11.162 ménages belges encore aux prises avec des vitesses internet préhistoriques

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Le rapport sur la qualité d’internet en Belgique met en évidence quelques informations intéressantes. C’est ainsi notamment que la Belgique est le seul pays de l’UE à proposer des abonnements commerciaux caractérisés par une limite de données et que notre pays recense encore des milliers de ménages où on n’atteint même pas une vitesse internet d’1Mbps.

Le rapport de l’IBPT passe en revue les réseaux fixes et mobiles chez nous. Ci-après, nous nous intéresserons davantage aux premiers cités.

La grande majorité de la population belge bénéficie de vitesses allant jusqu’à 200 Mbps ou plus. Seuls 201.000 ménages n’atteignent pas cette limite. Si on met la barre à 100 Mbps, on arrive à 138.000 familles. Par souci de clarté, sachez qu’il s’agit ici de la vitesse accessible, quel que soit l’opérateur. La vitesse réelle peut donc être inférieure en fonction du fournisseur et de l’abonnement.

Si on prend en considération les vitesses les plus basses, le nombre de ménages diminue évidemment. C’est ainsi que 70.000 familles n’atteignent pas 50 Mbps et 47.000 même pas 30 Mbps. Cette dernière valeur est en 2021 le seuil minimal où on peut encore parler d’un internet rapide.

1 à 10 Mbps

Malheureusement, il y a aussi quelques dizaines de milliers de ménages qui s’en tirent encore moins bien. 31.000 d’entre eux n’atteignent en effet même pas dix mégabits par seconde. Il s’agit de 7.000 ménages flamands, 24.000 ménages wallons et 366 ménages bruxellois. Si on descend encore, on trouve 17.285 ménages qui, dans le pire des cas, n’atteignent même pas 1 Mbps. A cette vitesse, il devient difficile de surfer sur l’internet actuel. Il ne faut même pas penser au streaming vidéo. Si on répartit ces valeurs par région, cela concerne 5.785 ménages flamands, 11.162 wallons et 365 bruxellois.

L’IBPT fait observer que les vitesses les plus basses concernent surtout la région wallonne et qu’elles sont fortement liées à la densité de la population. C’est logique dans la mesure où dans les zones densément peuplées, il est par rapport aux rentrées plus économique d’y déployer un réseau ou d’y investir. Mais il y a aussi un inconvénient: les endroits où les vitesses sont aujourd’hui les plus basses, seront aussi probablement les dernières à être équipées de la fibre optique, si elles peuvent un jour y prétendre.

Vitesse (de la fibre optique) et limites de données

Le consommateur qui recherche aujourd’hui une connexion internet, se rend directement compte des différences entre les réseaux. Avec l’actuel réseau cuivré de Proximus, on atteint au maximum 100 Mbps. Avec les réseaux câblés de Voo et de Telenet, on arrive à 1 Gbps. Pour sa part, le réseau à fibre optique de Proximus offre cette même vitesse (et une vitesse ‘upload’ nettement plus élevée de 100 Mbps), mais son déploiement est actuellement encore pleinement en cours et le réseau est donc loin d’être disponible partout.

Même si les abonnements classiques sont aujourd’hui sans limite de données, l’IBPT fait observer que notre pays est le seul dans l’UE où est commercialisé l’internet fixe à limite de données mensuelle. Il s’agit de Scarlet Poco (50 Go), Telenet Easy Internet (150 Go), Proximus Internet Start (100 Go) et Voo Solo Light (100 Go). Orange est le seul acteur n’offrant pas d’abonnement à limite de données, même si tous les acteurs proposent des abonnements sans limite.

La Belgique est par tradition un pays où les limites de données sont maintenues depuis pas mal de temps. Aujourd’hui, 20 pour cent des clients possèdent encore un abonnement à volume limité. En guise de comparaison: en 2016, on en était à 38 pour cent, selon l’IBPT.

Il nous faut cependant faire remarquer ici que le sans limite existe à peine. Quasiment tous les opérateurs pratiquent une politique d’usage loyal ou raisonnable (‘fair use policy’) restreignant la consommation extrême. Chez Telenet, Orange et Proximus, il est question de 3 To par mois. EDPnet ne pratique aucune limite, aussi longtemps que les autres clients n’en éprouvent pas de difficultés. Chez Voo, il n’y a pas de restriction.

Pannes

Les différents opérateurs se distinguent aussi au niveau de la durée de résolution des pannes. Sur ce plan, Proximus obtient étonnamment le pire score. Comme critère, l’IBPT recourt au nombre d’heures nécessaires à résoudre quatre-vingts pour cent des pannes. C’est Orange qui est le meilleur élève de la classe avec 17,5 heures. L’opérateur utilise le réseau câblé de Telenet, ce qui peut probablement expliquer que nombre de pannes ne sont pas directement liées à Orange.

Voo (48,5 heures) et Telenet (45 heures) mettent environ deux jours pour résoudre la plupart des pannes, mais Proximus et Scarlet (tous deux sur le même réseau) font nettement moins bien avec pas moins de 93 heures pour corriger le tir.

Voilà qui mérite cependant quelques nuances. L’IBPT insiste lui-même sur le fait qu’il s’agit de pannes pour lesquelles c’est l’opérateur qui est responsable. En même temps, les données proviennent des opérateurs, ce qui fait qu’il n’y a aucune garantie de précision. Les chiffres fluctuent aussi fortement. Les données susmentionnées se rapportent à la première moitié de 2021. Il y a deux ans, Voo et Telenet par exemple faisaient nettement moins bien. Du reste, la notion de panne est également largement interprétable. Se retrouver sans internet est par exemple beaucoup plus grave qu’un ralentissement du net ou que de brèves interruptions.

Proximus même fait nettement mieux avec les nouveaux clients. Le nombre de plaintes endéans les deux semaines suivant une connexion se situe à 1,2 pour cent. Chez sa filiale Scarlet, on en est même à 0,1 pour cent. Chez Voo, on atteint 3,1 pour cent et chez Telenet et Orange 4,6 pour cent. Il apparaît que Proximus fait mieux qu’il y a deux ans, alors que les plaintes ciblant Telenet et Orange ont doublé en l’espace de deux ans.

Le réseau cuivré appelé à disparaître

En marge du rapport, on peut aussi lire que le réseau cuivré de Proximus va disparaître progressivement à terme. Il en sera ainsi cinq ans après le déploiement de la fibre optique dans un quartier. Après quatre ans, aucune nouvelle connexion ne sera plus possible.

Le premier lieu où tel sera le cas, sera l’avenue Anspach à Bruxelles et ce, à partir du 31 mars 2022, après que Proximus y ait en 2016 déployé ses premiers projets de fibre optique. En tout, le réseau cuivré sera désactivé en 2022 dans 14 quartiers. En 2023, 17 autres viendront s’y ajouter. Ce nombre augmentera probablement au cours des années suivantes au fur et à mesure que le réseau FTTH de Proximus sera actif en davantage d’endroits.

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