Didier Bellens accusé de corruption
Didier Bellens, le patron de Belgacom, a été inculpé de corruption …
Didier Bellens, le patron de Belgacom, a été inculpé de corruption passive par le juge d’instruction montois Alain Blondiaux. L’enquête le concernant remonte à plusieurs mois, à la suite d’une information du parquet de Mons, selon ce dernier.
L’enquête a été menée par l’Office Central pour la Répression de la Corruption (OCRC). Didier Bellens a été inculpé le 21 juin et laissé en liberté.
Selon le parquet montois, Didier Bellens est soupçonné d’avoir vendu La Raquette, un immeuble de Belgacom, à une société immobilière privée. Le bâtiment aurait été vendu à un prix largement inférieur à celui du marché, ce qui aurait permis au patron de Belgacom d’en retirer un avantage personnel. Il est notamment question d’un tour à bord d’une voiture suiveuse au Tour de France.
L’acheteur de l’immeuble est Xelis sprl, une entreprise d’Edmée De Groeve, qui occupait de très hautes fonctions pour le Parti Socialiste à la Loterie Nationale, l’aéroport de Charleroi Airport et la SNCB. Edmée De Groeve a été inculpée de faux et usage de faux, détournement par fonctionnaire et escroquerie et a été démise de tous ses mandats. La justice lui reproche d’avoir fait un usage abusif de la carte de crédit de l’aéroport de Charleroi.
Entre-temps, le conseil d’administration maintient sa confiance dans son patron. Le gouvernement Leterme, en affaires courantes, n’est pas en mesure d’intervenir. D’après le conseil d’administration de l’opérateur télécoms, une enquête interne permet de conclure que “les intérêts de Belgacom sont totalement préservés.”
“Limiter l’impact sur le fonctionnement de Belgacom” Inge Vervotte (CD&V), la ministre des Entreprises publiques, a été informée par Belgacom de l’inculpation de son CEO. La ministre CD&V rappelle le principe de la “présomption d’innocence” mais demande au conseil d’administration de l’opérateur télécoms de “faire le nécessaire pour limiter au minimum les conséquences de l’inculpation de Didier Bellens.”
La ministre indique que tout prévenu est innocent jusqu’à la preuve du contraire mais se dit consciente que l’affaire Bellens “peut influencer l’entreprise publique Belgacom”. Elle s’est par conséquent entretenue avec le président du conseil d’administration.
Pas la première controverse Depuis sa nomination en 2003, Didier Bellens a déjà été à plusieurs reprises sous le feu des critiques. Ces dernières années sont surtout marquées par le départ d’un grand nombre de hauts responsables de l’entreprise télécoms. Si les motifs de ces départs n’étaient pas toujours clairs, différents médias ont reproché à Bellens de ne pas supporter la contradiction. Les derniers licenciements remontent au début de l’été, lorsque tant le directeur de la communication que l’assistante personnelle promue de Bellens ont quitté l’opérateur.
Lors de la prolongation du contrat de Bellens en 2008, la rémunération du patron avait fait l’objet d’un débat houleux. Il était en effet apparu que Bellens était le CEO le mieux payé du Bel20, ce qui était difficile à justifier pour une entreprise (semi) publique. Bellens avait alors dû accepter de rogner son salaire et ses éventuelles indemnités de départ.
Au début de son mandat, un investissement personnel dans des actions de Telindus réalisé par son gestionnaire de patrimoine a aussi fait couler beaucoup d’encre. L’achat a en effet été conclu durant l’été 2005 alors que l’entreprise qu’il dirige lançait une OPA hostile sur le spécialiste des réseaux en septembre suivant. La CBFA, gendarme boursier, a blanchi Bellens et le dossier présumé de délit d’initié a dès lors été classé sans suite.
C’est le 1er mars 2003 que Didier Bellens, alors âgé de 47 ans, passe de RTL Group à Belgacom, remplaçant John Goossens, soudainement décédé, à la tête de l’opérateur télécoms historique. Ce Bruxellois francophone a étudié les sciences commerciales à l’École de Commerce Solvay (ULB) et débuté sa carrière en 1978 dans le bureau de conseil Deloitte comme auditeur. En 1982, il entre dans le Groupe Bruxelles Lambert (GBL) pour renforcer sa direction financière. Cette même année, Albert Frère accède à l’actionnariat de GBL, début d’un lien de collaboration entre Bellens et Frère. Bellens a travaillé tant pour la Pargesa Holding SA de Frère en Suisse que pour GBL, où il a notamment suivi les dossiers de la BBL et de la Royale Belge. Il a réussi à se hisser dans le top trois de la société d’investissement.
En 1990, Bellens est nommé CEO de RTL Group. Il préside à son expansion internationale et accompagne son entrée en Bourse. Il est marié et a deux enfants. Le mandat qu’il occupe chez Belgacom court jusqu’en mars 2015.
Source : Belga
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici