La plupart des grandes entreprises surpayent jusqu’à trois fois leur stockage de bloc dématérialisé sans s’en rendre compte. La start-up américaine Lucidity leur propose une solution.
Le cloud public présente des avantages indéniables, mais aussi des restrictions fondamentales. La capacité de stockage, par exemple, peut facilement augmenter. En revanche, c’est généralement une autre paire de manches pour la diminuer par la suite. L’entreprise américaine Lucidity affirme avoir résolu ce problème en premier et annonce aujourd’hui un deuxième produit, « Lumen », qui s’attaque également au gaspillage dans les niveaux de stockage. Le cofondateur Vatsal Rastogi l’a clairement expliqué à Data News lors de l’IT Press Tour à San Francisco.
« Diminuer votre capacité de stockage dématérialisée ? Désolé, c’est impossible »
Le nœud du problème du stockage de bloc dématérialisé, tel que AWS EBS ou Azure Managed Disks, est sa nature statique. Un ingénieur doit estimer à l’avance la capacité nécessaire pour les mois, voire l’année, à venir.
Vatsal Rastogi parle d’une « guesstimate », d’une approximation. Pour des raisons de sécurité, les gens prennent généralement une marge de sécurité suffisante. Lorsque le volume de données augmente, il est possible d’accroître la capacité. Cependant, ce processus manuel s’avère souvent fastidieux et entraîne également des temps d’arrêt. Le véritable point névralgique est toutefois ailleurs. « Si les données consommées diminuent, il n’y a absolument aucun moyen de réduire la capacité : un problème à la fois au niveau du système de fichiers et du fournisseur du cloud lui-même. Résultat des courses : vous continuez à payer et le surprovisionnement est maximal », affirme Vatsal non sans une certaine avec virulence.
« L’utilisation moyenne des disques par les grandes entreprises est d’environ 30 %. Prenons le temps de réfléchir à ce que cela signifie exactement : les entreprises paient généralement trois fois ce qu’elles utilisent réellement », nous confie-t-il.
La solution ? La capacité dynamique
Lucidity s’attaque à ce problème avec son premier produit, Autoscaler. L’approche est aussi simple dans son concept que complexe dans son exécution. « En fait, nous prônons une approche très simple. Nous avons rendu la gestion des capacités dynamique », souligne Vatsal. La solution fonctionne avec un agent léger qui s’exécute sur chaque machine virtuelle gérée. Cet agent s’interface avec le Lucidity Autoscaler, qui analyse les mesures de stockage et exécute les tâches évolutives. Soulignons ici un point essentiel : Lucidity n’intercepte aucune opération de lecture ou d’écriture, ce qui n’affecte en rien les performances et l’intégrité des données.
Par conséquent, la capacité allouée évolue en fonction de la consommation réelle de données. L’utilisation du disque passe ainsi de 30 à 80 %. Selon l’entreprise, cela se traduit par une économie nette d’environ 50 % sur le stockage de bloc, après déduction des frais facturés par Lucidity. « La capacité de réduire les charges de travail sans impact sur les performances ? Ce n’était tout simplement pas possible avant Lucidity », résume-t-il à propos de l’usp de sa start-up.
De la capacité à la hiérarchisation avec Lumen

En fait, forte du succès d’Autoscaler, Lucidity lance aujourd’hui un deuxième produit : Lumen. Ce produit s’attaque à une autre forme de gaspillage, à savoir l’utilisation de niveaux de stockage incorrects. Les entreprises et organisations choisissent souvent la classe de stockage la plus chère et la plus performante par précaution, sans avoir une vision claire des exigences réelles en matière d’IOPS et de débit. L’adaptation ultérieure d’un tel niveau implique généralement des temps d’arrêt. Résultat : elle est rare dans la pratique.
Lumen offre un tableau de bord central avec une visibilité sur les performances de tous les disques et fournit des recommandations basées sur des données pour le niveau optimal. « Et nous proposons une « action en un seul clic » en plus de ces recommandations, ce qui permet d’éviter toute perturbation et d’améliorer l’efficacité opérationnelle », poursuit le cofondateur.
NoOps, mais pas de clouds européens
Quelle est la vision de Lucidity ? Elle est simple : devenir une plateforme complète de gestion du stockage dématérialisée pour les trois principaux fournisseurs de services dans le cloud : AWS, Azure et GCP. « Nous visons une expérience NoOps, où les interventions manuelles sont réduites au strict minimum. » Le modèle commercial est basé sur une redevance mensuelle par téraoctet de données géré, et non sur la capacité (surprovisionnée).
Vatsal le résume en ces termes : « les clients viennent pour les économies, mais ils restent pour l’automatisation. » Reconnaissons toutefois que seuls les trois principaux fournisseurs de services dématérialisés sont pris en charge. Il n’est pas non plus fait mention des acteurs européens du cloud, alors que le débat sur les acteurs technologiques « locaux » vient tout juste d’être lancé en Europe.
Fondée en 2021, Lucidity a depuis établi des bureaux à Boston, Bangalore, au Royaume-Uni et à Abu Dhabi. L’entreprise emploie une centaine de personnes et a levé environ 31 millions de dollars de capitaux à ce jour.