Les Philippins touchés par la crise
Il semblait il y a quelque temps qu’un bateau voguait vers la Belgique avec à son bord un millier d’informaticiens philippins désireux de prester des services IT avantageux.
Il semblait il y a quelque temps qu’un bateau voguait vers la Belgique avec à son bord un millier d’informaticiens philippins désireux de prester des services IT avantageux.
La rumeur avait été lancée par l’entreprise hasseltoise de RH et de délégation de personnel Limarex. Luc Kenens, son managing director, avait indiqué dans un communique de presse que “le gouvernement philippin avait promis d’envoyer 10.000 informaticiens en Europe occidentale, dont plus de 1.000 en Belgique. Limarex en avait ici l’exclusivité”. Ce message avait être très vite nuancé. L’entreprise serait déjà satisfaite si elle pouvait déléguer une dizaine d’informaticiens philippins. Limarex paierait l’avion, un complément de loyer de 500 EUR et 250 EUR au dessus du barème sectoriel.
Fin septembre, les cris de joie fusaient à nouveau. Limarex avait reçu 220 demandes fermes de ses clients. Les premiers Philippins seraient opérationnels fin 2008, début 2009 dans 15 entreprises. “Le marché a entre-temps profondément changé, admet Luc Kenens. En raison de la crise, tout le monde serre les cordons de sa bourse. Une masse d’informaticiens belges sont à présent disponibles, qu’il faut à présent recaser en priorité.” Limarex a aujourd’hui délégué quelque 80 travailleurs. “Il y avait effectivement de nombreuses demandes pour des Philippins, mais elles ont été quasiment annulées. Aujourd’hui, nous avons 2 Philippins occupés et à qui on demande des compétences très spécifiques”, explique Kenens qui n’est pas prêt d’accéder à ces spécialités.
“Nombre d’entreprises ont postposé de nouveaux projets, mais pour les projets en cours, elles ont toujours besoin de personnel. Nous avons encore une soixantaine de demandes en cours”, ajoute Kenens qui prévoit pour cette année une croissance de 15% de la délégation de personnel. Le marché du recrutement est assez calme. A l’entendre, Limarex a en 2008 réalisé un chiffre d’affaires de quelque 4 millions EUR. Outre son siège d’Hasselt, elle dispose aussi d’une filiale à Diegem.
“Nous voulions être d’abord certains à 100% que le projet avec les Philippins était tout à fait légal. Nous nous sommes donc réunis avec les diverses organisations gouvernementales”, explique Kenens. Limarex a été ainsi le premier bureau HR à s’en occuper. Les syndicats ont alors réagi avec véhémence. On a même brandi la menace de retirer l’autorisation.
“Le marché va reprendre des couleurs, et nous pourrons alors déléguer de nouveau des Philippins. Ils sont bien formés et ont une vaste connaissance. Les clients sont très satisfaits.” Sont-ils meilleurs que les Indiens? “Ils vivent encore un peu dans un système de castes. Nous disposons cependant d’encore trop peu d’expérience pour faire une véritable évaluation.”
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