Huawei veut ‘offrir au monde une alternative’ à la Big Tech américaine

La directrice financière Sabrina Meng.
Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Le géant technologique chinois Huawei s’engage pleinement dans le cloud, l’IA et la transformation numérique: comme épine dorsale de la Chine, mais aussi pour ‘offrir au monde une autre option’. Un message sans équivoque adressé aux Etats-Unis: Huawei n’envisage pas d’abandonner.

‘Building a solid backbone for China, another option for the world’ (construire une solide épine dorsale pour la Chaine, une autre option pour le monde): ce slogan a servi de fil rouge tout au long des présentations d’ouverture de la conférence Connect 2023 organisée actuellement par l’entreprise chinoise Huawei à Shanghai. Grâce à l’interprétation simultanée, les invités chinois et internationaux – environ 20.000 personnes en tout – ont appris que l’entreprise n’avait pas l’intention d’enterrer la hache de guerre. Au contraire, Huawei s’engage pleinement dans le cloud et l’intelligence artificielle comme fondements de la transformation numérique. Et c’est singulier quand même, compte tenu du contexte international: les problèmes politiques que le fournisseur chinois ressent actuellement sur les marchés de vente aux Etats-Unis et en Europe n’ont pas été abordés lors de cette conférence qui dura deux heures et demie. Ou du moins pas directement. La directrice financière Sabrina Meng formula avec une certaine subtilité et à plusieurs reprises le nouveau mantra: ‘Nous construisons une base technologique solide pour la Chine et une alternative pour le monde.’

‘Nous n’allons pas nous arrêter’

Ces commentaires subtils sont revenus à plusieurs reprises dans des termes similaires. ‘Nous n’avons jamais cessé de planifier l’avenir au fil des décennies et nous soutenons plus de 1.500 réseaux dans le monde. Nous n’allons pas nous arrêter’, a-t-elle déclaré. Meng a décrit l’évolution des solutions ‘tout IP’ vers des solutions ‘tout cloud’. ‘Il est désormais temps d’exploiter pleinement les opportunités liées à l’intelligence artificielle’, a-t-elle conclu. Et le ton était ainsi donné aux autres intervenants.

David Wang, Chairman of ICT Infrastructure Managing Board, entre autres, en a parlé en détail. Selon lui, les applications d’IA deviendront progressivement centrales dans les environnements professionnels. ‘Le monde intelligent est là, mais nous avons certainement encore quelques obstacles à surmonter. L’IA entre désormais dans les systèmes de production, plus rapidement que jamais. Et les entreprises ont besoin de meilleurs modèles qui comprennent et agissent sur leurs propres flux et processus’, a-t-il déclaré. Huawei met l’accent sur la collaboration et les écosystèmes. L’une des firmes avec lesquelles elle travaille sur l’IA depuis 2017, est iFLYTEK, qui développe des logiciels de reconnaissance vocale et d’autres produits de télécommunications. Ensemble, elles font partie des acteurs-clés du State Key Laboratory of Cognitive Intelligence, créé en 2017.

Qingfeng Liu, président de la firme chinoise iFLYTEK et partenaire, distingue une dynamique pour la Chine. ‘Ce moment est aussi important que l’invention d’internet ou de la téléphonie. Nous soutenons depuis longtemps le développement de l’intelligence artificielle générale, mais malheureusement, nous figurons également sur la liste des entreprises avec lesquelles les Etats-Unis ont interdit d’entretenir des relations commerciales. Indépendamment de cela, nous sommes déjà numéro un dans de nombreux domaines’, affirme l’homme en se frappant la poitrine.

Dans son argumentaire, Liu a immédiatement et clairement indiqué que la reconnaissance vocale et la traduction passent à un niveau supérieur, mais cela ne s’arrête pas là: pensez aux images, à la vidéo, mais aussi aux intégrations dans certains secteurs. ‘Dans quelques domaines, notre IA prend le dessus sur les humains’, ajoute-t-il encore en bandant ses muscles.

En finir avec les hallucinations

Mais la Chine n’était-elle pas en retard dans la course à l’IA? ‘Au cours des trois dernières années, la Chine a également prêté attention aux modèles big data, mais ne s’est pas suffisamment concentrée sur la collecte de données nécessaires à la formation adéquate de l’IA. Nous avons dû y travailler de manière accélérée et devons en faire encore plus à présent. Non seulement sur les données internet, mais aussi sur celles obtenues légalement, par exemple auprès de l’industrie. Celles-ci peuvent être utilisées pour l’intégration dans ces industries’, poursuit le directeur.

IFlytek a récemment lancé son propre vaste modèle de langage, Spark, qui devrait s’en charger. C’est ainsi qu’il existe déjà des projets concrets pour la conduite autonome, des robots capables de lire, d’interpréter et d’agir en conséquence, des robots dans le secteur des soins aux personnes âgées, mais aussi la possibilité de changer de langue en temps réel dans un chatbot.

L’entreprise veut d’abord miser sur de meilleures données et en finir avec les ‘hallucinations’: exactement le travail effectué par les concurrents américains comme OpenAI. ‘Beaucoup pensent que la Chine sera à la traîne, mais avec nos connaissances et notre puissance de calcul, cela n’arrivera certainement pas’, a affirmé Liu haut et fort, ce qui lui valut des applaudissements tout aussi forts. Et d’en finir en répétant le slogan ‘offrir une autre option au monde. Dont acte: le secteur technologique chinois participe à la course à l’IA.

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