Dix tendances technologiques stratégiques pour 2025
Les CIO et autres directeurs IT attendent chaque année la boule de cristal de Gartner qui identifie les tendances technologiques clés pour 2025 et les dix années suivantes.
Dans le cadre de sa conférence IT Symposium/Xpo de Barcelone, le cabinet de recherche et de consultance Gartner a dévoilé sa fameuse boule de cristal. Avec pour résultat une liste de dix tendances technologiques stratégiques que les organisations devront prendre en compte en 2025. « Ces tendances devraient d’une part provoquer une rupture considérable, mais d’autre part aussi générer des opportunités pour les CIO et autres directeurs IT dans les 10 prochaines années, estime Gene Alvarez, Distinguished VP Analyst chez Gartner. En suivant ces tendances, les responsables IT pourront définir l’avenir de leurs organisations en stimulant une innovation responsable et éthique. » Ces tendances se répartissent en 3 grandes catégories :l’inévitable et évidente IA et ses risques associés, les nouvelles frontières du traitement informatique et les synergies entre l’homme et la machine.
1. Agentic AI
Les systèmes d’IA agentique planifient et mettent en œuvre de manière autonome les actions nécessaires pour atteindre les objectifs définis par l’utilisateur. Imaginez vraiment une sortie de population professionnelle virtuelle qui assume le travail de l’homme ou qui aide précisément les individus à effectuer leurs tâches mieux et/ou plus rapidement. « Une équipe de travail virtuelle donc, qui opère totalement en fonction de résultats et prend elle-même les décisions nécessaires avec ce seul objectif en vue. Une équipe qui ne réclame par ailleurs aucun avantage extralégal ou jour de congé », ajoute l’analyste Nick Jones. « D’ici 2028, on s’attend à voir 15% au moins des décisions de travail quotidiennes être prises de manière autonome par l’IA agentique, alors que c’est cette année pratiquement 0% », prévoit Gartner. Les analystes conseillent aux dirigeants IT d’y accorder l’attention nécessaire et de veiller certainement à ce que l’IA agentique ne devienne pas une nouvelle forme de ‘shadow IT’ au sein des organisations. Ne faites pas davantage l’erreur de la considérer comme de la ‘simple’ RPA ou robot process automation.
2. AI Governance Platforms
Et comment interagir avec des collaborateurs d’IA virtuels ? Via des plateformes de gouvernance d’IA, prévoit Gartner qui annonce leur percée d’ici 2 à 4 ans. Ces plateformes permettront aux organisations de gérer les prestations juridiques, éthiques et opérationnelles de leurs systèmes d’IA. Elles créeront, géreront et supporteront l’utilisation d’une IA responsable, expliqueront le fonctionnement des systèmes d’IA (l’explicabilité, NDLR) et offriront la transparence nécessaire pour bâtir la confiance et la responsabilisation. Gartner prévoit que d’ici 2028, les organisations qui auront déployé des plateformes de gouvernance d’IA recenseront 40% moins d’incidents éthiques associés à l’IA que les organisations qui n’auront pas prévu de telles solutions. « Songez à l’atteinte à la réputation qu’il sera possible d’éviter. Mais soyez également en tant que CIO prudent face au ‘ethics washing’ [une IA éthique superficiellement qui apparaît surtout comme une stratégie de marketing, NDLR] et aux biais. Mettez véritablement vos systèmes d’IA sous pression afin d’identifier les biais, recommande encore Jones. Finalement, l’IA responsable deviendra aussi standard que la cybersécurité. »
3. Disinformation security
Ces dernières années, la désinformation a été plusieurs fois à l’ordre du jour. L’IA générative donne aux personnes malintentionnées des munitions supplémentaires pour générer des ‘fake news’, mais aussi pour contourner aisément les contrôles. La sécurité de la désinformation est une catégorie émergente de technologies permettant de bâtir systématiquement de la confiance et propose des systèmes méthodologiques pour garantir l’intégrité, évaluer l’authenticité, prévenir les imitations et cartographier la diffusion d’informations nuisibles. « Il est écrit dans les étoiles que le nombre de cyberattaques sur les entreprises via la désinformation ne fera qu’augmenter. Si cette problématique n’est pas attaquée, la désinformation risque de causer des dommages considérables et durables sur toute organisation », affirme Jones.
4. Postquantum cryptography
Gartner donne de 2 à 3 ans avant qu’il ne soit préférable de mettre en place une stratégie en cryptographie post-quantique. Il s’agit d’une technologie qui offre une protection des données capable de faire face aux risques de décodage par l’informatique quantique. Évoquant l’informatique quantique précisément, les observateurs s’attendent depuis un certain temps déjà qu’elle puisse casser différents types de cryptographie conventionnelle – d’ores et déjà utilisés à grande échelle.« Comme il n’est pas évident de changer simplement de méthode de cryptographie, les organisations doivent prévoir des délais de déploiement plus longs », indique Gartner. Ou pour reprendre les termes de Nick Jones : « Quand toutes les serrures sont cassées, il faut en prévoir de nouvelles. » Et il serait préférable de commencer dès 2025, même s’il ne s’agit dans un premier temps que d’inventorier les solutions en place pour crypter les données.
