Nutanix veut poursuivre sa croissance en misant sur la migration de VMware et sur l’IA
Vous avez dit étonnant? Le CEO de Nutanix, Rajiv Ramaswami, en était à peine à deux minutes dans son discours thématique qu’il prononçait déjà le nom VMware. Lors de la conférence Nutanix .NEXT tenue à Barcelone, l’entreprise s’est profilée une fois de plus en tant qu’alternative pour les clients de VMware qui se ruent vers la sortie.
C’est compréhensible dans la mesure où le rachat de VMware par Broadcom offrirait une fameuse opportunité à une entreprises telle que Nutanix. Mais le fait que le nom VMware soit quasiment sur toutes les langues à Barcelone, avait quand même quelque chose d’étrange. Par moment, les autres nouvelles passaient réellement au second plan. Qu’une conversation à propos de Nutanix mène ces jours-ci quasi automatiquement à VMware, on le savait certes depuis quelque temps déjà. Si le rachat de VMware par Broadcom faisait déjà froncer les sourcils, les plans concrets de Broadcom à l’égard de VMware provoquent à présent une grimace forcée dans de très nombreux cas.
Broadcom met les clients de VMware au pied du mur, selon eux. L’entreprise redessine si complètement la gamme, les modèles financier et de partenariat de VMware que les clients risquent de s’en aller en masse dans les années à venir. Selon Gartner, 90.000 des 300.000 clients de VMware, soit quelque 30 pour cent de sa base en place, sont déjà à la recherche d’une alternative. ‘Ces entreprises n’ont pas tant un problème avec le rachat lui-même’, explique Sven Schoenaerts, Director Channel Sales pour le nord-est de l’Europe chez Nutanix. ‘Mais bien avec le changement unilatéral de prix qui s’ensuit.’
Le timing est primordial
Pour une entreprise comme Nutanix, qui compte actuellement 25 000 clients, l’exode de chez VMware représente une énorme opportunité. ‘Bien sûr que ces 90.000 entreprises ne viendront pas toutes chez nous’, ajoute Sven Schoenaerts. ‘Mais toutes celles qui veulent franchir le pas, sont les bienvenues. ‘Il y a des entreprises qui peuvent s’estimer chanceuses. Elles ont renouvelé leur contrat avec VMware juste avant que la nouvelle du rachat soit connue. Elles pourront continuer à travailler aux ‘anciennes’ conditions pendant encore trois ans, ce qui leur donnera suffisamment de temps pour se préparer à un changement.’
Pour de nombreuses autres entreprises, le timing semble moins favorable. Si elles n’acceptent pas les nouvelles conditions fixées par Broadcom, elles devront prévoir un changement plus ou moins dans l’immédiat. ‘Ces entreprises peuvent également choisir Nutanix’, explique Sven Schoenaerts. ‘Même si pour nous, la plus grande opportunité réside principalement dans les organisations qui ont maintenant quelques années pour se préparer minutieusement à leur migration.’ Il ne s’agit du reste pas seulement de grandes entreprises. ‘Nous proposons également pour les plus grandes PME une solution basée sur une structure modulaire. Avec un investissement limité, elles pourront déjà acquérir une expérience de type cloud dans leur propre centre de données. C’est donc très différent de Broadcom, où il faut tout prendre en même temps.’
Remplacement de plusieurs hyperviseurs
Les entreprises qui se demandaient comment gérer au mieux la migration de VMware vers Nutanix, ont pu s’inspirer à Nutanix. NEXT de l’histoire de Boyd Gaming. Cette firme gère 28 casinos dans une douzaine d’états américains, dont un certain nombre à Las Vegas. ‘Nous travaillons dans un secteur complexe’, affirme le CIO Gregg Lowe. ‘Des règles différentes s’appliquent dans chaque état.’ L’environnement IT s’avère également assez compliqué avec cinq mille serveurs et plusieurs milliers d’appareils connectés, tels que des kiosques de jeux, des terminaux de paiement aux tables de jeu, etc.
Boyd Gaming s’est tournée vers Nutanix avant même que le rachat de VMware ne soit connu. ‘Nutanix AHV s’est avéré le meilleur hyperviseur pour notre entreprise’, précise Gregg Lowe. Boyd Gaming a étalé sa migration sur dix-huit mois. ‘C’était difficile d’aller plus vite, car notre entreprise est littéralement active tous les jours et toutes les nuits de l’année. De plus, le changement ne s’est pas fait en deux coups de cuiller à pot. Il convient de consentir les efforts nécessaires.’ Il s’avère en effet qu’on ne peut pas tout simplement remplacer l’hyperviseur ESXi de VMware par Nutanix AHV. ‘La migration a impliqué un passage complet d’un environnement ICT classique 3-tier à une infrastructure hyperconvergée (HCI) dans le cloud.’
Mieux vaut ne pas payer deux fois
L’histoire montre directement que le transfert d’un environnement VMware existant vers Nutanix – où vous continuez à utiliser VMware, mais sur la plate-forme Nutanix – conduit à un résultat sous-optimal. ‘A ce stade, vous payez deux fois’, explique Andrew Brinded, Chief Revenue Officer chez Nutanix. ‘L’utilisation d’AHV est incluse dans notre plate-forme. Pourquoi dès lors payer un supplément pour ESXi? En pratique, 60 à 70 pour cent des clients VMware opteront finalement pour AHV après une migration. Mais il reste important de prévoir le temps nécessaire à cette dernière, poursuit Andrew Brinded. ‘Nous ne nous attendons pas à un pic soudain du marché, mais bien à ce que les entreprises qui renoncent à VMware, le fassent dans les trois à cinq prochaines années.’
