Hopsworks : une puissance européenne en matière d’IA part à la conquête de l’Amérique

L’entreprise suédoise Hopsworks détient sa propre IA, Lakehouse, une plateforme qui permet aux entreprises d’élaborer des solutions d’IA de manière plus rapide et plus efficace. « Et de manière 100 % européenne », annonce-t-elle d’un air combatif.

« Mettre en production plus rapidement de meilleurs modèles grâce à une couche de données unifiée pour l’IA » : telle est la vision de l’entreprise technologique suédoise Hopsworks. Sa mission ? « Construire l’AI Lakehouse le plus performant, le plus ouvert et le plus modulaire, capable d’alimenter tous les systèmes d’IA ». Si cet objectif semble énigmatique, le PDG et cofondateur Jim Dowling l’a plus tard résumé comme suit : « Grâce à notre technologie, vous pouvez mettre en production vos modèles et pipelines d’IA en quelques semaines seulement, et obtenir un retour sur investissement plus rapidement qu’avec n’importe quelle autre plateforme. »

Les défis de l’IA

Lors du dernier IT Press Tour, M. Dowling a commencé sa présentation en soulignant les défis actuels que rencontre le monde de l’IA. « 48 % des modèles n’atteignent jamais le stade de la production », a déclaré M. Dowling, en se référant à une étude de Gartner. Selon lui, on le doit principalement à la fragmentation des données, les équipes et les systèmes n’étant pas correctement alignés. Il souligne également les coûts élevés et les longs délais nécessaires à la création et à la maintenance d’une plateforme d’IA propriétaire.

L’AI Lakehouse : une solution pour l’intégration des données

La solution ? Il ne s’agit pas nécessairement de construire sa propre plateforme d’IA, mais d’oser s’appuyer sur une plateforme existante comme celle de – vous l’avez deviné – Hopsworks : une plateforme appelée AI Lakehouse. Cette plateforme AI Lakehouse intègre la science des données, l’ingénierie des données et l’apprentissage automatique en un. Elle combine les avantages d’un lac de données (mieux connu) (un grand dépôt de données non structurées, nldr) avec ceux d’un entrepôt de données (une base de données structurée pour l’analyse).

Un entrepôt de données traditionnel est essentiellement un grand dépôt de données non structurées. Bien qu’il soit flexible et puisse stocker de grandes quantités de données, la structure et les outils nécessaires à l’analyse avancée et à l’apprentissage automatique font souvent défaut. Un AI Lakehouse va plus loin, car il allie la flexibilité d’un lac de données avec la structure et les capacités d’un entrepôt de données. Il est ainsi possible d’analyser les données directement dans le Lakehouse et d’entraîner des modèles d’IA, sans devoir procéder à des transformations de données complexes.

Rapidité et ouverture

L’un des principaux atouts de Hopsworks est la rapidité de sa plate-forme. « Nos performances sont entre 10 et 45 fois supérieures à celles de nos concurrents », affirme M. Dowling, qui souligne également l’importance de l’ouverture et d’une approche modulaire. « Nous voulons éviter de créer une plateforme fermée qui contrôle tout », a déclaré M. Dowling. Il n’y a donc pas d’enfermement propriétaire.

Un acteur européen aux États-Unis

Hopsworks se concentre principalement sur les grandes entreprises qui cherchent à adopter l’IA à grande échelle. Parmi leurs clients figurent Arbetsförmedlingen, la plus grande agence pour l’emploi de Suède, et Allstate, une grande compagnie d’assurance américaine. Car en effet, même si Hopsworks est une entreprise européenne, elle opère également sur le marché américain.

Hopsworks est en concurrence avec de grands acteurs américains tels que Databricks, SageMaker (AWS) et Vertex AI (Google). M. Dowling reconnaît que chacune de ces entreprises occupe une position forte, mais il est convaincu que Hopsworks a un rôle à jouer. « Vous savez, nous ne sommes pas la première entreprise à laquelle de nombreux clients pensent. Ils s’adressent souvent d’abord à des acteurs comme Databricks. Mais souvent, les choses vont trop lentement à leur goût, et des latences émergent en raison des environnements en nuage américains. Les clients européens bénéficient donc, selon moi, d’une solution locale avec un temps de latence à un chiffre. « Notre rapidité, notre ouverture et notre volonté de relier le monde de l’AI Lakehouse aux environnements MLOps sont pour moi des arguments décisifs », affirme-t-il résolument.

Après sa présentation et la séance de questions-réponses qui a suivi, une chose est claire : Jim Dowling entend placer l’Europe sur la carte du monde de l’IA. Son expérience au sein de la société MySQL, basée en Suède, n’y est pas étrangère. « MySQL aurait pu devenir une entreprise européenne de plusieurs milliards de dollars. Mais elle a été vendue à Oracle. Et cela arrive fréquemment. Pour moi, c’est clair : L’Europe dispose des talents nécessaires pour trouver de nouvelles idées et de nouveaux concepts, mais les États-Unis ont l’expertise nécessaire pour les transposer rapidement et efficacement dans le domaine des ‘grandes technologies’ », ajoute M. Dowling. L’entreprise veut prouver qu’il est encore possible de le faire en Europe et entend donc récolter des fonds supplémentaires pour accroître sa présence sur les marchés européen et américain. Elle souhaite également poursuivre le développement de la plateforme en mettant l’accent sur la prise en charge des grands modèles de langage (LLM) et sur la construction de l’IA avec l’IA. Reste à voir si tout cela fonctionnera efficacement, mais leurs ambitions sont claires. Ou comme le dit Jim Dowling lui-même : « Nous voulons être connus dans l’histoire comme les pionniers dans la construction d’un système d’IA complet avec l’IA ».