Kristof Van der Stadt

Les RH peuvent faire beaucoup de choses, mais ne sont pas pour autant l’IT

Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Dans la plupart des entreprises, le spectre d’activités des RH – ressources humaines – est très large, qu’il s’agisse de la recherche de talents, du recrutement de nouveaux collaborateurs, de l’évaluation des employés ou encore de l’accompagnement, de la formation continue et du recyclage, voire des processus sur le lieu de travail. Sans parler encore des rémunérations proprement dites, de la gestion des salaires ou des avantages extralégaux qui dépendent dans de nombreuses entreprises du département RH. Et n’oublions pas aussi la politique plus large visant le bien-être au travail, les initiatives ESG ou le plan de mobilité qui font partie des responsabilités (même partielles) du département RH.

Les RH peuvent faire beaucoup de choses, mais ne sont pas pour autant l’IT.

Au final, il s’agit donc là de missions qui, dans une organisation, sont susceptibles d’être partiellement ou totalement automatisées et/ou numérisées. Avec la perspective, grâce à la technologie, d’accélérer, d’optimiser et d’améliorer l’efficacité des tâches. Du coup, de nombreuses start-up ont décidé de conquérir ce marché – dans notre pays également. C’est ainsi qu’environ 150 jeunes pousses se sont spécialisées sur une ou plusieurs facettes des ressources humaines, comme vous pourrez le lire en page 14 et suivantes de ce Data News Career Guide. Votre serviteur a d’ailleurs eu l’honneur de siéger récemment au sein du jury des HRtech Awards et d’avoir le privilège d’entendre comment de nombreuses start-up développent leurs idées innovantes, tout en faisant preuve à la fois de dynamisme et d’ambition pour s’imposer sur le segment des RH.

Pourtant, à mes yeux du moins, les choses évoluent encore trop lentement. A moins que vous ayez dans votre entreprise l’impression que l’impact de la technologie sur les RH est suffisamment important? Il semble que la plupart des départements RH ne se soient pas transformés de manière aussi radicale que ce qu’annonçaient certains analystes voici plusieurs années. Ou mieux, la technologie est certes acceptée et déployée, mais le fait que la plupart de start-up HRtech couvrent un domaine limité fait souvent que l’on n’implémente qu’une seule solution à un problème bien déterminé. Et souvent, il s’agit d’une solution très ciblée à un problème spécifique que l’employé ne rencontre pas forcément. Et si l’entreprise utilise plusieurs solutions ponctuelles, elle risque de voir une solution court-circuiter une autre. Et si le département RH dispose de son propre budget pour acheter des solutions, le risque de croissance anarchique et inefficace s’accroît encore: si le département RH peut faire beaucoup de choses, il n’est pas pour autant le département IT.

Je pense qu’il est temps de mieux exploiter le potentiel des RHtech, d’autant que l’IA s’impose de plus en plus dans les processus associés aux RH. A mon sens, le département RH a tout intérêt à impliquer l’IT dans ses projets de numérisation. Même pour une solution apparemment basique en soi comme le cloud, il y aurait intérêt à associer l’IT de manière proactive. L’intégration de toutes ces solutions ponctuelles ne peut qu’être améliorée. Car honnêtement, le département RH a tout intérêt à assurer un échange fluide des données (du personnel) entre ses différentes applications.

Mais pour les start-up HRtech également, il est temps de réfléchir à leur stratégie. La réalité économique veut en effet que dans de nombreuses entreprises – quel que soit leur secteur, l’heure soit à la sobriété. Pour bon nombre d’entreprises belges en effet, investir dans des solutions technologiques de plusieurs start-up n’est plus envisageable. La situation est à mes yeux différente si vous couvrez en tant que start-up plusieurs aspects des RH ou, en d’autres termes, si vous proposez plusieurs pièces du puzzle représentant l’ensemble de la stratégie de numérisation d’une entreprise. De même, une organisation aura intérêt à faire jouer la concurrence avec les secrétariats sociaux qui ont également découvert la numérisation et cherchent à s’imposer dans le monde RH avec leur big tech. Bref, du pain sur la planche pour les RHtech…

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