5. Ambient Invisible Intelligence
L’Ambient Invisible Intelligence évoque une tendance au nom ronflant pour désigner en quelque sorte un prolongement sophistiqué de l’internet (industriel) des objets. Songez à des balises intelligentes sans fil ultra-petites et extrêmement peu coûteuses ou encore à des appareils et capteurs permettant du traçage et de la détection à grande échelle et économiquement avantageux. A plus long terme, l’Ambient Invisible Intelligence garantira une intégration étroite entre détection et intelligence dans notre vie courante. « Jusqu’en 2027, les premiers cas pratiques d’Ambient Invisible Intelligence porteront sur la résolution de problèmes directs, comme le contrôle de stocks en magasin ou la logistique relative aux aliments (frais) », estime Jones. Commencez par un projet pilote dès que la baisse des coûts le permettra, conseille-t-il aux CIO. Veillez à être prêt à tagger des millions d’objets ou de messages. Et préparez-vous au débat sur la vie privée qui sera certainement alimenté par des collaborateurs inquiets. »
6. Energy-efficient Computing
L’impact de la durabilité sur l’IT est majeur et constituait en 2024 l’une des premières préoccupations de la plupart des départements IT qui s’intéressent à leur empreinte carbone. Les applications gourmandes en calcul comme le training de l’IA, la simulation, l’optimisation et le rendu de médias deviendront selon les prévisions le premier consommateur d’énergie et impacteront donc négativement l’empreinte carbone. « L’augmentation de la consommation énergétique n’est pas tenable. Tant les fabricants que leurs partenaires, mais aussi les clients et les régulateurs, en sont conscients. Cette pression stimule de nouvelles technologies et l’innovation, surtout au niveau des très gros consommateurs d’énergie comme l’IA », estime Jones.
Gartner s’attend à voir apparaître d’ici la fin de la décennie de très nombreuses innovations en matière de ‘compute’, qu’il s’agisse de technologie optique ou d’accélérateurs neuromorphes – souvent développés spécifiquement pour une tâche concrète -, avec une consommation énergétique sensiblement moindre.
7. Hybrid Computing
L’époque où le CPU était le seul élément qui exécutait les calculs informatiques est largement révolue. C’est ainsi que l’IA nécessite surtout des GPU ou processeurs graphiques. Si les évolutions technologiques à ce niveau continuent à voir le jour, l’innovation est également stimulée par l’edge, les ASIC, l’informatique quantique, l’informatique optique et les ordinateurs neuromorphes. Par informatique hybride, Gartner évoque une tendance où plusieurs de ces mécanismes de calcul sont associés pour résoudre des problèmes informatiques. Certes, il ne s’agit pas là d’une tendance qui dominera en 2025, mais qui continuera à se développer dans les 3 à 10 prochaines années.« Nous ne prévoyons pas la disparition de l’informatique classique, mais la mise en place de toutes sortes de modèles et de techniques qui se superposeront. L’informatique hybride permet de basculer en toute transparence d’un modèle de calcul à un autre en fonction de la tâche exécutée. Pour les vendeurs, l’orchestration et l’optimisation de cette informatique hybride deviendront très importantes »,prédit Nick Jones.
8. Spatial Computing
Voilà qui nous amène à un autre type d’informatique, l’informatique spatiale. Imaginez le rapprochement entre des objets physiques et des techniques numériques, comme la réalité augmentée ou la réalité virtuelle. Mais l’informatique spatiale apporte un autre niveau encore d’interaction entre les expériences physique et virtuelle, avec une interface qui affiche en temps réel et au bon moment uniquement les informations spécifiques dont vous avez besoin à un endroit précis. « Ceci va améliorer l’efficacité des organisations dans les 5 à 7 prochaines années grâce à des flux de travail rationalisés et une collaboration améliorée. Avec la possibilité de travailler de manière beaucoup plus inclusive et prendre de meilleures décisions professionnelles en étant très réactif, explique Gartner. Il pourrait même se faire qu’à l’avenir, nos PC et autres écrans soient remplacés par des ‘head-mounted displays’. » Le métavers est mort, vive l’informatique spatiale ?
9. Polyfunctional Robots
Les robots polyfonctionnels peuvent exécuter plus d’une tâche et remplacent les robots spécifiques conçus sur mesure pour réaliser une seule et même tâche de manière répétitive. La fonctionnalité de ces nouveaux robots améliore l’efficacité et garantit un ROI plus rapide. « Les robots polyfonctionnels sont conçus pour travailler dans un monde d’humains, ce qui permet une implémentation plus rapide et une meilleure évolutivité », analyse Nick Jones. N’allez pas imaginer la possibilité d’acheter de tels robots coûteux, mais plutôt de les louer pour des besoins à court terme, estime encore le cabinet qui, dans la foulée, nous adresse cet avertissement : mettez sans retard une politique d’entreprise en place sur le déploiement de la robotique.
10. Neurological Enhancements
Enfin, nous vous proposons cette tendance pour laquelle Gartner fixe l’échéance à « plus de 10 ans » :les améliorations neurologiques que l’on ne retrouvait jusqu’ici que dans les films et séries de science-fiction. Il s’agit d’éléments de technologie qui se branchent sur votre cerveau, analysent vos nerfs puis améliorent une ou plusieurs compétences cognitives. Un prolongement de votre cerveau, en quelque sorte. Mais un prolongement qui profite à plusieurs acteurs. Ces améliorations neurologiques pourront par exemple permettre à des marques de savoir ce que pensent ou ressentent vraiment les consommateurs, après quoi celles-ci pourront prendre des mesures appropriées. Pourrait-on dès lors parler d’arme à double tranchant ?
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