ICT Woman of the Year: quel est l’avis des nominées sur les quotas de genre?

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Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Cette semaine, vous pouvez voter pour l’ICT Woman of the Year. Pour vous aider dans votre choix, nous avons donné la parole aux trois personnalités nominées. Les quotas en matière de diversité sont-ils une bonne idée, leur avons-nous ainsi demandé?

La rédaction de Data News a annoncé lundi avoir retenu les noms de Caroline De Vos (Co-founder/COO SatADSL), Dewi Van De Vyver (Co-founder/CEO Flow Pilots) et Bieke Van Gorp (Co-founder/COO FibriCheck) pour l’ICT Woman of the Year. Nous attendons maintenant impatiemment vos votes. Vous disposez jusqu’au 12 janvier inclus pour voter via www.shegoesict.be, où nous vous présentons du reste aussi les nominées. Vos voix pour l’ICT Woman of the Year compteront pour moitié, et le jury professionnel, qui votera plus tard, représentera l’autre moitié. Pour vous aider dans votre sélection, nous avons posé quelques questions aux trois nominées.

La domination masculine dans le monde ICT constitue-t-elle vraiment un problème?

Caroline De Vos: “Le cliché, selon lequel une femme doit prouver plus qu’un homme, est également valable dans l’ICT. Il convient de démontrer toute une série de performances pour être respectée sur le plan professionnel. Surtout si vous avez un certain charme et si vous vous habillez de manière très féminine par exemple, on vous considère bien vite comme une “pépée” et on vous prend donc moins au sérieux. Lors d’un salon, surtout si j’aime que tout soit en ordre et que je nettoie par exemple l’une ou l’autre chose, on m’apparente automatiquement à une ‘hôtesse’. Dans l’ICT, la femme doit être forte et se sentir bien dans sa peau. Et pouvoir faire face aux remarques stupides et intimidantes.

Je suis moi-même ingénieure en aéronautique, mais je ne suis parfois pas conviée à participer à des débats techniques par des hommes avec qui je collabore, ou je suis ‘oubliée’ d’invitations pour des réunions plus techniques. Et ce, alors que je peux y apporter une valeur ajoutée. La domination masculine signifie par ailleurs aussi que tout le monde me connaît dans notre marché de niche. Grâce à cela notamment, je noue facilement des contacts.”

Dewi Van De Vyver: “Je tente de faire très consciemment en sorte que tout un chacun, moi compris, ait sa propre vision unique sur le monde. Si on veut atteindre un certain public ou lui proposer un service, il est important de tenir compte du plus grand nombre de visions possible. Voilà pourquoi il est essentiel de disposer sur chaque lieu de travail d’un bon mix de personnes ayant des acquis différents. Et donc aussi d’hommes et de femmes. Ce qui rend le manque de femmes dans l’ICT encore plus criant que dans d’autres secteurs professionnels, c’est le fait que la technologie soit tellement déterminante pour la façon dont notre société fonctionne aujourd’hui. A l’avenir, ce sera encore plus impératif avec la percée de l’IoT, et en raison de l’association avec l’AI d’un captage de données massif correspondant, on interviendra encore davantage dans la vie des gens. Cela se fera par le biais d’une vision spécifique, à savoir celle des spécialistes qui conçoivent, développent et alimentent ces systèmes. Si ce sont tous des hommes ou, tout aussi bien, s’il s’agit tous d’hommes blancs ou d’Anversois, cela aura inévitablement un impact sur l’output. Tout préjugé dans les données ne fera que renforcer la différence entre les hommes et les femmes.”

Bieke Van Gorp: “La domination n’est nulle part souhaitable, car le fait, comme partout, que des hommes et des femmes ont souvent une approche différente des choses et sont donc très complémentaires, est entre-temps suffisamment et assez profondément démontré. Si la domination masculine dans le secteur ICT s’avère problématique, cela vaut tout autant pour la domination féminine dans les secteurs pédagogique et des soins par exemple. Une combinaison de deux forces est toujours la meilleure à mes yeux – une recherche a notamment démontré que les femmes sont en général plus rompues aux compétences sociales que les hommes. Des équipes comprenant un pourcentage raisonnable de femmes fonctionnent par conséquent mieux et donnent donc en général de meilleurs résultats que des équipes majoritairement masculines. Les femmes sont plus créatives et plus innovantes, des qualités qui représentent un solide atout dans des équipes de développement.”

ICT Woman of the Year: quel est l'avis des nominées sur les quotas de genre?
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Les quotas en matière de diversité sur le lieu de travail sont-ils une bonne idée pour résoudre le problème?

Caroline De Vos: “Je n’apprécie pas les quotas, car cela ne fait justement qu’accentuer le manque de diversité. Il ne faut pas en vouloir aux employeurs. Ce n’est pas de leur faute, si moins de femmes optent pour l’ICT. Il y a tout simplement moins de candidates qui se présentent, ce qui fait qu’ils en engagent moins.

Selon mon expérience, les femmes sont plus créatives, plus flexibles, plus orientées solutions et ont moins d’idées préconçues au niveau de leur réflexion. D’après moi, les femmes ont une approche très complémentaire, y compris en ICT. Peut-être bien une approche toute en douceur à côté de l’approche masculine plus rationnelle. Les femmes apportent donc une nette valeur ajoutée à l’employeur. Par ailleurs, j’estime moi-même aussi que les femmes qui sont davantage orientées maison-jardin-enfants et qui ont purement un emploi, dont les rentrées mettent simplement du beurre dans les épinards, sont assurément moins attrayantes pour un employeur. Il est quand même plus agréable de recruter quelqu’un faisant preuve d’une plus grande motivation.”

Dewi Van De Vyver: “Le fait qu’on en vienne à parler de quotas, fait en sorte qu’ils s’avèrent importants et nécessaires. Surtout au niveau des fonctions de direction et de management, des arguments tels que ‘nous ne trouvons personne de valable’ sont des sophismes. Le jour, où nous vivrons dans un monde égalitaire, les quotas disparaîtront d’eux-mêmes.”

Bieke Van Gorp: “Des chiffres publiés par Eurostat, il semble que la Belgique, de même que les Pays-Bas, soient entièrement à la traîne au niveau du pourcentage de filles présentes dans les options informatiques. Seuls 8 pour cent des étudiants en informatique sont des filles, ce qui est moins de la moitié de la moyenne européenne (16,7 pour cent). Je ne vois aujourd’hui donc pas dans quelle mesure les quotas peuvent résoudre le problème. Pour pouvoir motiver les filles à suivre une formation ICT, il faudrait que les entreprises ne trouvent plus suffisamment de profils qualifiés et envisagent de recourir à une bonne proportion hommes-femmes dans leurs équipes techniques. Chez nous aussi, les profils techniques sont quasi exclusivement des hommes. Je souhaiterais en arriver à un meilleur équilibre, mais telle n’est pas la réalité aujourd’hui. Nous faisons cependant attention à ce que l’équipe technique à domination masculine ait suffisamment de femmes à des postes clés.

Votre voix compte, mais n’attendez pas trop longtemps

Vous avez jusqu’au 12 janvier inclus pour voter sur www.shegoesict.be, où nous vous présentons du reste aussi les nominées. Vos voix compteront pour moitié. Le jury professionnel votera plus tard et représentera l’autre moitié. N’oubliez pas non plus de voter pour la Young ICT Lady of the Year: vous trouverez toutes les infos sur les nominées sur www.shegoesict.be.

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