L’année prochaine, les entreprises européennes dépenseront, selon toute attente, 11,1 pour cent de plus en solutions IT.
En 2026, les entreprises en Europe consacreront en tout 1,4 billion de dollars à l’IT pour faire face à leurs besoins. Voilà ce que prévoit aujourd’hui même l’analyste Gartner lors de la journée de clôture de l’IT Symposium/Xpo à Barcelone. Cette forte hausse, qui fait suite au montant attendu d’1,3 billion de dollars en 2025, sera surtout due à des investissements dans l’IA, le cloud et la cybersécurité. Et ce, même si la turbulence en matière de souveraineté numérique et le risque de verrouillage (‘lock-in’) régional sont aussi pointés du doigt.
78,2 pour cent de hausse dans les dépenses pour Gen AI
Mais les principales causes de la croissance des budgets sont évidentes. ‘L’IA, le cloud et la cybersécurité pousseront vers le haut les dépenses IT des organisations européennes en 2026’, affirme John-David Lovelock, Distinguished VP Analyst chez Gartner. Les CIO européens miseront donc, malgré la prudence budgétaire générale, lourdement sur du software leur offrant de nouvelles fonctionnalités d’IA et ce, souvent auprès de leurs fournisseurs actuels. Gartner s’attend tout spécialement à ce que les dépenses des utilisateurs finaux en modèle d’IA générative croissent en 2026 en Europe de pas moins de 78,2 pour cent.
De même, les dépenses en ‘public cloud services’ resteront significatives avec une hausse attendue de 24 pour cent en 2026 et ce, même si cette prévision est assortie d’un avertissement. ‘Les investissements dans le cloud en Europe connaîtront en 2026 un peu plus de turbulence, au fur et à mesure que les CIO se tourneront davantage vers la souveraineté numérique et voudront lancer de plus en plus leurs services cloud sur le marché’, selon Lovelock.

Le matériel suit la tendance de l’IA
Cette concentration sur l’IA et les données se traduira directement dans le matériel et l’infrastructure. Les dépenses en infrastructure de centre de données connaîtront la plus forte croissance relative avec 18,8 pour cent, suivies par les logiciels (15,6 pour cent) et les appareils (10,1 pour cent). Toujours selon Gartner, le marché des équipements sera également influencé par l’IA, les fabricants ajoutant de nouvelles fonctionnalités et augmentant les prix pour compenser les coûts supplémentaires du matériel.
La volonté de développer une infrastructure d’IA aura également un impact positif sur la demande de serveurs, en particulier de serveurs optimisés pour l’IA. Gartner évalue les dépenses européennes à 46,8 milliards de dollars en 2026. L’Europe restera donc un lointain troisième acteur, à bonne distance des dépenses prévues en Amérique du Nord (170 milliards de dollars) et en Chine (67 milliards de dollars).
Risque de verrouillage régional
La réticence générale de l’Europe, combinée à la demande forte et toujours croissante d’une plus grande autonomie, crée un espace de tension complexe. ‘L’Europe est aujourd’hui confrontée à la pression réglementaire, à la concurrence entre les pays, aux tensions géopolitiques et aux problèmes de sécurité nationale’, explique M. Lovelock. ‘Tout cela afin de faire en sorte que l’Europe puisse développer et gérer elle-même les systèmes d’IA, sans dépendre de plateformes ou de fournisseurs étrangers.’ L’analyste observe une tendance vers davantage de plateformes d’IA spécialement conçues pour l’Europe et qui, dans certains pays, font également partie d’une vaste infrastructure nationale.
D’ici 2027, 35 pour cent des pays européens se retrouveront dans une situation de verrouillage, parce qu’ils seront liés à des plateformes d’IA spécifiques à une région, utilisant des données contextuelles qui ne seront simplement pas accessibles à d’autres plateformes.