L’entreprise britannique CompressionX affirme que son algorithme de compression sans perte permet de comprimer bien plus les fichiers que ceux de ses concurrentes. Elle peine cependant à s’imposer sur un marché où les outils sont majoritairement gratuits.
Je ne sais pas combien de fois vous avez pensé à la compression ces dernières années, mais peut-être n’êtes-vous en tout cas pas opposé à une alternative à 7zip? Une alternative potentiellement bien plus moderne et puissante que les variantes existantes? C’est du moins ce qu’espère CompressionX.
L’entreprise britannique affirme avoir découvert un algorithme de compression sans perte (‘lossless’) capable de compresser des données à des tailles nettement inférieures à ce qu’on pensait jusqu’à présent. L’entreprise espère ainsi se distinguer dans un secteur qui n’a pas beaucoup évolué ces dernières années.
Mathématiques
Au cœur de CompressionX se trouve une théorie mathématique que le CEO, Nicholas Stavrinou, a développée pendant plusieurs années avant de la présenter au cofondateur et CTO, Stuart Marlow. Ce dernier en a ensuite écrit le code. ‘Nous l’avons brevetée, mais il nous a fallu quelques années encore avant de disposer d’un algorithme et de pouvoir prouver que nous faisions quelque chose d’inédit’, explique Stavrinou à un groupe de journalistes lors du 63ème IT Press Tour organisé à Amsterdam, auquel Data News participait.
L’entreprise a été fondée en 2012. ‘Que faire avec un nouvel algorithme de compression sans perte?’, demande Stavrinou. ‘Les possibilités étaient presque infinies.’ Après quelques collaborations et tentatives d’intégration avec des logiciels majeurs, l’entreprise a à présent choisi de lancer un produit autonome: un outil de compression basé sur le cloud avec lequel elle espère détrôner 7zip et consorts.
Comment ça marche?
CompressionX est un outil de compression dit ‘lossless’ (sans perte). Les formats avec perte, comme le fichier JPG, peuvent réduire la taille des images, mais aussi compromettre leur qualité. Avec la compression sans perte, il devrait être possible d’extraire parfaitement les fichiers.
‘Notre algorithme est plus performant que celui de nos concurrents, surtout pour les données structurées’, explique Stavrinou. ‘Nous pouvons compresser les données structurées jusqu’à 95 pour cent’, précise Stuart Marlow, le CTO. ‘Il s’agit notamment de bases de données, de journaux d’audit, etc.’
La demande de stockage augmente, mais cela n’en demeure pas moins injustifié
Le principal problème dans le secteur du stockage réside toutefois dans les données non structurées, qui encombrent actuellement les centres de données. ‘Nous y faisons également mieux que la compression générique, car nous nous adaptons aux données elles-mêmes’, poursuit Stavrinou.
Pour ce faire, l’algorithme recherche des structures similaires dans le fichier et les combine. ‘C’est ainsi que si vous avez un fichier volumineux contenant du texte et des photos, nous le scindons’, précise Marlow. ‘Le texte d’un côté, les photos de l’autre. Ensuite, nous compressons le tout.’ Ces données non structurées pourraient être compressées à 60 – 65 pour cent, soit plus que les 30 pour cent habituels, le tout à une vitesse raisonnable.
Durabilité
CompressionX voit du potentiel dans son nouvel outil de compression, notamment pour répondre à la demande croissante de centres de données de plus en plus grands. ‘La demande de stockage croît’, selon Stavrinou, ‘mais ce n’est pas durable. Nous voulons l’IA et le progrès, mais à quel prix?’ En réduisant la taille des données, on diminue le besoin de stockage, ce qui est mieux pour l’environnement. Telle est l’idée.
L’entreprise semble prendre le développement durable au sérieux. Elle a ainsi conclu un accord avec Pinwheel, une plateforme de durabilité, afin de partager une partie de ses revenus avec diverses associations caritatives œuvrant pour la protection des éléphants et la gestion de l’eau en Afrique. Les clients peuvent choisir parmi plusieurs associations caritatives à qui sera versée leur part financière. Il est toutefois important d’ajouter que pour une entreprise qui lance un tout nouveau produit, ces revenus restent provisoirement limités. Il s’agit pour l’instant d’une contribution ponctuelle.
Marché mature
CompressionX, forte de son enthousiasme et de son nouvel outil, fait son entrée sur un marché très mature, où de nombreux acteurs sont présents depuis des années. Et l’entreprise entend les vaincre tous, selon Marlow. ‘Nous voulons surpasser les logiciels traditionnels et leurs interfaces encombrées’, indique le CTO. ‘Nous voulons que la plupart de nos fonctionnalités soient intuitives et utilisables sur différents systèmes: des PC et Mac aux appareils mobiles.’
Bien sûr, il est difficile de concurrencer des produits majoritairement gratuits, si l’on souhaite générer des revenus. CompressionX utilise actuellement un produit cloud qui permet de compresser des fichiers en ligne grâce à son algorithme. Pour attirer de nouveaux abonnés, un abonnement ‘basic’ gratuit est proposé. Il permet de compresser jusqu’à 25 Go par mois en ligne. Le raisonnement est que si vous envoyez un tel fichier à quelqu’un, cette personne devra également se rendre sur le site pour le décompresser. Il existe également un forfait standard à 4 livres par mois environ sans limite de données.
L’entreprise cible les départements IT et les grandes firmes et déclare préparer également une offre ‘enterprise’. Elle espère ainsi gagner en popularité, car son succès dépendra in fine des tests réalisés par d’autres entreprises. Actuellement, il existe peu de benchmarks disponibles pour CompressionX. Pour vaincre les nombreux outils gratuits, l’entreprise britannique devra toutefois prouver que son outil payant réduit le besoin de stockage de manière tellement significative qu’en bout de course, le client réalisera des économies.