Frank Robben désigné ‘Big Brother de l’Année’
Ministry of Privacy a attribué ses premiers Privacy Awards. Même si l’accent était mis sur les initiatives positives, une attention toute spéciale a pourtant été accordée au ‘Big Brother de l’Année’ et ce, même si Robben n’a pas été le seul à essuyer des critiques.
L’organisation de contrôle du respect de la vie privée n’a en fait remis que quatre de ses six récompenses. L’Entreprise de l’Année s’appelle Nubo.coop, à savoir une coopérative qui propose des services mail et ‘cloud’ aux particuliers et qui mise fortement sur la confidentialité. Le DPO de l’Année (Data Protection Officer) est Cranium, une firme qui fournit des services en matière de confidentialité, de sécurité et de gestion de données.
L’Appli de l’Année porte le nom de Signal, qui s’est ces dernières semaines nettement profiler comme un pendant de Whatsapp. Mais le jury a surtout apprécié qu’elle mise sur le respect de vie privée depuis le départ, et qu’elle se focalise notamment sur le cryptage et l’open source.
Signal l’a emporté de justesse sur Coronalert, également considérée comme respectueuse de la vie privée et digne d’éloge, mais qui n’a que trop peu d’impact, selon les administrateurs de Ministry of Privacy. Deux prix n’ont pas été attribués: le Pouvoir Public de l’Année et le Site web de l’Année. Mais l’organisation a cependant accordé une mention spéciale au site néerlandais fixjeprivacy.nl.
‘Trop peu de transparence’
Même si Ministry of Privacy entend miser sur les récompenses positives, il y avait avec le ‘Big Brother de l’Année’ aussi une catégorie réservée aux personnes ou organisations moins respectueuses de la vie privée. Assez étonnamment, c’est elle qui reçut le plus de voix.
Cette récompense peu enviable a été attribuée à Frank Robben, directeur de Smals, la Banque-Carrefour de la Sécurité Sociale et la plate-forme eHealth, mais aussi l’homme à l’initiative de divers services publics numériques que notre pays a introduits ces vingt dernières années. Robben est également l’une des chevilles ouvrières de Coronalert, l’appli qui fait l’objet de réactions élogieuses de Ministry of Privacy.
Ministry of Privacy critique Robben pour ‘l’absence de toute forme de transparence dans de nombreuses fonctions, le manque d’imbrication et surtout de valeur intrinsèque entre ces dernières, ainsi que le manque d’un contrôle démocratique’, ce qui est le cas d’un politicien.
Le jury s’est montré également sévère à l’égard de ses récents propos dans un reportage à la TV flamande, où il qualifia les règles de confidentialité malaisées comme des obstacles, ce qui, selon Ministry of Privacy, est à peine le cas dans la pratique. ‘En raison de sa toute puissance, Robben décide souvent de son propre chef sur les fournisseurs de services qui conçoivent d’importants projets (et assurent leur fonctionnement), ce qui exerce un impact particulièrement important sur notre confidentialité individuelle.’
Annelies Verlinden et la Cour Constitutionnelle
Mais Robben n’est pas le seul à faire l’objet de critiques. La ministre de l’intérieur Annelies Verlinden (CD&V) se classe à la deuxième place à cause de l’absence d’une loi sur la pandémie et parce que sous sa responsabilité, des mesures sont prises, qui impactent grandement le respect de notre vie privée ‘sur des bases juridiques chancelantes’.
La Cour Constitutionnelle termine troisième, surtout en raison de quelques déclarations récentes à propos de compteurs d’énergie intelligents, d’empreintes digitales sur l’eID, d’une loi sur les caméras et du fait que les pouvoirs publics ne peuvent se voir infliger d’amende GDPR.
Update 17 heures:
Frank Robben réagit auprès de Data News à ‘sa’ récompense et insiste sur le fait qu’il fait bien preuve d’une grande transparence dans tous les rôles qu’il assume au sein des pouvoirs publics.
‘Si vous regardez mon site web, vous y trouverez tous mes mandats. En fait, je n’ai que trois fonctions: l’une auprès de la Banque-Carrefour de la Sécurité Sociale, la deuxième chez Smals et la troisième au sein de l’Autorité de protection des données. Quasiment tous ces mandats dérivent de ces fonctions. Tout ce que je fais, est transparent et figure sur mon site web.’
Evaluation annuelle
Robben n’accepte pas non plus le manque de contrôle: ‘Mes fonctions sont contrôlées et jugées par nos ‘clients’. Pour la Banque-Carrefour, ce sont des représentants des organisations des travailleurs, des indépendants et des employeurs. Pour la plate-forme eHealth, ce sont notamment des médecins, pharmaciens, kinésistes et organisations de patients. Je suis évalué chaque année par eux, et il n’y a pas le moindre projet que nous exécutons, qui ne soit pas connu par eux.’
Sur le plan du contenu, Robben insiste sur le fait qu’il est un défenseur du respect de la vie privée: ‘Je tente de trouver le juste équilibre sur le plan de nos droits fondamentaux, du droit à la protection sociale, du droit à la santé et aussi de celui du respect de la vie privée. Si quelqu’un bénéficiant d’un revenu d’intégration et quelqu’un souffrant d’un handicap bénéficient d’un tarif social, nous veillons à ce que la SNCB par exemple sache qui y a droit, mais pas pourquoi telle ou telle personne y a droit.’
Mais Robben dit aussi rester ouvert aux suggestions et au débat. ‘Je peux accepter que de l’extérieur, il puisse paraître que j’adopte une approche très centraliste, mais tel n’est pas le cas. Et comme je n’ai pas l’ambition d’être un big brother, je veux simplement débattre avec ceux qui le trouvent, afin de savoir où je peux m’améliorer’, conclut Frank Robben.
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