Architecte TIC: un métier sous haute tension

Agoria vient de présenter les résultats de sa grande enquête sur les TIC. Et plusieurs résultats frappants se dégagent, notamment la disparité entre les 13.000 emplois vacants dans les TIC et le grand nombre d’informaticiens demandeurs d’emplois. Dans cet article, nous revenons sur un autre constat important de l’enquête, à savoir que le profil TIC le plus recherché est celui d’architecte.

Nous en avons fait l’expérience en allant frapper à la porte d’Inno.com. Cette entreprise active depuis 1998 se décrit elle-même comme un centre d’expertise pour les projets TIC complexes et innovants. “Nous pouvons difficilement comparer la manière dont la recherche d’architectes TIC diffère d’autres profils, pour la simple raison que nous nous consacrons uniquement aux architectes, indique Johan Cattersel, CEO d’Inno.com. Nous remarquons toutefois qu’il n’y a pas pléthore d’architectes sur le marché, et qu’il est de plus en plus difficile d’en trouver.” C’est notamment lié au fait qu’aujourd’hui -contrairement à auparavant -, les entreprises attachent plus d’importance à leur architecture TIC. Les grandes entreprises, entre autres, sont donc clairement présentes sur le marché du recrutement d’architectes TIC.Exceller dans différentes disciplinesà l’instar d’Inno.com, ces entreprises constatent que les architectes TIC ne sont pas légion. De plus, il est relativement malaisé d’évaluer la compétence et la qualité des architectes TIC. Il n’existe à l’heure actuelle aucune formation ou diplôme qui en atteste. “Les architectes que nous recherchons doivent être performants dans différentes disciplines, précise Johan Cattersel. Ils doivent être titulaires d’un diplôme de haut niveau à fort contenu technologique, par exemple ingénieur civil en informatique, licencié en informatique ou ingénieur commercial en informatique, et justifier d’une expérience probante dans la gestion de missions et de projets concrets. En outre, il est important qu’ils aient développé une vision du business. Ils doivent pouvoir comprendre les besoins d’une organisation et traduire ceux-ci en projets technologiques.”Les candidats architectes TIC mettent évidemment plusieurs années avant de pouvoir présenter un tel bilan. Il semble ainsi que la fonction d’architecte TIC soit uniquement réservée aux informaticiens ambitieux qui se tracent une carrière dans cette voie. Mais Inno.com s’efforce d’engager tous les informaticiens au moment où ils sont encore en train d’élaborer ce trajet. “Il nous arrive de recruter des collaborateurs qui n’ont par exemple que trois ans d’expérience et sont encore un peu trop junior pour la fonction d’architecte, explique Johan Cattersel. Nous leur donnons alors la possibilité d’acquérir l’expérience et d’étendre leurs connaissances.” Inno.com a développé pour ce faire plusieurs parcours de formation, tels qu’un mini MBA (Master of Business Administration) qui s’étend sur une période de huit mois, ou un MEA (Master of Enterprise Architecture), une formation de douze mois. “Tout cela représente un investissement majeur dans les collaborateurs, donc il va de soi que nous sommes extrêmement sélectifs lors du recrutement.”Parcours variésNous observons aussi que la formation et l’autoapprentissage constituent des éléments importants dans la carrière d’architecte TIC quand nous évoquons avec Bart Van Passel sa fonction de consultant chez Inno.com. En tant que ‘enterprise architect’, il dirige le département architecture d’une banque. “A la base, je suis ingénieur civil en électromécanique de la KUL, explique Bart Van Passel. J’ai occupé pendant quelque temps un poste de chercheur au sein de l’université, mais en 1994, j’ai rejoint l’industrie car la demande en informaticiens était alors très importante.” Dans les années qui ont suivi, le parcours de Bart Van Passel a été particulièrement varié. Il a d’abord été analyste-programmeur, puis manager en implémentation chez FICS avant de rejoindre Oracle à un poste de consultant en case tools et en gros systèmes de bases de données. Il a ensuite travaillé chez DCE Consultants, essentiellement sur des projets d’intégration, et a même été pendant quelque temps consultant indépendant.Bart Van Passel travaille chez Inno.com depuis cinq ans. “Il était nécessaire d’effectuer tout ce parcours, note-t-il. Ma fonction actuelle d’architecte nécessite une bonne vision des aspects technologiques et commerciaux d’un projet. On ne peut y parvenir que via l’expérience acquise au fil d’une carrière, en occupant différentes fonctions et en menant à bien divers projets.” La formation peut constituer une bonne base sur ce plan, mais en fin de compte, c’est toujours l’expérience qui prime. “Prenons l’exemple de l’engouement actuel autour de l’architecture orientée services, poursuit Bart Van Passel. Si les jeunes informaticiens découvrent le concept durant leurs études, ils ne peuvent vraiment passer à l’implémentation effective qu’après avoir acquis une expérience pratique en la matière.”Apprentissage permanentLe parcours de formation d’un architecte TIC n’est jamais complètement achevé. À titre d’exemple, Bart Van Passel a suivi de sa propre initiative un MBA à la Open University (Royaume-Uni) il y a quelques années. “Dans notre métier, il faut constamment se perfectionner et poursuivre son apprentissage”, indique-t-il. Bart Van Passel a donc choisi délibérément cette formation pour les modules susceptibles de l’aider en tant que ‘enterprise architect’. “Les fonctions purement technologiques pourront à terme être aisément délocalisées à l’étranger. Cette tendance à l’externalisation bat actuellement son plein. C’est pourquoi je me suis toujours concentré sur la fonction d’architecte. La traduction entre le métier et les TIC reste encore très souvent inspirée localement, ce qui réduit l’externalisation des fonctions d’architecte.”Parallèlement, les entreprises accordent automatiquement plus d’attention à l’architecture, vu qu’elles souhaitent améliorer le rendement de leurs investissements dans les TIC. Et l’enquête d’Agoria nous a récemment appris que la demande d’architectes TIC tendait à augmenter, ce qui incitera peut-être certains informaticiens à parfaire leur profil. Car le candidat qui allie une formation pertinente et une expérience adéquate n’a d’évidence aucun souci à se faire sur le marché de l’emploi.

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