Réduction de moitié des investissements technologiques belges, mais le secteur affiche des signes de reprise

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Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

L’écosystème technologique belge a subi un sérieux contrecoup sur le plan des investissements durant le premier semestre de 2025. Il y a pourtant des raisons de faire preuve d’optimisme.

Le montant du financement total pour les jeunes pousses technologiques belges a reculé de quelque 50 pour cent durant les six premiers mois de 2025 en comparaison avec la même période de l’année dernière. Voilà ce qui ressort de la deuxième édition du ‘State of Belgian Tech Report 2025’, une analyse approfondie effectuée par Syndicate One, Bain & Company, Sofina et SFPIM. La tentation est dès lors grande de verser dans le négativisme vis-à-vis des startups belges, mais il convient d’apporter d’importantes nuances.

Primo, le recul est conforme aux tendances générales du marché européen. Et plus important encore: 2024 fut une année record sans précédent dans notre pays, comme ailleurs en Europe du reste. 2025 est donc surtout un retour à la situation normale de 2023. Le pic atteint en 2024 dans notre pays était dû à de vastes phases de financement d’entreprises gantoises telles que Lighthouse en TechWolf.

‘Mais l’énergie et la détermination des jeunes startups sont encore et toujours bien présentes. Et ce qui est vraiment exaltant, c’est de voir que la ‘deep tech’ et l’IA sont à l’origine de cet élan – une preuve que notre écosystème est non seulement résilient, mais aussi prêt pour une croissance et un impact bien réels’, déclare Robin Wauters de Syndicate One. L’activité dans la phase de démarrage s’est avérée plus forte que jamais au cours du premier semestre de cette année, avec une augmentation de près de 50 pour cent du nombre de phases d’amorçage enregistrées par rapport au premier semestre de 2024. Cela indique qu’il y a toujours une croissance saine des nouvelles entreprises.

Rachats notables cette année

Il y a eu d’importants accords d’investissement en 2025 chez Odoo et Team.blue, par exemple, tandis que le climat de sortie est resté faible avec seulement 11 accords d’exit enregistrés au cours du premier semestre de l’année. Le second semestre de 2025 montre de puissants signes de résurgence, selon le rapport: Aerospacelab, Lizy, Wooclap et d’autres ont levé des fonds importants, et il y a eu des rachats notables telles que Showpad (Vector Capital), Icometrix (GE Healthcare), Segments.ai (Uber), Waylay (Vertiv) et Luceda Photonics (Semitronix).

Les fonds de capital-risque eux-mêmes se portent également bien. Les financements par les fonds de capital-risque belges se caractérisent par de bonnes performances, ce qui laisse présager une année potentiellement record, avec Smartfin, imec.xpand, Junction Growth Investors, Capricorn et Tioga Capital en tête.

Le talent reste le problème majeur

Alors que l’IA pilote la dynamique de financement à l’échelle mondiale et qu’en Belgique, elle représentait plus de la moitié de tous les investissements technologiques au premier semestre de 2025, les chiffres absolus de financement de l’IA restent relativement faibles. Le rapport met cependant aussi le doigt sur la plaie. Le plus grand obstacle pour les plus de 135 créateurs technologiques belges interrogés est d’attirer et de retenir les talents ad hoc. Suivent de près les difficultés rencontrées pour lever des fonds dans le climat complexe actuel et pour surmonter les obstacles réglementaires et administratifs.

‘Trouver les bonnes personnes au bon moment est incroyablement difficile sur le petit marché belge, et la complexité administrative rend la création et le développement de startups encore plus compliqués’, déclare Matthias Geeroms, cofondateur et CFO de Lighthouse.

Gand domine

Lighthouse est l’une des cinq licornes que compte notre pays: c’est là le terme qui s’applique aux entreprises non cotées en Bourse qui valent plus d’un milliard de dollars. Odoo, Collibra, Team.blue et Deliverect sont les quatre autres. Ce qui ne manque pas d’étonner, c’est que Gand est le port d’attache de trois de ces cinq licornes. Ce n’est certainement pas une coïncidence, selon le rapport qui parle d’un ‘effet de volant d’inertie’, où la première génération de startups (pensez à Netlog, Showpad, etc.) alimente la prochaine génération de scale-ups. Gand attire également près de la moitié du financement total de la région flamande. La réouverture de l’historique Wintercircus (cirque d’hiver) à Gand – qui abrite désormais des start-ups technologiques et sert également de lieu de rencontre – renforce le sentiment que Gand est en train de devenir, voire est déjà devenue la plaque tournante technologique de notre pays. ‘L’écosystème gantois est plus mature et a une histoire plus longue, ce qui montre qu’un développement similaire peut également avoir lieu ailleurs au fil du temps’, affirme Louis Jonckheere, ex-fondateur de Showpad, qui dirige aujourd’hui le Wintercircus.

 

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