Créer une appli? Enfantin!

Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Que faisiez-vous quand vous aviez 13 ans? Je créais des applis, répondrait la Britannique Amarah Khan. Apps for Good – un projet de l’organisation non marchande CDI Europe – le permet.

Que faisiez-vous quand vous aviez 13 ans? Je créais des applis, répondrait la Britannique Amarah Khan. Apps for Good – un projet de l’organisation non marchande CDI Europe – le permet.

‘Apps for Good’ est un projet qui a vu le jour dans le giron de l’organisation non marchande CDI Europe: le hub européen du ‘Centre for Digital Inclusion’. “C’est en 1995 qu’a été fondée l’organisation internationale CDI dans les favelas brésiliennes”, explique Debby Forster, CEO ad intérim d’Apps for Good. CDI entend aider à combler la fracture numérique dans ce qu’on appelle les pays émergents et se concentre donc à fond sur l’auto-développement, l’entreprenariat et les communautés. Aujourd’hui, CDI se compose d’un réseau de 803 ‘community centers’ disséminés notamment en Argentine, au Brésil, au Chili, en Colombie, en Equateur, au Mexique et au Pérou.

Il y a en outre la branche européenne de CDI fondée en 2009 en Grande-Bretagne, plus précisément dans la partie orientale de Londres et qui est aujourd’hui connue sous l’appellation ‘Tech City’ (voir aussi Data News 2/2012). CDI Europe y fait tourner le programme ‘Apps for Good’ dans le but de former les jeunes sans emploi au métier de développeur d’applis.

L’enthousiasme de la jeunesse

Et l’on peut vraiment parler de jeunes. “14 à 15 ans, tel est l’âge moyen des participants à nos formations”, déclare Debby Forster qui n’a été engagée qu’en mars de l’an dernier au poste de ‘head of partnerships’.

“J’ai été prof, puis directrice d’école et je possède 20 années d’expérience dans l’enseignement”, se présente-t-elle elle-même. Motiver les jeunes – souvent des enfants défavorisés ou allochtones – pour qu’ils optent très vite pour l’IT, voilà ce qu’elle fait et ce qui la motive. Son regard admiratif, lorsqu’elle nous présente Amarah Khan (14 ans), en dit long.

Amarah fait partie des élèves du programme ‘Apps for Good’. Conjointement avec deux condisciples, elle a développé l’an dernier une première application mobile pour Android. Buzzer Buddiez est un réveil avec enregistrement vocal, couplé à un système ‘buddy’.

“Le principe, c’est que l’appli appelle l’un de vos ‘buddies’ (amis) préprogrammés ou lui envoie un SMS au cas où vous risqueriez de ne pas vous réveiller à temps. Cet ami joue donc à l’ange gardien”, explique Amarah avec enthousiasme. Pourquoi cette appli? “Parce qu’elle n’existait pas encore et parce que mes amis et moi en avions besoin”, poursuit-elle d’un air résolu. Une idée candidement simple pour une appli à succès dans l’Android Market.

“Mais imaginez surtout quelle aurait pu être la carrière de nombreux adultes actuels, s’ils avaient appris à concevoir des solutions dès l’âge de 14 ans, fait observer Forster. Les jeunes apprécient aussi que leurs idées soient prises réellement au sérieux et engendrent un résultat concret.”

Les formations sont scindées en cinq volets: définition du problème, étude de marché, ‘solution design’, conception du produit et, enfin, la phase ‘build & test’. “Oui, il s’agit de ‘low level coding’, mais via ces cinq volets, nous apprenons à nos étudiants à parcourir tout le spectre dont les employeurs ont besoin”, ajoute Forster.

La plupart des formations d”Apps for Good’ portent sur le design pour le marché Android. “L’accès aux ressources Google nécessaires est nettement plus aisé que Facebook par exemple. Pensez au Google App Inventor, poursuit Forster. Notre formation Facebook vise du reste aussi les plus anciens.” Même si le terme ‘ancien’ est ici tout relatif, puisqu’il s’agit du groupe cible des 16-25 ans.

Investisseurs connus CDI Europe est donc une organisation non marchande. Est-ce dès lors le gouvernement qui subsidie les formations? “Nous ne recevons pas d’aide publique”, répond énergiquement la CEO ad intérim. Nous travaillons avec des sponsors et recherchons aussi en permanence de nouvelles possibilités, mais nous avons en outre quelques partenaires structurels.”

Le fabricant d’ordinateurs Dell (‘Dell YouthConnect’) et l’opérateur britannique O2 sont ce genre de partenaires en vue qui supportent financièrement le projet, mais ThomsonReuters et Ogilvy sont également d’importants partenaires, alors que Mozilla et RIM nous ont précédemment déjà apporté leur soutien. Est-ce suffisant?

“Bon, si le gouvernement nous propose un jour un chèque d’un joli montant, nous ne dirons peut-être pas non, mais manoeuvrer au sein du secteur technologique en tant qu’organisation non marchande, cela offre parfois aussi des avantages”, conclut Debby Forster.

L’appli qui lit les traductions
Mohima Ahmed (16 ans) va à l’école à Londres, mais ses parents parlent à peine l’anglais. Cela représente non seulement un problème pour eux par exemple pour les contacts au niveau parental, mais également pour les professeurs qui ne peuvent faire passer leurs messages – surtout quand on sait que dans l’école de Mohima, quasiment 9 parents sur 10 ne parlent pas l’anglais. M

ohima a donc décidé de créer une appli de traduction conjointement avec trois autres filles. Transit, tel est le nom de cette appli destinée à aider les enseignants, mais aussi les médecins et les autres professionnels, à communiquer avec la communauté parlant le bengali. Transit lit les traductions pour pouvoir, à ce que l’on dit, mener des conversations de manière nettement plus fluide. L’appli est disponible sous ‘creative common license’ sur http://appsforgood.org/apps/transit

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