’en janvier prochain, la décision définitive pourrait lui être négative. “Dans ce cas, nous envisagerons certainement d’aller en appel et de demander un ajournement”, déclare Francky De Coninck, ‘director regulatory affairs’, qui aborde aussitôt un autre point sensible: “L’IBPT nous rogne les ailes pour ce qui est des prix au niveau de la vente au détail. De son côté, Telenet ne doit pas se justifier sur ce plan. Cela ne nous empêche pas d’être l’acteur dominant sur le marché flamand de l’internet. Sur le segment de la télévision, Belgacom n’a pas encore atteint une part de 5% sur le marché flamand. Nous sommes donc le challenger. Et n’est-ce pas précisément là qu’intervient la régulation?”

“Telenet est ignorée dans l’actuelle régulation”, se plaint d’Oultremont. “Cela a toujours été ainsi. Lorsque l’Union européenne a démantelé la boucle locale en 2000, il n’était pas question du câble. Dans l’UE, il y avait simplement trop peu de pays où le câble était déjà aussi développé qu’en Belgique.” “Mais la nouvelle recommandation européenne intègre bien la possibilité de reprendre n’importe quelle technologie dans la définition du marché”, poursuit De Coninck qui reproche même à l’IBPT une attitude hypocrite. “L’on y parle depuis 4 à 5 ans déjà de la pression concurrentielle du câble et maintenant qu’on a l’opportunité d’y faire quelque chose, rien ne se passe une fois de plus.”

Selon De Coninck, des causes politiques entrent aussi en ligne de compte: “La télévision est du ressort des Communautés. L’internet en grande partie aussi. Seul l’e-mail dépend strictement des compétences fédérales. Entre-temps, il existe bien, depuis septembre, un accord de collaboration, mais il n’en reste pas moins que les régulateurs communautaires, CSA, VRM et Medina, n’ont pas grand-chose à dire. En raison d’un manque de main d’oeuvre, de temps et d’expertise, ils ne sont pas en état de prendre des décisions en matière conceptuelle, et l’IBPT fait fi de leurs conseils.” Pour Belgacom, l’IBPT serait peut-être aussi aux prises avec un problème existentiel, s’il décidait d’analyser le marché au niveau régional plutôt que national. Car quel rôle serait-il alors encore dévolu à un régulateur fédéral? Bref: voilà encore une histoire typiquement belge…

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