ICT: le salarié ne papillonne pas
Dans le secteur informatique, il semble que la rareté des bons profils n’incite pas les salariés à se comporter en ‘job hoppers’ opportunistes. Au contraire : les changements d’employeur sont peu fréquents, conclut une récente enquête.
Elke Valgaeren, chercheuse au SEIN, l’institut des sciences du comportement de l’UHasselt, a défendu en mai dernier une thèse intitulée “La carrière des hommes et des femmes dans le secteur ICT”. Une partie de l’ouvrage évoque le prétendu ‘nomadisme’, ce que la presse appelle avec moins de respect le ‘job hopping’, ou encore papillonnage.
Valgaeren a soumis un questionnaire aux acteurs de l’environnement TIC. “C’est là que les changements organisationnels qui conduisent aux formes de carrière flexibles sont les plus marqués”, explique-t-elle: travail par projets, fertilisation croisée entre entreprises informatiques, nécessité d’une formation permanente, etc. Le rôle de ‘point de frottement’ des profils informatiques n’est pas davantage à négliger. Bref, s’il est un secteur qui crée les conditions du papillonnage, c’est bien l’informatique.
Il n’a va pourtant pas ainsi, constate l’enquête réalisée parmi 577 travailleurs de 19 sociétés TIC de toutes tailles (mais occupant au moins 10 personnes). En moyenne, la carrière de l’informaticien se déroule auprès de 2,86 employeurs seulement. Autrement dit, après le premier emploi, il change moins de deux fois. Les changements de fonction ne sont pas plus fréquents dans le secteur (en moyenne 0,29). Plus de la moitié des répondants n’a jamais changé de fonction sans que cela s’accompagne d’une promotion (transition ‘horizontale’). Un quart l’a fait une fois et un autre quart plusieurs fois.
Valgaeren s’est aussi demandé qui s’adonne au papillonnage. D’abord, le procédé n’est pas beaucoup plus courant chez les hommes que chez les femmes. La nature du diplôme (technique ou non) n’intervient pas non plus; en revanche, les salariés sans diplôme cherchent plus souvent à changer d’emploi ou de fonction. “Les entreprises parviennent à fidéliser les diplômés techniques”, observe Valgaeren. Autre phénomène à noter: le papillonnage est moins rare quand l’intéressé a changé de fonction contre sa volonté. “En cas de conflit concernant son parcours professionnel, l’informaticien prend les rênes, mais pas avant…”.
Valgaeren juge ces résultats suffisants pour conclure que le concept de ‘nomadisme’ ne correspond pas à une réalité concrète. “Même dans le secteur TIC, où les conditions du nomadisme sont pourtant réunies, cette forme de carrière est loin d’être prépondérante.”
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