Seul un quart des organisations belges a déjà ancré stratégiquement l’IA

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Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

L’intelligence artificielle est peut-être une top-priorité, mais son ancrage stratégique dans les entreprises belges accuse pas mal de retard.

Voilà du moins ce que montre une nouvelle étude européenne réalisée par TOPdesk. Seuls 26 pour cent des organisations de notre pays ont entièrement intégré l’IA. Ce qui ne manque pas d’étonner, c’est que dans plus de la moitié des cas (52 pour cent), c’est le département IT qui favorise l’adoption, tandis que le senior management n’assume ce rôle que dans 30 pour cent des cas. Contrairement à ce que certains pourraient soupçonner, c’est donc bien l’IT qui tire la charrette de l’IA.

L’IT en tête, la direction à la traîne

L’étude, menée par Censuswide auprès de 6.000 professionnels de l’IT, dont 1.000 en Belgique, place notre pays (26 pour cent) certes au-dessus des Pays-Bas (16 pour cent), mais montre un retard par rapport au Royaume-Uni (36 pour cent) et à la Suisse (30 pour cent). Près de la moitié des répondants belges (43 pour cent) déclarent que bien que l’IA soit utilisée dans plusieurs domaines, il manque encore une véritable application à l’échelle organisationnelle. Voilà qui semble confirmer les différents échos de nombreux CIO belges, selon lesquels l’IA reste souvent à l’état de preuve de concept (‘proof of concept’). Selon le MIT, 95 pour cent de tous les projets pilotes basés sur l’IA agentique échouent. Gartner avait précédemment déjà prédit que la moitié des projets ne survivraient pas à l’année à venir.

Une observation étonnante est de savoir qui est à l’origine de l’adoption. Dans plus de la moitié des cas (52 pour cent), il s’avère donc que c’est le service IT qui joue le rôle moteur. La direction générale n’assume ce rôle de pionnier que dans 30 pour cent des organisations. Si les responsables IT voient clairement le potentiel – 42 pour cent ciblent une optimalisation des processus et 45 pour cent distinguent des opportunités stratégiques au niveau organisationnel -, ils ne sont pas aveugles aux dangers. Environ un tiers (30 pour cent) considèrent l’utilisation de l’IA comme un risque important qui nécessite une action ciblée. La confidentialité et la sécurité des données (31 pour cent) sont citées comme les principales préoccupations.

Le professionnel de l’IT ne craint pas l’IA

Malgré les risques, la confiance règne sur le lieu de travail. Une large majorité des professionnels belges de l’IT (76 pour cent) se sentent en confiance dans l’utilisation de l’IA dans leurs tâches quotidiennes. De plus, 64 pour cent ne considèrent pas l’IA comme une menace pour leur propre rôle au sein de l’organisation. 77 pour cent sont même enthousiastes quant aux avantages futurs. Les personnes interrogées s’attendent principalement à pouvoir travailler plus efficacement (80 pour cent) et à se concentrer davantage sur les aspects-clés de leur travail (77 pour cent).

L’impact positif principal est attendu dans les domaines de l’analyse des données et des informations (37 pour cent), suivis de l’augmentation de la productivité (32 pour cent) et des économies de coûts (23 pour cent). Dans l’ensemble, les trois quarts des répondants considèrent l’impact de l’IA comme bénéfique, bien que l’enquête révèle un écart générationnel évident: 80 pour cent des ‘Millennials’ perçoivent l’impact comme positif, contre seulement la moitié des ‘baby-boomers’.

Absente de l’agenda stratégique

Selon Jarich Verachtert, Consultancy Manager chez TOPdesk, l’étude met en évidence un problème structurel. ‘Dans de nombreuses organisations, l’utilisation de l’IA vient principalement de la base, du département IT. C’est logique et positif, car c’est là que les connaissances et l’expérience sont disponibles. Mais en même temps, cela montre que l’IA est encore souvent absente de l’agenda stratégique de la direction’, déclare J. Verachtert.

J. Verachtert insiste sur le fait que ce soutien de la direction sera néanmoins crucial pour une mise en œuvre plus mature de l’IA, surtout maintenant que la loi européenne sur l’IA (AI act) approche à grands pas. ‘C’est certainement en raison de l’obligation de tester la sécurité et la conformité des applications d’IA que la coopération s’avère cruciale. Le département IT peut sélectionner et implémenter les bons outils, mais les directives et le soutien de la direction restent nécessaires.’

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