Ursula Dongmo: J’ambitionne bien évidemment une position dirigeante
Ursula L-J Dongmo est une femme de caractère. Avec son équipe, elle est en charge des services chez ING et ses ambitions sont grandes. “Je ne suis jamais contente, il en faut toujours plus”, dixit notre Young ICT Lady of the Year 2016.
Elle a 30 ans et supervise l’équipe de monitoring des services de bout en bout chez ING. Concrètement, son département assure la surveillance de l’ensemble des services offerts par la banque à ses clients, qu’il s’agisse de bogues dans le code ou d’attaques potentielles, voire de comportement suspect d’une application. “Dès que nous constatons une anomalie, nous réagissons. Ce faisant, nous prévenons les incidents qui pourraient avoir un impact sur la banque elle-même.”
Bongmo a été diplômée en 2009 de la Faculté Polytechnique de Mons où elle restera durant 2 ans pour sa thèse de doctorat. Par la suite, elle sera engagée par un bureau de consultance spécialisé dans le secteur bancaire avant d’entrer en novembre 2013 chez ING
Comment êtes-vous passée de la recherche universitaire au monde bancaire ?
URSULA DONGMO : Je voulais m’intéresser davantage à l’IT. Comme j’ai la passion de la programmation de logiciels, je me suis mise en quête d’un emploi comme ingénieure logicielle. Grâce à une société de consultance, j’ai pu en outre me forger une expérience internationale dans le secteur bancaire. Je n’avais jamais imaginé qu’il serait possible à la fois de travailler dans le domaine bancaire et d’être experte en ICT. Dans le cadre de cette fonction, j’ai beaucoup appris sur les fonctionnalités bancaires. Qui plus est, le job était très agréable et dans un secteur où l’on peut évoluer. C’est alors que j’ai décidé de postuler dans une grande banque disposant d’un service IT important.
Impossible de développer dans la banque des logiciels sans comprendre pourquoi on le fait
En quoi les développements IT dans une banque sont-ils importants?
DONGMO : Ils vous permettent d’en apprendre beaucoup sur le fonctionnement de la banque. Impossible d’y développer des logiciels sans comprendre pourquoi on le fait. Peut-être est-ce également vrai dans d’autres secteurs, mais ici, il faut bien appréhender les fonctionnalités que le client souhaite se voir proposer. En d’autres termes, il faut avoir une parfaite maîtrise des techniques de développement. Telle est d’ailleurs la stratégie d’ING : le customer centric. Comprendre, même dans l’IT, ce que veut le client, quelle est l’expérience qu’il attend. Si le produit est trop complexe, il ne sera pas accepté. Sans cette philosophie, la meilleure équipe de développeurs n’arrive à rien.
En tant que superviseur, vous dirigez une équipe. Est-ce facile vu votre jeune âge ?
DONGMO : Mon engagement chez ING s’est fait via Ormit, une entreprise spécialisée en gestion des talents. Dans le cadre de cette société, j’ai suivi un programme de leadership development dans le cadre duquel une quinzaine de personnes ont bénéficié durant 2 ans d’un encadrement et d’une formation en gestion. Celle-ci m’a permis de diriger d’emblée une équipe. Je suis consciente du fait que j’ai été privilégiée, mais il s’agit de compétences que l’on se doit de développer et cette formation m’y a aidé. Aujourd’hui encore, du coaching est nécessaire. ING connaît mes ambitions et savent où je veux aller. Ce n’est jamais facile, mais on apprend, ce qui est formidable.
Un membre du jury a confié après votre nomination: ‘Elle est entrée et a dit qu’elle allait gagner.’ Et 2 heures plus tard, on devait lui donner raison. Avez-vous toujours fait preuve d’une telle assurance ?
DONGMO : Je pense que cela vient en partie de mes études d’ingénieure. Il y a eu de femmes, donc on se retrouve dans un milieu très masculin et dont on pense généralement qu’il est fait pour les hommes, ce qui n’est pas le cas. Dès lors, il faut s’assumer comme femme et développer un état d’esprit qui vous permette de vous imposer. Il faut faire preuve de confiance en soi et se dire que l’on est aussi capable qu’un homme. C’est comme cela que l’on avance. Certes, l’ICT est un secteur dominé par les hommes, mais je sais que j’ai les connaissances, les compétences, le bagage et l’expérience. Du coup, je crois en mes capacités et je sais ce que je veux accomplir.
Est-ce encore nécessaire de nos jours ?
DONGMO : A l’école, la situation était difficile. A l’époque, je ne connaissais pas encore trop bien le monde de l’entreprise et je n’étais pas sûre de moi. Or lorsqu’on le laisse paraître en tant que femme, l’on se retrouve en position délicate. Mais chez ING, je ne constate aucune différence de traitement entre les hommes et les femmes. Tout est une question de personne et je ne me suis jamais vu retirer des responsabilités au profit d’un homme.
Je ne vais pas m’arrêter de sitôt. Il ne faut jamais être content
Cela dit, je continue à croire qu’il est important de se dire que l’on est aussi bon qu’un autre. Si l’on agit dans cet état d’esprit, la réussite vous sourit. Mais si l’on doute, on remet la ‘faute’ sur l’autre et l’on ne fait qu’amplifier la situation.
La technologie vous intéresse-t-elle en dehors du travail?
DONGMO : Oui ! Je ne peux pas vivre sans technologie et je ne comprends pas que j’ai pu vivre sans par le passé. Mon iPhone 6 est resté durant quelques semaines en réparation et je n’étais pas à l’aise parce que je devais me contenter d’un écran plus petit. En tant que digital native, on suit simplement ces tendances parce qu’elles vous facilitent la vie. Mais je bidouille aussi mes téléphones.
Dans ce cas, on aurait plutôt attendu un appareil Android qu’un iPhone ?
DONGMO : Je suis une fana d’Apple. Il faut certes effectuer d’abord un jailbreak, mais je surfe régulièrement pour voir comment ajouter de nouvelles choses. C’est aussi un peu un défi : comme tout est tellement verrouillé chez Apple, on aime précisément chercher à le déverrouiller.
Vous êtes désormais durant 1 an Young ICT Lady of the Year. Que pouvons-nous attendre de vous durant cette année ?
DONGMO : Beaucoup ! Je veux montrer autant que possible aux jeunes, et surtout aux filles, ce qu’il est possible de faire en IT. Je souhaite leur ouvrir les yeux à l’occasion de salons et dans les universités en leur expliquant mon parcours. Chez ING, il existe un concours interne, baptisé Golden Lions, mais il serait sans doute bien également d’y élire une ICT Woman of the Year. Cela devrait même être le cas dans toutes les grandes entreprises. Et les gagnantes pourraient directement participer à ‘She Goes ICT’ (rire).
Ceci est juste un morceau d’un interview plus longue qui est publié récemment dans la version imprimée de Data News. Souhaitez-vous lire plus, vous pouvez aussi visiter notre section d’abonné.
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