Atos Worldline perd le combat Bancontact-MisterCash

Les banques belges n’ont pas choisi Atos Worldline, mais bien le SIX Group suisse pour la fourniture et l’exploitation du coeur du nouveau système de paiements Bancontact-MisterCash.

Les banques belges n’ont pas choisi Atos Worldline, mais bien le SIX Group suisse pour la fourniture et l’exploitation du coeur du nouveau système de paiements Bancontact-MisterCash.

Les banques belges n’ont pas choisi Atos Worldline pour la fourniture et l’exploitation du coeur du nouveau système de paiements Bancontact-MisterCash. Le contrat a en effet été attribué au SIX Group suisse. Voilà qui renforce la position des concurrents d’Atos, notamment Keyware.

Sous la pression de la Commission européenne, les systèmes de carte tels Bancontact-MisterCash doivent s’adapter aux règles du marché uniformisé des paiements, le Single Euro Payments Area ou SEPA. L’une des conditions, c’est qu’ils ne pourront plus ni fixer les spécifications du modèle de carte, ni prendre en charge le traitement des transactions.

Pour y répondre, les propriétaires de Banksys ont en 2006 vendu leurs activités de traitement à la française Atos Worldline. Dans la pratique, le modèle Bancontact-MisterCash était cependant encore et toujours si spécifique que seule Atos Worldline pouvait traiter efficacement les transactions.

Cela va à présent changer. Après de longues hésitations, les cinq propriétaires du système de carte Bancontact-Mister Cash – BNP Paribas Fortis, Belfius, ING Belgique, Banque KBC et Axa Bank Belgium – ont décidé en février 2011 d’adapter Bancontact-MisterCash aux exigences de SEPA. L’un des éléments-clés ici est le “switch”, l’infrastructure qui coordonne les messages de paiement entre, d’une part, la banque du négociant et, d’autre part, la banque du titulaire de la carte. Ce contrat a été attribué au SIX Group suisse, comme le confirme Kris De Ryck, chief executive officer de la S.A. Bancontact-Mister Cash.

Un concurrent inattendu Selon une source bien informée, les propriétaires de Bancontact-MisterCash se sont néanmoins donné la peine d’accorder à Atos Worldline le contrat du ‘switch’. Dans la demande d’offre, il était en effet stipulé que le futur fournisseur devait pouvoir traiter non seulement le nouveau système de carte compatible SEPA, mais aussi l’ancien système Bancontact-MisterCash. Ce n’était pas une nécessité. Traditionnellement, ce type de changement de système de carte est réglé en traitant les nouvelles cartes sur un nouveau système et en supprimant progressivement les anciennes cartes sur l’ancien système. L’exigence, selon laquelle le même acteur devait pouvoir aussi traiter les anciennes cartes Bancontact-MisterCash, faisait de manière quasiment sûre qu’Atos Worldline empocherait le nouveau contrat.

C’était donc sans compter avec SIX Group et sa Payment Services Division. Début 2009, SIX avait pris une participation de 50 pour cent dans l’entreprise luxembourgeoise de traitement de cartes Cetrel. Celle-ci collaborait étroitement avec Banksys depuis le début des années ’90 et possédait ainsi le savoir-faire du système Bancontact-MisterCash. En outre, l’offre de SIX Group était plus intéressante.

Cela signifie qu’Atos Worldline perd sa mainmise sur le traitement des cartes Bancontact-MisterCash. En concurrence avec d’autres, le groupe pourra encore proposer tous les autres services de part et d’autre du ‘switch’. Du côté du commerçant, il s’agit de la livraison de terminaux de paiement, l’acceptation du paiement et le règlement avec la banque du commerçant (‘acquiring’). Du côté du titulaire de la carte, il s’agit du règlement avec la banque du consommateur (‘issuing’). Mais il est clair que les concurrents d’Atos Worldline dans le domaine des terminaux de paiement – surtout Keyware et CCV – se trouvent à présent dans une position nettement moins inconfortable qu’avant, lorsqu’ils éprouvaient beaucoup de mal à élaborer une offre compétitive pour le traitement des transactions Bancontact-MisterCash.

Il faudra encore attendre quelque peu avant que le nouveau système soit opérationnel. “Le but est que la nouvelle infrastructure soit prête d’ici la mi-2013 et que de nouveaux acteurs soient accueillis”, déclare Kris De Ryck de Bancontact-MisterCash. Il s’attend à ce que “d’ici la mi-2014, l’ancienne technologie disparaisse complètement du marché”.

Qui est SIX Group? Le SIX Group appartient à quelque 150 banques suisses et étrangères et est le résultat d’une fusion en 2008 entre SWX Group (activités boursières), SIS Group (services en matière de valeurs) et Telekurs Group (informations financières et transactions de paiement). Outre la luxembourgeoise Cetrel, SIX a en 2009 également racheté une autre entreprise de traitement de transactions, autrichienne celle-là. Le groupe est actif dans 23 pays et a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires d’1,05 milliard d’euros. Un tiers environ, 335 millions d’euros, est à mettre au compte de la division des paiements qui occupe quelque 1.100 personnes. Le reste du chiffre d’affaires provient de l’exploitation de la plate-forme boursière suisse, de services de ‘clearing & settlement’ internationaux et de services d’informations financières.

Les comparaisons avec Atos Worldline sont malaisées. Avec ses 913 millions d’euros de chiffre d’affaires et ses 5.125 collaborateurs, le groupe français est quasiment trois fois plus grand que SIX. Les deux groupes évoquent un peu moins de trois milliards de transactions dans le domain des paiements.

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