‘Les leçons des crises précédentes restent d’actualité’
Les crises sont synonymes d’opportunités. S’il s’agit certes d’un cliché, rares sont pourtant les entreprises à pouvoir les exploiter. Le spécialiste belge du recrutement IT Harvey Nash les a cependant mises à profit lors de la crise financière de 2007. C’est le succès de cette stratégie que l’entreprise entend répéter aujourd’hui pour sortir grandie de la crise du Covid-19.
Cette stratégie réussie avait pour objectif de faire en sorte que Harvey Nash n’abandonne pas ses clients et continue à miser sur le potentiel de son personnel. Au terme de la crise des subprimes, l’entreprise est parvenue non seulement à conserver ses clients et ses équipes, mais aussi à attirer de nouveaux clients et collaborateurs – et donc de renforcer sa part de marché. Avec un chiffre d’affaires de 190 millions €, Harvey Nash serait, selon ses dires, le premier acteur sur le maché belge du recrutement IT.
Malgré cette position, Ronny Lommelen, directeur général de la filiale Belux, ne se berce pas d’illusions sur l’impact de cette nouvelle crise majeure. “Il me paraît évident que nous serons tous perdants dans notre secteur. La question est cependant de savoir qui sera le gagnant parmi ces perdants. Je suis tout disposé à être perdant si c’est pour gagner des parts de marché.”
Quid des recrutements ?
Harvey Nash compte actuellement en Belgique quelque 1.600 profils IT sous contrat dans des projets auprès de clients : 200 salariés et le reste d’indépendants. Les chiffres de Federgon, mais aussi de Harvey Nash, montrent que depuis le début de la crise du Covid-19, de 5 à 10% des contrats ont été arrêtés temporairement ou définitivement. En outre, l’impact est plus grand encore sur les recrutements permanents puisque l’entreprise évoque une diminution de l’ordre de 50%. Ces chiffres sont en ligne avec ceux communiqués fin mars par Agoria, à savoir “que malgré la crise, la moitié des sociétés technologiques continuent à recruter et que 94% des entreprises n’envisagent pas encore de réduire leurs effectifs.”
Il s’agit là de chiffres relativement encourageants, surtout compte tenu des circonstances. Il est par ailleurs assez paradoxal de constater que le secteur du recrutement a été pratiquement paralysé. “La grande majorité des bureaux de recrutement ont mis totalement ou partiellement leur département des ventes en chômage temporaire, tout en réduisant les fonctions administratives au strict minimum”, ajoute Ronny Lommelen.
Priorité à la fidélisation du personnel
Tel n’a pas été le cas chez Harvey Nash qui, tout comme durant la crise financière, a continué à investir dans son personnel. “Cette décision s’explique bien sûr en partie par notre position de cash solide, admet encore Ronny Lommelen. Les bons résultats des dernières années ont sérieusement gonflé notre trésor de guerre. Ce qui nous donne une bouffée d’oxygène supplémentaire. D’autres entreprises n’ont d’autre choix que de boucler une année moins bonne, comme nous avons dû réduire subitement de moitié notre bénéfice pour l’exercice 2008-2009.”
A plus long terme, la décision de ne procéder à aucun licenciement de personnel interne a néanmoins porté ses fruits. Du coup, la rotation de personnel est très faible chez Harvey Nash. “En moyenne, un ‘account manager’ ou un recruteur reste deux ans environ dans un bureau de recrutement. Chez nous, c’est 8,5 ans.”
Le client prime
Enfin, Harvey Nash continue à donner la priorité au client durant la crise. “Nous continuons à aider nos clients et à les conseiller. Par ailleurs, en raison du faible volume d’offres d’emploi, nous avons à nouveau du temps pour rechercher de nouveaux clients. Nous sommes même en quête de nouveaux talents pour notre propre département des ventes, des personnes qui étaient souvent, de manière temporaire ou non, avaient été attirées par nos concurrents.”
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