Six mille emplois perdus en un an dans le secteur technologique belge
La sonnette d’alarme retentit dans le secteur technologique belge. Les pertes d’emplois dans le secteur sont élevées, alors que les carnets de commandes et les parts de marché reculent et que même le secteur ICT, habituellement florissant, n’est plus le moteur qu’il était auparavant. Agoria réclame des mesures.
Huit des dix indicateurs du moniteur économique d’Agoria sont au rouge. En septembre de l’année dernière, il n’y en avait que trois sur huit. Le chiffre le plus frappant est celui des énormes pertes d’emplois. Entre septembre 2023 et septembre 2024, 5.900 emplois nets sont ainsi passés à la trappe, alors que cinq mille jobs étaient venus s’ajouter l’année précédente.
Le chômage temporaire dans le secteur est également en hausse, passant de 3,2 pour cent l’année dernière à 6,6 pour cent actuellement. Le nombre de postes vacants régresse, lui, de 17.000 à 15.000.
Les emplois concernent le secteur technologique dans son ensemble et tiennent également compte des licenciements annoncés l’été dernier chez Audi Forest (quelque 1.400 emplois), mais pas encore des restructurations additionnelles chez les sous-traitants.
Les entreprises elles-mêmes se trouvent également dans des eaux troubles. Le chiffre d’affaires du secteur a chuté de 2,5 pour cent au cours de l’année écoulée. La part de marché des entreprises diminue légèrement, passant de 4,8 à 4,4 pour cent. Alors que le carnet de commandes avait encore augmenté de dix pour cent l’année dernière, il est à présent question d’une baisse de 4,7 pour cent. La confiance des entrepreneurs était déjà en baisse, et la tendance se confirme.
L’ICT croît encore, mais moins
La fédération technologique Agoria tire la sonnette d’alarme et souligne que la mauvaise situation ne concerne pas seulement l’industrie manufacturière technologique belge, mais aussi le secteur IT, qui est traditionnellement le bastion fort. Le nombre d’emplois y est également en baisse. Le secteur IT avait connu une croissance annuelle de six pour cent au cours des dix dernières années, mais aujourd’hui, cette progression n’est plus que de 2,5 pour cent.
Cette baisse n’est pas une grande surprise. L’année dernière déjà, Bart Steukers, le CEO d’Agoria, avait déclaré à Data News que le secteur IT devait faire l’objet de davantage d’attention de la part du gouvernement.
Des investissements reportés
Agoria met également en garde contre la faible capacité de production. A 78,6 pour cent, elle était déjà trop basse l’année dernière et elle continue de stagner à 78,7 pour cent. Cela pourrait avoir des conséquences pour l’avenir. ‘Le passé nous a appris que quatre-vingts pour cent représente la limite en dessous de laquelle les entreprises reportent leurs investissements’, selon la fédération technologique. La baisse d’activité la plus forte concerne la construction mécanique et le secteur automobile.
Steukers utilise le baromètre pour plaider en faveur de mesures qui donnent la priorité à l’industrie: ‘Tous nos gouvernements doivent aider nos entreprises à devenir plus compétitives. Notre énergie est encore et toujours deux fois plus chère qu’avant la crise du coronavirus et jusqu’à cinq fois plus chère qu’aux Etats-Unis. Notre handicap en matière de coût salarial continue à nous jouer des tours. Et la pression réglementaire reste également bien trop forte. Elle hypothèque les nouveaux investissements.’
Steukers souligne que la Commission, par l’entreprise de Von der Leyen, souhaite réduire d’un quart la pression réglementaire pesant sur les entreprises. Il appelle le futur Premier ministre belge à emprunter la même voie: ‘Le gouvernement peut déjà commencer à supprimer le Federal Learning Account, il tiendra alors immédiatement le premier demi pour cent. Enfin, le nouveau gouvernement fédéral devra continuer à soutenir l’innovation, la recherche et le développement, qui demeurent le meilleur investissement dans la productivité et la croissance futures.’
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