7 citations technologiques que nous ne voulons plus entendre en 2017

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Pieterjan Van Leemputten

Les grandes annonces vont souvent de pair avec de grandes déclarations. Mais malgré la sortie de produits et tendances passionnants, on a en 2016 aussi entendu des choses à première vue intéressantes, mais qui finalement ne ressemblaient à rien. Un florilège:

“We don’t live in an era of change, but a changing of era’s”

Cette citation est à mettre au compte notamment d’un banquier belge et d’un directeur d’une entreprise IT américaine. Dans les deux cas, ils évoquaient les changements rapides dans le secteur de l’IT, dans le sens de l’internet des choses, de l’intelligence artificielle, des données massives (big data) et bien d’autres encore.

Mais est-ce bien correct? L’intelligence artificielle va certes changer notre façon de travailler et d’interagir avec les ordinateurs, mais l’ère des ordinateurs est déjà bien avancée, comme celle d’internet du reste, voire celle de l’interaction sociale par le truchement de l’ordinateur (merci, Facebook!).

Les développements technologiques de ces dernières années constituent, aussi étonnamment que cela puisse paraître, surtout une nouvelle étape dans l’IT, en combinaison avec la connectivité et la communication. Jusqu’à ce que les robots s’emparent de la société et nous traitent comme leurs sous-fifres, nous resterons donc encore un peu à l’ère actuelle: celle de l’homme qui créer des ordinateurs toujours plus sophistiqués.

“Le client est prioritaire”/”It’s all about the customer”

Une entreprise qui n’accorde pas la priorité à son client ou qui n’essaie à tout le moins pas de le satisfaire, peut fermer ses portes. Si votre entreprise veut engranger du bénéfice, le client doit être sa priorité absolue. Le fait d’avoir entendu cette phrase à plusieurs reprises nous incite surtout à nous poser la question de savoir ce qu’une entreprise pourrait faire d’autre.

Il y a évidemment d’autres parties prenantes dans une entreprise, comme les employés, les partenaires et les actionnaires dans lesquels une entreprise stable doit aussi investir. Mais cela impressionne moins le grand public.

Ne dites pas produit, mais ‘solution’

Ce n’est pas là une citation proprement dite, mais bien une tendance de ces dernières années. ‘Solution’ est un terme nettement plus agréable à entendre que ‘produit’. C’est qu’une solution vous aide à aller de l’avant, alors qu’un produit est quelque chose que l’on acquiert en payant. Pour info, une solution se paie aussi, et si elle est un service, on la paie sans doute aussi longtemps qu’on l’utilise.

Nous voulons concéder ce petit plaisir aux entreprises, même si nous continuons de nous demander pourquoi certains produits nécessitent encore et toujours autant de consultance, d’implémentation et de maintenance, avant de devenir réellement des solutions.

” Nous sommes l’Uber/l’AirBnB/le Tesla de…”

Combien de fois n’avons-nous pas entendu pareille comparaison de la part d’entreprises, même débutantes, et nous pouvons parfaitement le comprendre. Tesla, Uber et AirBnB sont des exemples de modèles commerciaux ou de technologies révolutionnaires dont on ne pourra dans l’avenir plus se passer.

Mais en réalité, la plupart des entreprises qui font cette comparaison 1) sont loin de disposer d’autant d’argent qu’Uber, 2) ne sont pas présentes de la même manière au niveau planétaire qu’AirBnB, et 3) ne possèdent pas un CEO aussi totalement déjanté, mais aussi hyper-intelligent et entrepreneur de série génial qu’Elon Musk. Il y a quelques années, c’était du reste encore Google et Facebook qui figuraient dans ce genre de citation.

Dans le cas d’Uber, il nous faut encore ajouter que l’entreprise a déjà perdu des milliards de dollars et a été rappelée à l’ordre dans plusieurs pays, dont la Belgique, par la Justice ou la législation en vigueur.

Dans la même catégorie, on trouve aussi: “Nous sommes la Silicon Valley de…”, mais ici pour les villes et parcs d’entreprises.

“Cela permet aux entreprises d’économiser pas mal d’argent”

Chaque fois qu’une entreprise renouvelle sa gamme de produits (pardon, de solutions), on apprend qu’en utilisant le produit X, une entreprise doit acheter moins d’autres produits, investir moins d’heures de travail et peut en faire bien plus que ce qu’elle a pu faire au cours de la décennie précédente.

Loin de nous l’envie de nier que les nouveaux produits fonctionnent en général mieux et plus rapidement que leurs prédécesseurs. Mais en suivant ce raisonnement, on en arriverait quasiment à croire que l’on peut chaque année économiser trois millions en en dépensant un. Du moins jusqu’à l’année suivante, quand on pourra économiser six millions en en investissant deux.

Notre conseil: attendez l’année prochaine car il y aura alors peut-être quelque chose d’encore mieux. Mais tenez compte aussi de l’anguille inattendue sous la roche. Ce système ultra-perfectionné sera-t-il compatible avec votre infrastructure existante? Le gain promis sera-t-il également d’application sur votre infrastructure ou modèle commercial? Vous accrocherez-vous aux licences de votre fournisseur? Ou pourrez-vous y renoncer rapidement, s’il augmente subitement les prix de ses services?

“Nous ne concurrençons pas notre *principal rival*, mais une *appli de start-up*”

Cette citation est comparable à ‘Nous sommes l’Uber de…’ et vise surtout à faire comprendre aux clients ou aux investisseurs que l’entreprise ne veut pas se mesurer aux grands rivaux existants, mais aux nouveaux acteurs en vogue susceptibles de dominer le marché d’ici quelques années.

C’est en soi une bonne chose car les entreprises doivent prendre conscience que leurs challengers ne se trouvent pas forcément dans leur propre segment vertical. Mais la réalité, c’est que la jeune pousse (start-up) emporte moins de… bagage et peut donc se déplacer plus rapidement dans d’autres directions. Pour les entreprises en place, une refonte exige nettement plus d’énergie que pour une jeune pousse sans anciennes lignes de produits, IT héritée ou obligations de présenter des chiffres trimestriels. Loin de nous donc de laisser tomber complètement cette citation, mais tout comme dans le cas de la promesse d’économies ci-avant, il ne faut pas s’arrêter aux bonnes intentions.

“La transformation numérique, c’est…”

Numérisation, digitalisation, disruption: tous des termes qu’on va encore entendre souvent ces prochaines années. Certes, ils sont importants, mais on nous en rabat tellement les oreilles qu’il nous arrive de douter qu’une entreprise va effectivement se transformer numériquement ou a à tout le moins incorporer quelques mots à la mode dans son business plan.

Sur base de ce qu’on a entendu ces douze derniers mois, la numérisation n’est pas un produit. Ce n’est pas davantage une solution car le terme digital ne signifie pas nécessairement que les commandes vont débouler. Elles arriveront cependant plus aisément et plus cool, bref autrement.

Ce qui est important pour votre entreprise, peut différer totalement de ce qu’un futurologue, un acteur IT, voire un concurrent direct préconise. Examinez si une technologie du genre IoT, nuage, big data ou intelligence artificielle sera utile dans votre entreprise. Soyez pragmatique, mais ne perdez pas la tête devant une vaste gamme (souvent encore inconnue). Dites oui à la numérisation, mais pas à tout ce qui recèle des termes en vogue.

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