Pour Gregg Lowe, ce chapitre est maintenant clos. ‘Lorsque j’ai appris la nouvelle du rachat, je me suis réjoui que nous ayons choisi Nutanix plus tôt déjà’, affirme-t-il. ‘J’étais un grand fan de CA à l’époque. Depuis le rachat par Broadcom, il ne subsiste plus rien de cette marque. Je crains que VMware ne suive la même voie.’ Mais Broadcom n’a pas racheté l’entreprise pour la laisser s’éteindre, n’est-ce pas? ‘Bien sûr que non’, ajoute-t-il. ‘Au cours des cinq à sept prochaines années, Broadcom va gagner beaucoup d’argent grâce aux utilisateurs de VMware, précisément parce qu’ils ne peuvent souvent pas renoncer au produit plus rapidement.’ Que se passera-t-il ensuite? ‘Je l’ignore, VMware pourrait être à nouveau revendue.’
Toutes les options ouvertes
L’agitation autour de VMware nous ferait presqu’oublier qu’il y avait à Nutanix .NEXT d’autres sujets à l’ordre du jour. ‘Aujourd’hui, on parle encore en termes de machines virtuelles’, explique le CEO Rajiv Ramaswami. ‘D’ici 2030, on ne parlera plus que d’applications modernes. L’IA ne fera qu’accélérer cette tendance. C’est pourquoi Nutanix s’engage à moderniser davantage sa plate-forme: elle s’occupe de tout, sur n’importe quelle plate-forme. Cela s’applique également à une méthode de travail moderne, comme avec les conteneurs. Cette approche est plus ou moins ancrée dans les racines de l’entreprise. Nutanix s’est fait un nom avec ses ‘appliances’ pour HCI. Celles-ci offraient tout le nécessaire en une seule boîte: puissance de calcul, stockage, virtualisation et mise en réseau.
Cette expérience impeccable, Nutanix l’a introduite dans le cloud, il y a des années. Une annonce plutôt surprenante, c’est que Nutanix va ajouter à nouveau des appliances à sa gamme, grâce à un partenariat avec Dell. ‘Cela nous permettra de rendre notre offre encore plus spécifique’, explique Rajiv Ramaswami. ‘Avec non seulement des nœuds HCI complets, mais aussi une solution avec uniquement AHV sur les nœuds de calcul. Voilà qui devrait permettre aux entreprises de tirer le meilleur parti de leur matériel, tel que Dell PowerEdge et PowerFlex.’ Et Ramaswami d’ajouter que ‘NxRail’ avait été un sigle bien choisi pour le partenariat, tout en adressant un clin d’œil à ‘VxRail’, la solution HCI que Dell a conçue avec VMware.
N’est-ce pas là un geste étrange, après que Nutanix ait précédemment dit au revoir aux appliances? ‘He bien, il y a une demande’, explique Debo Dutta, VP Engineering chez Nutanix. ‘Le client en veut, alors pourquoi pas? En même temps, nous gardons toutes les options ouvertes.’ Nutanix veut avant tout offrir un support à ses clients, apprend-on encore. De plus, Nutanix ne cache pas le fait qu’elle pourrait de cette manière également aborder un nouveau segment de marché. Le partenariat avec Dell est quelque chose avec lequel Nutanix espère attirer de nouveaux clients. Ils apprendront ainsi à connaître Nutanix et pourront adopter d’autres solutions par la suite.
Faire confiance à l’IA
Il va de soi qu’il n’y a pas de conférence IT sans un chapitre consacré à l’IA. A Nutanix .NEXT, il fut question de GPT-in-a-Box: une infrastructure prête à l’emploi pour se lancer dans l’IA, s’intégrant aux produits de stockage Nutanix, tels que Nutanix Objects et Nutanix Files. A Barcelone, l’entreprise a présenté la nouvelle version de la solution, en plus d’un partenariat avec Hugging Face. Cela permettra aux clients de Nutanix d’accéder à une bibliothèque de Large Language Models (LLM) validés. GPT-in-a-Box fait partie du programme de partenariat Nutanix AI, par lequel l’entreprise vise à rassembler les fournisseurs de solutions et de services d’IA, afin d’abaisser davantage le seuil d’accès à GenAI – par-dessus la plate-forme Nutanix Cloud et GPT-in-a-Box.
‘Nous voulons avant tout aider les entreprises à se lancer dans les LLM’, déclare Debo Dutta. ‘Pour l’instant, trop de temps et d’efforts sont consacrés à la collecte de données.’ C’est exactement ce que Nutanix veut simplifier avec GPT-in-a-Box. Cependant, il faudra peut-être un certain temps avant que l’IA ne perce vraiment dans le grand public. ‘Mais nous sommes sur la bonne voie, évidemment’, poursuit Debo Dutta. ‘On estime qu’il nous faudra encore deux ou trois ans pour arriver à maturité, puis deux autres pour être vraiment visibles.’ Sur le plan technologique, l’IA pourrait être au point d’ici là. ‘Mais rien que cela ne suffira pas’, conclut le CTO Mano Bhattacharyya. ‘Pour vraiment percer, il nous faudra pouvoir faire confiance à l’IA. Nous n’en sommes pas encore là. Cela prend du temps.’
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